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Ce tintement effroyable résonne dans ma tête sans passer par mes oreilles. C'est une sensation absolument affreuse, mais très reconnaissable. Ma protégée est en danger.

Ma chambre est toujours plongée dans le noir. Un coup d'œil à mon réveil m'indique qu'il est deux heures du matin. Je me précipite pour m'habiller tandis que j'appelle mon amie. La tonalité laisse place au répondeur et je n'ai toujours pas de nouvelles.

Terrifiée, je prends mes clés et m'échappe de chez moi avec une vitesse surnaturelle. Je prends ma voiture et démarre en trombe, tandis que je continue d'appeler Véia.

J'arrive sur le campus et me gare. À peine sortie de la voiture, je me précipite vers l'entrée du bâtiment.

Une sensation étrange me parcourt lorsque je croise Sam qui en sort. Je le regarde, soupçonneuse. A-t-il un lien avec la détresse de Vé ?

Son regard est plein de culpabilité. Je crains le pire.

— Désolé, Den. Je n'avais pas le choix.

Quoi ? Je n'ai pas la force de prononcer ces mots et j'accélère pour me planter devant la chambre de Vé.

Je tape à la porte et entre après quelques secondes sans réponse.

Véia est assise par terre près de son lit. Elle est entourée par la pénombre. Les lumières extérieures permettent de voir un scintillement sur ses joues. Elle pleure et ne semble pas prête à s'arrêter.

Je m'approche d'elle doucement, et terriblement inquiète. Lorsque je la touche presque, elle recule brutalement.

Je ne comprends pas du tout ce qu'il se passe.

Toujours larmoyante, elle me hurle au visage :

— Je croyais que j'étais ton amie ! Je ne suis qu'une mission pour toi, c'est ça ?!

Quoi ? Pour la deuxième fois en quelques minutes, la situation m'échappe.

— Vé... Je ne comprends pas...

— Te fatigue pas à me mentir encore, Den ! Sam m'a tout dit ! Les anges, les démons, l'indécise, je sais tout maintenant !

Le sol se dérobe sous mes pieds. Il lui a tout dit... TOUT. Les pensées fusent dans ma tête. Je ne sais plus quoi dire ni penser.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?! continue-t-elle de crier.

— Je... je... bafouillé-je.

Tentant de reprendre mes esprits, j'articule une nouvelle réponse :

— On m'a dit que c'était dangereux de prévenir un humain de tout ce qui est mystique...

— ARRÊTE ! Je ne veux plus entendre d'excuse !

— Vé calme-toi, je t'en prie, je voulais te proté...

— Va-t'en.

Je suis désemparée, je ne peux pas la perdre aussi, je ne suis pas assez forte pour ça...

— S'il te plaît, écoute-moi, Vé...

— Non, c'est trop tard pour ça. J'avais confiance en toi, et tu m'as caché un truc énorme. Encore pire, je suis ta mission, et non ton amie. Je ne veux plus te voir.

Ses mots me percutent de plein fouet. J'encaisse cette dernière phrase comme je le ferais si je me faisais renverser par un 38 tonnes. Elle se relève, la mine sombre et me pousse vers la sortie.

Je reste tétanisée devant sa porte, incapable de bouger ou de faire quoi que ce soit d'autre que pleurer. Ma vision se brouille et je bascule en mode aura. La silhouette de mon amie se dessine de l'autre côté de la porte, mais je n'y vois plus le vert éclatant qui m'a tant éblouie la première fois. Non, cette fois, je vois une forme d'une couleur à mi-chemin entre le vert olive et le kaki. Je suis désemparée... Pourvu qu'elle me pardonne...

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