3. La soirée

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C'était la jour de la fête d'Alicia Kaitens. Elle avait donné des petits cartons d'invitation à presque tout le lycée, c'était la fête de l'année (du moins, pour elle).

J'avais une sombre envie de la gâcher, cette fille est une vraie pétasse. Depuis le collège elle se moquait de moi, la petite rouquine, la cible facile, celle qui ferme toujours sa gueule. Elle a eu tellement la haine lorsque je m'étais fait un lissage permanent et étais devenue cheerleader lors de notre première année au lycée qu'elle avait tenté de me raser les cheveux dans les vestiaires.

Je commençais à serrer les dents lorsqu'une voix grave me fit sursauter :

- T'as la haine starlette ?

Je me retournais, bien sûr c'était le nouveau. Grand. Brun. Dents blanches. Manteau noir. Côté sournois de petit enculé.

- Dane c'est ça ?

- Je vois que tu connais déjà mon nom. C'est normal, la starlette se doit de connaître tout le monde.

- Mais qu'est ce que tu me veux à la fin ?

Il s'approcha de moi et me murmura ces quelques mots à l'oreille : "Je sais qui tu es".

J'eus un frisson. Je voulus lui répondre mais il esquissa un sourire et partis.

- Abruti ! lui criais-je.

Il se retourna et je fis comme si de rien n'était dans ce couloir plein de monde qui me regardait.

Ces cinq mots tournaient en boucle dans ma tête alors que je marchais. " Je sais qui tu es". D'accord. Alors je suis qui? Je suis une fille normale? Suis-je exceptionnelle ? Serais-je la princesse-vampire perdue d'un royaume lointain ?

Mais je n'eus pas le temps d'y penser, Alicia se rua vers moi.

- Coucou Emy! Tu viens toujours ce soir? Bien sûr que tu viens. Vik sera là, j'ai invité toute son ancienne équipe de foot. Du coup il y aura aussi Archie, tu sais le beau blond? Je compte me le faire alors tu le touches pas ok? Enfin, je vois pas pourquoi je t'avertis, t'as un mec. Mais tu vois, je me dois de faire le tour de ces cruches pour être sûre d'avoir le champ libre. Maintenant qu'on est claires, bye Emy!

Elle embrassa sa main, me fit un petit signe d'au revoir et me regarda de haut en bas en me jugeant bien avant de se retourner.

- Pétasse... me murmurais-je à moi-même.

Je me surpris toutefois à regarder ses fesses.

- Elle a un beau jean, pas vrai?

La voix d'Eden me fit sursauter.

- He?! Ah ouais, jolie jupe. Alors dis moi... ça se passe comment chez toi?

- La justice n'a pas encore rendu le verdict mais les gendarmes m'ont dit que s'ils tentaient encore de m'empoisonner j'irais en famille d'accueil...

- J'aimerais tellement que tu puisses venir chez moi en attendant, lui murmurais-je, attristée.

- On vit dans un monde de merde.

- Carrément.

La journée se passa sans encombres. J'étais constamment surprise par le calme d'Eden à l'école, je savais qu'elle appréhendait son retour chez elle chaque soir. Ses parents ne voulaient pas d'elle, ils venaient à peine de se rencontrer; mais sa mère n'ayant pas pu avorter, ils avaient décider de rester ensemble pour l'élever. Mauvaise idée. Ils se disputaient sans cesse, il n'y avait aucun amour entre eux. L'un à commencé à boire, l'autre à sortir avec des inconnus, et tous deux lui ont rejeté la faute. Ils lui répétaient qu'elle avait gaché leurs vies, et qu'elle n'aurait jamais dû exister.

Avant que je ne la rencontre elle était complètement dépressive, ne parlait à personne de peur de les déranger, comme elle dérangeait ses parents. Mais comme moi aussi j'étais mise de côté à cause de mes cheveux roux, nous sommes devenues amies.

En arrivant au lycée, nous nous sommes fait de nouveaux amis et, pour rigoler au début, nous avions participer aux sélections des cheerleaders, sans savoir ni l'une ni l'autre que nous étions aussi souples. Faut dire qu'on avait jamais vraiment fait de sport avant.

Mais cessons de ressasser le passé, c'est le futur qui importe, et en ce qui me concerne, c'est un futur très proche qui va marquer un tournant dans ma vie.

Le soir même, je me rendais à la soirée. Je portais une très belle robe noir brodée en bustier et assez courte et une veste en jean.

J'avoue que quelque chose me pesait sur le coeur, je ne me sentais pas à l'aise. Je dis bonjour à quelques personnes et pris un gobelet rouge (quel cliché) pour y verser le contenu d'une bouteille trouvée sur le plan de travail. Je me mis à boire, un verre après l'autre pour oublier ma soeur, mes parents, les problèmes d'Eden et Dane.

Certains garçons étaient dans la piscine, d'autres faisaient un bière-pong, il y avait des cris d'excitation de partout. Cela me donnait mal à la tête, sûrement parce que j'avais un peu bu, alors je repris un shot. En marchant dans la grande maison, j'écrasais "accidentellement" mon talon sur les orteils d'un garçon qui avait acculé une fille dans un coin de la pièce, toujours en continuant mon chemin, mon verre à la bouche, le regard dans le vague. Ma vision devenait de plus en plus floue, mais ça m'était égal.

En me dirigeant une fois de plus vers la cuisine, je croisais Vik, qui m'arrêta en m'attrapant le bras alors que je passais devant lui en l'ignorant.

- Emy! Tu vas bien? me demanda-t-il inquiet.

- Qu'est ce que t'en as à foutre, baffouillais-je, tu vas me quitter d'toute façon...

- Quoi? s'excalama-t-il. Qui t'as raconté un truc pareil?

- S'en fou, j'le sais c'tout...

- Emy... Je crois que tu as un peu trop bu pour ce soir...

Il tenta de me prendre mon verre des mains.

- Rends le moi! m'écriais-je.

Je voulus lui reprendre, je le tirais mais lui aussi. Il le lâcha soudainement et l'alcool se renversa sur ma robe. La colère me monta les larmes aux yeux et je me mis à lui crier dessus en pleurant de toutes mes forces.

- T'es vraiment qu'un con!! Tu comprendras jamais rien!

Et je fis demi-tour en partant à toutes jambes hors de la maison. Dans la coure avant, il y avait plusieurs groupes d'amis qui fumaient en riant fort. La musique s'entendait depuis le bout de la rue.

Je courrais toujours, et toujours, sans m'arrêter. Je ne sentais plus mes jambes, mais je n'avais qu'une envie, c'était de courrir. Pourtant je me sentais lourde comme une pierre. Ma tête commençait à tourner, j'avais quitté le pâté de maison pour me retrouver au bord d'une route déserte.

Je ralentissais, me demandant où avais-je atterie, et regardait autour de moi. Il n'y avait rien. Ma vision était très floue, ma tête tournait.

Je finis par m'assoir sur le trottoir, enme demandant ce que je venais de faire, et pourquoi j'avais réagis si violemment.

Au bout d'un certains temps, peut-être une demi-heure, quelqu'un s'assit à côté de moi. Je tournais lentement la tête pour voir son visage éclairé par la faible luminosité du lampadaire.

- Salut, me murmura une voix douce.

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