Les jours avaient passés. Mad et moi nous appelions presque tous les soirs, nous trouvions toujours quelque chose à nous raconter, même inintéressant.
À la fin de la semaine, elle m'invita à nouveau au Playground. Parker ne pouvait pas venir, mais elle voulait que je sois là.
Je mis un jean noir et une veste bleue qui allait avec mes converses et m'attachai les cheveux.
Lorsqu'elle me vit, elle s'émerveilla :
- Ça te va trop bien ! Tu devrais les coiffer plus souvent.
C'est vrai qu'elle ne m'avait jamais vue avec les cheveux attachés.
Je pensais souvent à ce que mes parents pourraient dire en me voyant être aussi proche d'une fille. Sûrement que je n'irais pas au paradis, une connerie du genre...
Je soufflais du nez.Ils pensent que je sors avec des amis ou Vik.
De toute façon je ne sortais pas avec elle, je n'étais même pas sûre d'être amoureuse, c'était de l'attachement, de la passion, mais pas de l'amour.
Bizarre de penser ça alors que je suis collée à son dos pendant le trajet jusqu'au strip-club.
Le trajet est quand même vraiment long... J'ai jamais fait autant de kilomètres par mois qu'en ce moment, à part peut-être lorsque je rend visite à de la famille éloignée.
Je devenais impatiente de revoir Mad combattre. Même si je n'étais pas revenue au Playground depuis, j'étais venue au QG et avait rencontré les motards de son groupe.
Je ne savais pas vraiment comment on pouvait les appeler... Un gang? Un groupe de motards? Un clan? Aucune idée.
Mad n'en était même pas la chef. Disons qu'elle se faisait respecter. D'après ce que Chris m'a dit elle serait un peu comme le bras droit du vrai chef... Au même grade que Parker... Si on peut parler de grade?
En tout cas, il y aurait plusieurs garçons ce soir, mais ni Chris ni Parker. Je vais être obligée de traîner avec eux pendant cette soirée...
Sinon j'ignore tout le monde et je fais une chorégraphie d'encouragement à Mad.
Je ne sais pas si ce serait très bien vu, ni même si je ne me ferais pas tabasser.
Je passais le reste du trajet à observer les étoiles à travers la petite visière de mon casque. Maddi m'avait forcée à le porter...
Arrivées, la routine, on dit bonjour à des filles puis à la videuse puis on descendit et on redit bonjour à d'autres personnes...
Je discutais avec trois garçons vraiment très sympas. L'un d'entre eux plaisanta sur Mad et moi et tous le regardèrent comme s'il n'avait pas le droit et qu'il allait se faire embarquer par des SS ou un truc du genre... Bref qu'il était mort si ça se savait.
Mad exerçait-elle une pression sur eux? Je n'osais pas leur demander.
Cela faisait des heures que nous étions là et Maddison n'était toujours pas passée.
Je commençais à me demander si nous allions y passer la nuit. Je regardais mon téléphone : 2 a.m.
Pitié, que mes parents soient partis se coucher sans m'attendre...
Je tournais la tête vers Maddison qui discutais avec deux autres garçons. Elle faisait des bras de fer avec du verre pilé sur les côtés et une ficelle qui reliait les deux poings.
J'aurais dû être surprise, mais finalement, pas tant que ça.
Je quittais les gars pour m'approcher d'elle, elle sourit en me voyant alors qu'en face, le gars s'était presque levé pour tenter de la faire plier.
De sa main libre, elle caressa la mienne. Je rougis en regardant tout autour de moi, mais cela ne choqua personne. J'imagine qu'ils savent que Mad est lesbienne...
Je posais ma main gauche sur le dossier de sa chaise et lui tenait la main de la droite.
Malgré les bruits, je sentis sa poche de manteau vibrer.
Visiblement, elle aussi car elle me demanda de regarder son téléphone pendant qu'elle finissait d'achever son adversaire.
Je fouillais les poches et en sortit un téléphone noir étonnamment récent et en bon état.
Combien gagnait-elle exactement ?
J'allumais l'écran.
- C'est un message de Parker.
- Donne moi ça.
Elle me le prit presque des mains, le déverouilla et lu. Son visage se figea.
- Jade? demandais-je timidement.
Elle releva la tête et regarda autour d'elle.
- Il y a trop de monde ce soir... murmura-t-elle pour elle même.
- Quel est le problème?
Je regardais son écran :
De Parker :
Fait sortir Emy par une fenêtre et planque toi, les flics arrivent.J'écarquillais les yeux.
Quoi? Les flics? Mad va se faire arrêter ?
Et il n'y a pas de fenêtre ici!
Je me retournais vers Mad et suivit son regard.
Ah... Si...
Je ne l'avais pas remarquée avant car elle était trop petite et se fondait dans le mur, mais oui, il y avait une fenêtre au dessus du tableau des scores.
Mad m'attrapa la main et poussa tout le monde pour y arriver.
Nous sommes montées sur l'estrade.- Que se passe-t-il ? demanda le présentateur avec une voix peu paniquée.
- Alerte rouge. Fait évacuer.
Il écarquilla les yeux et se tourna vers le bord du balcon. Ce que l'on ne voyait pas d'en bas, c'est qu'il avait des dizaines de boutons. Sûrement pour le son, les éclairages, les machines à fumée, les alertes...
Il chercha pendant une seconde et frappa presque un gros bouton rouge qui éteignit toutes les lumières et alluma des diodes rouges qui guidaient vers l'escalier.
C'est à ce moment là que nous avons commencé à entendre de lointaines sirènes de police.
Je reconnûs les nouveaux qui paniquaient et se faisaient rassurer pas des anciens...
Ils sont vachement gentils pour des gars qui se battent dans un club de combat nocturne.
Mad, elle, avait déjà ramené une caisse pour que je puisse grimper dessus, et ouvrit la longue et fine fenêtre étriquée vers le bas.
- Hé, Jade. Elle a un truc particulier pour utiliser la sortie de secours? s'écria le commentateur.
- C'est ma copine.
Il soupira et, alors que bientôt la moitié des gens étaient sortis, il alluma les machines à fumée et mit de la musique pop, pour faire passer ça pour une boîte de nuit, sûrement.
Mad m'attrapa le bras et me fit monter sur la boîte, puis me fit la courte échelle.
- Et toi? demandais-je.
- Quoi, moi? Je vais danser.
Je rigolais et me glissais dans l'interstice pour me retrouver derrière le bâtiment.
Merde. Comment je rentrais maintenant ?
J'entendis des crissements de pneus et l'arrêt des sirènes. Ils étaient là.
Mad avait refermé la fenêtre et je ne voyais plus rien avec la fumée.
Je sentis mon cœur s'emballer. Qu'allais-je faire? Que pouvais-je faire.
Je m'asseyais contre le mur. J'entendis plein de cris, des coups de matraques, des bruits de menottes...
Après quelques minutes, je décidais d'aller voir, mais ce que je vis me pétrifia.
Maddison, menottes aux poignets, rentra dans une voiture de police, sans broncher.
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Where Life Begins
Teen Fiction" - J'avais toujours considéré ma vie comme parfaite, mais pourtant il me manquait quelque chose. Maintenant je sais ce que c'était. Le danger. Et le danger, c'est toi. Elle resta bouche bée. Je ne savais pas pourquoi, je ne la connaissais que depui...