46. Affamée

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D'une voix suave, maniérée et froide comme le sol, elle me dit :

- Tu te demandes ce que je vais faire de toi, hm?

Mon coeur, qui battait déjà horriblement vite, commença à s'emballer. Mes jambes tremblaient, je ne savais pas quelles étaient ces intentions, pourquoi me faire ça, allait-elle me tuer? Me torturer?

Je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire, j'étais à sa merci.

Elle approcha sa main de son sac, je suivais des yeux le moindre de ses mouvements, et en sortis une couverture. Elle la déplia et la jetta dans un coin. Je restais perplexe. Elle sortit ensuite une gamelle pour chien, puis encore une autre. Deux gamelles en plastique qu'elle posa dans un autre coin. Elle ouvrit une bouteille d'eau qu'elle versa dans la première puis... Elle sortit la dernière chose dans ce sac, un paquet de croquettes pour chien. Elle l'ouvrit et le versa dans la seconde gamelle.

J'étais horrifiée. J'étais un chien.

Enfin, elle rangea la bouteille, son sachet, et se releva pour sortir.

- Attends!

Elle s'approcha de moi d'un air menaçant.

- Oui?

Son visage était à quelques centimètres du mien.

- S... sortir. Je veux sortir.

- Je ne crois pas, non. Tu vas rester ici, aussi longtemps qu'il le faudra pour que Maddison oublie ton existence.

- Mais...

- Bye!

Elle se retourna et sortit avant que je ne le réalise. J'entendis la clef se tourner dans la serrure, et plus rien.

Elle avait laissé la lampe de poche, mais elle éclairait vraiment peu. Juste assez pour que je vois mon environnement. Une boîte toute en métal, tout juste la place pour me tenir debout, les portes, la petite vitre teintée au dessus de moi, ma couverture et.. ma nourriture.

J'aurais tout donné pour que ce soit une blague. Pour ne pas avoir à faire ça. Mais je ne savais ni depuis combien de temps j'étais enfermée, ni combien de temps j'allais le rester...

Je me mis à ramper jusqu'aux gamelles. Je mourrais de faim et de soif. Je m'approchais de la gamelle d'eau et tentais de boire sans mes mains, au sol... Pas facile.

L'odeur des croquettes me prenait la tête. Ça sent fort... Je me penchais au dessus de la seconde gamelle, l'odeur était pire encore.

Je ne pouvais pas. Je me reculais jusqu'à la couverture sur laquelle je m'installais. C'était un tel soulagement de ne plus me geler sur le métal. Mais cd n'était pas cette malheureuse couverture qui allait me faire oublie ma condition.

Je fixais la petite lampe de poche pendant un moment. C'était une lampe de camping de la taille d'un porte clef, qui se recharge en tournant une manivelle.

Une idée me traversa l'esprit. Je rampais jusqu'à la lampe et la pris dans ma bouche. Avec les mains dans le dos je ne pouvais pas faire grand chose... Je me relevais ensuite et m'approchais de la petite vitre pour tenter de voir à travers. Mais la vitre était teintée. Je discernais vaguement les sièges devant moi et le tableau de bord mais rien de plus. Le gars était parti, mais pendant que je tentais d'analyser ce que je voyais, la lampe faiblissait déjà. Ces putains de lampes de poche sont vraiment de courte durée.

Je tentais de la faire arriver dans mes mains en la faisant glisser sur mon épaule mais elle tomba juste par terre, je me decourageais presque instantanément et me laisser tomber au sol en glissant contre le mur.

Je ne pourrais jamais sortir d'ici. Je ne pouvais rien faire. Je n'avais plus qu'à attendre que Mad s'aperçoive de ma disparition et parte à ma recherche... Mais rien ne me disait qu'elle allait me trouver...

J'étais peut-être trop pessimiste, mais comment pourrait-elle me trouver? C'était évident qud Chelsea m'avait enlevé, mais si la camionette était déjà loin de San Francisco? Si elle me donnait à d'autres personnes dangereuses? Si je quittais le pays est-ce que la police me retrouverait aussi?

Sauf si... Je tentais d'analyser le peu d'informations que j'avais. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi. Mais il faut plusieurs heures pour atteindre la frontière mexicaine qui est presque totalement fermée sur terre, et la frontière canadienne est bien protégée il y a des contrôles d'identité et de véhicules.

Mais surtout... Ah mais quelle conne! Je suis toujours à San Francisco ! Ou au moins en Californie... Chelsea est venue me voir! Et elle veut reconquérir Mad... Ou se venger d'elle, je sais pas j'ai pas tout compris. Elle est forcément à SF! Donc je suis pas loin!

Maddison me retrouvera! Je suis tellement heureuse!

Je sens un sourire se dessiner sur mon visage lorsque je réalise que je suis toujours dans cette camionette.

Je ne pense pas qu'elle soit en public sinon au moindre cri des gens viendraient voir.

Étais-je sûre que c'était le ciel que j'ai vu derrière Chelsea? Peut-être était-ce un hangar...

Ce serair plutôt logique que je sois stockée dans un hangar. Ça éviterait de se faire voir lorsqu'elle ouvre la porte, le bruit, la lumière, que je m'évade si j'arrive à sortir de la camionnette...

Mais je n'avais aucun moyen d'en être sûre. Pour le moment je ne peux que spéculer en attendant d'être secourue. J'attends ma chevalière servante.

Mais là maintenant, j'ai faim. Mais il est hors-de-question que je mange des croquettes pour chien.

Where Life BeginsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant