J'étais maintenant dans un lit d'hôpital. Une aiguille plantée dans mon bras était reliée à une poche de liquide transparent, ils avaient retiré l'assistance respiratoire et les autres machines superflues. Je n'étais pas en danger de mort.
Mon premier plateau-repas fût le premier pas vers la guérison, aussi immonde que la jell-o puisse être, j'avais tout dévoré.
Selon les médecins et Maddison, j'avais perdu 9.4 kilos. En seulement 5 jours. Oui, j'ai été dans cette boîte, sans manger ni bouger pendant cinq jours. Mon gras et mes muscles avaient fondus. Quelques heures après mon réveil, tout le monde avait quitté ma chambre et je m'ennuyais. J'avais tenté de me lever et m'étais effondrée par terre en quelques secondes. Ça allait faire six jours que je n'avais pas utilisé mes jambes, lorsqu'on m'a secouru j'ai été portée tout du long. Par Lorenzo, puis les secouristes et enfin les infirmières...
Je devais m'entraîner pour reprendre du muscle et pouvoir vivre normalement à nouveau. J'avais réussi à dégourdir mes bras et j'allais commencer des scéances de kiné et de rééducation dès demain. Sans oublier les scéances chez le psychologue...
Maddison m'avait promis me rendre visite dès que possible. Le lendemain de mon arrivée à l'hôpital, après mes premières scéances, elle s'asseya sur mon lit. Nous étions enfin seules.
- Alors? Comment vous m'avez retrouvé?
- Déjà il a fallu savoir que tu avais disparu... Je me suis inquiété en ne te voyant pas à mon réveil. J'ai supposé que tu étais partie en cours plus tôt mais en arrivant au lycée, t'étais pas là. Alors j'ai appelé Parker, il m'a demandé si t'étais bien rentrée la nuit passée...
Je sentais le sermon arriver.
- ... il m'a raconté ta petite aventure solitaire au Playground. Bravo.
Ah?
- Tu n'es pas en colère ?
- Non. Je te fais confiance maintenant. Tu t'es bien battue apparemment. Même si ça ne t'a pas empêché de te faire capturer... Dès qu'on a compris, on a réuni le clan entier et mobilisé tout le monde pour te chercher. Après deux jours de recherche, Shell m'a appelé pour me demander de se voir... J'ai tout de suite compris. Je n'y suis même pas allée, j'ai été voir la police et c'est eux, avec les caméras de circulation qui ont identifié les voitures passant devant la salle de sport à 5h la nuit pour enfin te retrouver... Et enfin on a pu localiser la camionette, dans un garage hors de la ville.
- Vous avez arrêté... Shell?
- La police s'est rendue au rendez-vous sous couverture. Il n'y avait personne. On a aucune piste pour la retrouver. Je suis désolée...
Je restais silencieuse un instant avant de demander prudemment :
- Et... Mes parents? Ils sont au courant ?
Maddison me regarda l'air attristée.
- Tes parents... La police les a appelé pour leur dire que leur fille avait disparu... Ils ont répondu... Qu'ils n'avaient qu'une fille, et qu'elle était avec eux.
Je baissais la tête. Je m'en doutais et pourtant, l'entendre me dire ça, confirmer qu'ils m'ont oublié, c'était douloureux.
- Lorenzo est rentré et a aidé la police a localiser la camionette. C'est lui qui t'as trouvé en premier, tu te souviens ?
Je comprenais qu'elle essayait de me changer les idées.
- Oui. J'ai finalement pu rencontrer ton supérieur.
- Il n'est pas si intimidant que ça alors?
- Je ne l'ai vu que quelques secondes tu sais.
- Oui... Au faite, le bal du lycée est demain. J'imagine qu'on ira pas.
- Quoi? Déjà ?! Mais... Je voulais y aller.
- Mais enfin Emy tu arrives à peine à marcher, tu dois reprendre des forces et te reposer.
Je savais d'avance que ça ne servirait à rien de débattre. Maddison était une vraie tête de mule. J'avais beau dire que je ne la connaissais pas, c'était faux. Je la fréquentais depuis un moment maintenant, nous vivions ensemble, elle était ma moitié.
Elle partit à la fin des visites. Je savais que je devais me reposer mais je n'y arrivais pas. J'étais restée assise pendant cinq jours, je devais marcher maintenant. Je m'assis sur le bord de mon lit. Je n'avais pas de chaussons et le carrelage était glacial. Ça me rappela la camionette... Non. Je ne devais plus y penser. Je ne ferais que ressasser le passé et me faire du mal.
Je voulais marcher et prouver à Mad que je pourrais danser. Je pris dans une main le poteau en métal à roulettes sur lequel on avait accroché ma poche de liquide. Ça a un nom ce truc? Je m'approchais des affaires que m'avait ramené Mad pour y prendre mes converses et en fouillant bien dans ma veste j'y trouvais un briquet et... Bingo. Un paquet de cigarettes. Je sortis de ma chambre. Les néons étaient tamisés, il n'y avait que très peu de monde dans les couloirs. Deux infirmières. Une personne près du distributeur. J'observais autour de moi pour trouver les fenêtres. Mais je trouvais encore mieux : mon étage était couvert de baies vitrées entourées d'une coursive.
Je sortis, pris mon paquet dans lequel il ne restait que quatre cigarettes et en allumais une. J'avais l'impression de mieux respirer en tirant dessus, ironique, je sais. Je marchais tranquillement dans l'air chaud du printemps le long de cette coursive. Je voyais les lumières de la ville s'étendre sous mes yeux. Nous étions en centre-ville.
Le bruit des voitures dans la rue m'avait manqué. Les courants d'air frais dans mes cheveux m'avaient manqué. Voir la lune m'avait manqué.
Je me sentais bien. Je continuais de marcher, de mieux en mieux. Satisfaite après avoir fini ma cigarette, je rentrais dans ma chambre. Oui, j'irais au bal avec elle. Peu importe ce qu'il pourra se passer.
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Where Life Begins
Novela Juvenil" - J'avais toujours considéré ma vie comme parfaite, mais pourtant il me manquait quelque chose. Maintenant je sais ce que c'était. Le danger. Et le danger, c'est toi. Elle resta bouche bée. Je ne savais pas pourquoi, je ne la connaissais que depui...