26. Le secret d'un autre

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Je conduisais, mais vers où putain ?

J'entendais encore les voix de mes amis résonner dans ma tête. Aurais-je du les rejoindre ? Pour leur dire quoi ? Et Maddison, elle avait dit quoi?

Franchement, je ne voulais même pas y penser, est-ce qu'elle m'avait trouvée lâche de m'être enfuie comme ça? Je le suis sûrement, et c'est normal, comment aurais-je pu réagir autrement.

Non, sérieusement je suis paumée, je vais où, je fais quoi, j'ai quelles relations avec qui, comment les gens vont me voir, est-ce que mes parents l'apprendront, est-ce que mes amis comprendront, est-ce que moi je comprends?

...

Non.

Comme dit juste avant, je suis Paumée. Avec un grand P.

Un autre grand P pourrait peut-être m'aider... Parker.

Je me rendis vite compte que j'avais déjà pris la direction du Garage, même si rien ne me garantissait que Parker y serait.

Mais après tout, lui aussi a des problèmes, qui incluent même des calmants pour chevaux, alors mes problèmes de pré-ado à côté, ça doit être ridicule pour lui. Là où je veux en venir, c'est qu'il aura sûrement assez de recul pour m'aider.

Quelques minutes plus tard, je me garais devant la bâtisse.

Je poussais violemment les portes de métal pour entrer. Au beau milieu de la pièce, sur les espèces de gros tapis de sol, Parker s'entraînait avec visiblement le seul autre humain présent.

Ils faisaient mine de se battre, de temps en temps il l'arrêtait et corrigeait ses coups.

Je les observais quelques secondes. En m'aperçevant, Parker fit une violente clef de bras au gars pour se tourner vers moi, l'air surpris.

- Emy? Que fais tu ici?

- J'ai des problèmes.

- Les gars de ta première nuit au Playground?

- Non.

- Les gars d'ici?

- Non plus.

- Maddison?

- Ouep.

- Elle t'as fait quoi? Je vais lui parler si tu veux.

- C'est pas ce qu'elle a fait... Enfin si, mais non, c'est plutôt les conséquences...

- Racontes moi ce qu'il s'est passé plutôt que de radoter.

Le gars qu'il tenait en soumission poussa soudainement un hurlement vengeur et tenta de pousser de tout son poids sur Parker pour le renverser.

Seul problème, Parker fait deux têtes de plus que lui et est extrêmement entraîné.

Il a lâché le gars puis lui a attrapé la tête de sa grosse main pour le plaquer au sol d'un simple mouvement.

J'aurais pu être très impressionnée si je ne regardais pas des combats violents presque tous les soirs depuis deux mois.

Il l'aida ensuite à se relever puis lui donna quelques conseils avec qu'il ne se dirige vers les vestiaires.

Parker me fit signe de le suivre vers le bureau.

Je m'assis sur un fauteuil, il prit une bouteille d'eau dans le frigo et me l'envoya.

Je l'attrapais au vol.

- C'est pas payant ces trucs là?

- Si, mais je te rappelle que c'est moi le proprio.

J'hochais la tête. Il s'assit à son bureau en face de moi et commença à chercher quelque chose dans ses tiroirs.

- Raconte, je t'écoute.

- Maddison m'a embrassé devant tout le lycée.

- Et?

- On gardait notre relation secrète, on était pas ensemble officiellement. Tu penses qu'on aurait du se montrer dès qu'elle est arrivée?

- On s'en fou du passé, tu peux rien y faire de toute façon.

Il sortit finalement une liasse de papiers agraffés qu'il feuilleta rapidement.

- Je sais ! Mais ça m'énerve, je ne sais pas quoi faire!

Il releva les yeux. Visiblement, il avait une idée.

Quelques minutes plus tard, j'étais sur le ring, de gros gants aux poings, face à Parker qui tenait lui-même deux coussins dans les mains.

Il m'avait même prêté un legging de rechange.

- Vas-y, décharge ta colère.

- Mais... J'en ai pas!

- Tout le monde a une colère qui brûle au fond de soi, t'as pas besoin d'agir en princesse ici, personne tu juges.

Me faire repenser aux connards du lycée qui me classent comme un premier prix ou me considèrent comme une reine hautaine était une mauvaise idée.

Je pris appuie sur mes jambes et donnais le plus puissant coup de poing que je n'avais jamais donné dans un des coussins.

Parker ne bougea pas d'un millimètre.

Je soupirais.

- Je suis tellement faible... Qu'est-ce que j'essaie de prouver...

- Que t'es pas qu'un pot de fleur? Que toi aussi t'as le droit de t'énerver de temps en temps ?

- T'as raison.

- Repenses à tout ce qui te fais chier, à tout ceux qui t'emmerdent au quotidien! Imagine les en face de toi, tu peux enfin te lâcher !

Ma confiance en moi se regonfla soudain et je commençais à donner coup sur coup, des dizaines de visages défilaient dans ma tête, les remarques de mes parents, ma connasse de soeur, Dane, Vik, Maddi putain!!

Je continuais à enchaîner les droites et les revers, Parker continuant de bloquer mes coups, même les plus imprévisibles comme lorsque j'ai tenté un fouetté haut –en gros de lui frapper l'épaule avec mon pied–.

Qui eu cru que ma souplesse de cheerleader m'aiderait à boxer un pote...

Je m'arrêtais finalement, hors d'haleine et couverte de sueur.

- Tu te sens mieux? me demanda Parker, parfaitement propre sur lui.

- Oui. Merci.

Je m'écroulais presque sur le sol mou et dur à la fois pour reprendre mon souffle.

- Je suis désolé pour Mad. Elle ne pensait sûrement pas aux conséquences que ça a pu avoir sur ta vie. Je la connais bien, depuis de longues années. Elle déteste les mensonges... Ça devait lui peser aussi...

Je le regardais du coin de l'œil. Il avait le regard dans le vague, l'air rêveur...

Une petite minute...

- Parker. T'es quand même pas amoureux d'elle?

Where Life BeginsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant