- Eden! m'écriais-je. Ça va?
Elle releva la tête vers moi. Elle avait un cocard, et des bleus sur les bras.
- Où étais-tu, me demanda-t-elle, la voix brisée par les pleurs.
- Avec... Une amie.
Je me retenais de dire Jade au dernier moment.
- Tu as d'autres amies que moi? murmura-t-elle.
- Bien sûr, Chris, Tristan, l'équipe de cheerleaders...
- Mais on s'en fou d'eux! Je ne les considère pas comme des amis, moi. Il n'y a que toi.
Je me sentais terriblement coupable. Je n'avais jamais remarqué que j'étais si importante pour Eden.
- Excuse-moi...
Je m'avançais pour la prendre dans mes bras, elle sembla vouloir me repousser mais se lova juste contre moi en pleurant.
Elle me raconta tout ce qu'il s'était passé chez elle. En rentrant du lycée, elle avait trouvé son père complètement ivre. Elle avait voulu l'aider mais lorsqu'elle lui prit le bras il la repoussa en la jetant contre une commode en bois, puis il a commencé à la frapper à terre, aveuglé par l'alcool. Lorsque sa mère est rentrée. Elle l'a fait partir et a fait mine d'aider Eden, mais elle l'avait vu mettre quelque chose dans son thé, alors elle s'était enfuie par la porte de derrière.
Ses parents sont de vrais psychopathes.
En allumant le reste des lumières de ma chambre, je remarquais que ses blessures dépassaient le cocard et les bleus. Elle avait une lèvre fendue et des hématomes sur presque tout le corps.
Elle saignait du nez, de l'oreille et cracha un molard de sang dans l'évier de ma salle de bain pendant que je désinfectais ses coupures aux pieds.
Elle avait traversé la ville en chaussettes, de peur que ses parents ne voient sa voiture devant chez moi, et trois kilomètres à pieds, les chaussettes fines ne l'avaient pas supporté.
En même temps, où pourrait-elle aller ailleurs que chez moi?
- On devrait peut-être aller voir la police.
Je relevais la tête.
- Tu as raison, répondis-je. Tu dois aller dans une famille d'accueil, une vraie famille.
Je finis de retirer un gravier d'une plaie, rinçais à l'eau chaude et lui mit du désinfectant avec un bandage avant de lui prêter de nouvelles chaussettes et des chaussures, un peu grandes pour elle.
Je soupçonnais son mal-être général d'avoir retardé sa croissance. Eden faisait environ 1m50 et pesait moins de 40kg, de loin on pourrait la confondre avec une enfant.
Nous avons repris ma belle Aston Martin et sommes allées au poste de police. Eden a déposé plainte contre ses parents, ils ont prit ses blessures en photo et les ont ajouté à un gros dossier avec écrit "Townsend" dessus. Le nom de famille d'Eden.
Je savais qu'ils avaient tout deux fait beaucoup de conneries, comme conduire drogué ou ivre, prostitution, dégâts dans des lieux publics, dettes... mais à ce point?
J'ai ensuite demandé à mes parents si elle pouvait dormir chez moi, ce qu'ils ont approuvé, par miracle je dois dire.
Eden pouvait choisir entre la chambre de Lila, chambre d'invité depuis son départ de la maison, et dormir avec moi, mais elle choisit moi.
Nous avons commandé des pizzas et regardé un Disney. La Princesse et la Grenouille.
J'adore ce film. Une histoire cul-cul transformée en aventure dans le bayou, de sorcellerie vaudou et d'argent. Comment veux-tu que les enfants comprennent tout?
Mais peu importe, c'était le film préféré d'Eden, comment lui refuser le choix après ce qu'elle avait vécu?
Je sais, se faire battre pour choisir un film, c'est cher payé... Mais je ne savais pas quoi lui offrir d'autre. Comment l'aider à aller mieux?
Je ne pouvais que tenter de la réconforter. Elle baîlla et se blottit contre moi en posant sa tête sur mon épaule.
Je me sentais toute faible.
Elle était trop mignonne, et ne méritait rien de ce qui lui arrivait.
Vendredi matin. Mon téléphone sonna pour nous réveiller. Eden était dos à moi dans mon grand lit. Je lui tapotais l'épaule pour la réveiller et alla lui chercher un nouveau sweat-shirt.
Moi je pris un jean noir avec une chemise blanche rentrée dedans et un chapeau noir.
Eden me devisagea, surpise.
- Pas de bleu? me demanda-t-elle.
- J'ai mon sac et mes converses.
Elle me devisagea d'autant plus, je n'avais pas mis mes converses depuis le début du lycée. Elles avaient été vite remplacées par des bottes et des escarpins.
Mais j'en avais assez de mettre mon confort de côté pour le style. Aujourd'hui, c'est détente.
J'avais mes vieilles converses à moitié foutues, usées par les années, et je me sentais super bien dedans.
Ça peut paraître bien peu de choses, mais j'en avais assez de ressembler à une fille de riche, je me sentais ridicule à côté de Jade. Et elle-même m'a dit qu'elle me préférait ainsi...
En arrivant au lycée, tout le monde nous regarda. C'était si rare de voir les deux cheerleaders les plus populaires de lycée (va te faire foutre Alicia, j'ai checké le site du lycée hier et t'es troisième) en tenue décontractée.
Mais nous marchions toujours avec autant d'assurance, et porter mes converses me donnait une énorme confiance en moi.
Je croisai le regard de Dane qui esquissa un sourire de satisfaction, comme si j'avais fait quelque chose qu'il avait prévu. Mais rien à foutre.
En fait, non. Vous savez quoi? J'en ai marre de ce mec.
- Je te rejoins plus tard, dis-je à Eden.
Je me dirigeai vers mon casier, juste en face de Dane. Je fis mine de ranger mes affaires. J'étais dos à lui mais lorsque la sonnerie retentit je sentis tout le monde partir, sauf lui.
Je claquais la porte et me retournais vers lui, furieuse. Il s'apprêtait à partir lorsque je lui attrapais le col pour le plaquer au mur, bien qu'il fasse deux têtes de plus que moi.
- Maintenant tu vas me dire exactement ce que tu sais de moi, et après tu me fouteras la paix, vu?
Il rigola.
- Je sais sur toi ce que tu ne sais pas. C'est pour ça que j'ai décidé de m'amuser un peu.
Il passa son pouce sur sa lèvre supérieure comme un psychopathe, et me fixait avidement.
Je sentais la colère monter en moi.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là? répétais-je en durcissant ma voix.
Il attrapa mon poignet et me fit tourner sur moi même d'un simple geste comme dans une valse. Je me retrouvais dos à lui, collée à son torse.
La colère laissa place à la peur. Je me sentais emprisonnée, comme avec le gars du parking. Mais pour une raison inexplicable, Dane me faisant plus peur qu'un membre de gang.
Il me murmura alors à l'oreille :
- Je ne vais rien te faire, je sais que tu préfère les filles.
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Where Life Begins
Ficção Adolescente" - J'avais toujours considéré ma vie comme parfaite, mais pourtant il me manquait quelque chose. Maintenant je sais ce que c'était. Le danger. Et le danger, c'est toi. Elle resta bouche bée. Je ne savais pas pourquoi, je ne la connaissais que depui...