Après cet enchaînement d'évènements, notre vie a repris son cours normal pendant... une semaine. Il était simple de se concentrer sur nos vies personnelles, mais nous restions des lycéennes de dernière année, et vint le moment de s'inscrire à l'université.
- Maddi ?
Elle releva la tête de son paquet de chips.
- Ouais ?
- Tu as envoyé des demandes où ?
- Tu parles de quoi ?
Elle ajusta le t-shirt de son pyjama qui était couvert de miettes et s'étira.
- De ce dont tout le monde parle en ce moment, duh. Les études supérieures, tu iras dans quel collège ?
- Ah, je me suis déjà inscrite à la fac publique.
- Quoi ? Tu veux rester ici ?
- Y a toute ma vie ici, ma mère dépend de moi, je dépends du gang, j'ai pas vraiment le choix.
- Ha...
- Quoi, tu vas ailleurs toi ? Tu pars loin ? s'écria-t-elle.
- Bah... J'attends les réponses de Yale, Princeton et quelques autres, la plus proche d'ici c'est Stanford.
- Même Stanford, c'est trop loin !
- C'est à quarante minutes de voiture !
- Alors t'as intérêt à y être acceptée, je veux pas que tu partes sur la côte Est !
- Mais j'aurais pas vraiment le choix... Mad je t'aime mais si je suis acceptée à Yale, il faudra que j'aille à New Haven.
Elle fit ses yeux de chien battu, un chips entre les lèvres. Je m'approchais pour croquer dedans et l'embrasser.
Pourtant, ça continuait de trotter dans ma tête. J'allais peut-être partir à Yale ou à Princeton. Je serais à plus de 2800 miles, 45 heures de voiture, 8 heures d'avion. Comment notre couple pourrait survivre à tant de distance ? Combien de fois on pourrait se voir ?
Et même si j'allais à Stanford... Il y aurait presque une heure de voiture rien que pour l'aller. On ne se verrait plus que les week ends?
Je n'osais pas y penser, maintenant que nous vivions ensemble, je ne voulais plus jamais être séparée d'elle.
Je voulais en parler à mes amis, mais je réalisais que je ne parlais presque plus à Eden, ni à Tristan. Ma vie avait bien changé, désormais elle tournait autour de Maddison, du gang, de notre appartement et en arrière plan il y avait toujours les cours et la vie de lycéenne. D'ailleurs le bal de fin d'année approchait à grands pas.
Maddison ne m'y avait pas invité... Devrais-je le faire? Comment m'y prendre ? L'emmener à la fête foraine comme lors de notre premier rencard ?
C'était difficile de le faire à l'endroit de notre premier baiser vu que c'était devant chez moi... Peut-être sur la falaise dans ce cas?
Je ne savais pas comment faire, je n'avais jamais réfléchis à ça avant, j'étais bloquée dans cette idée que c'est au garçon d'inviter la fille. Mais j'imagine que lorsqu'on est deux filles, ce n'est pas pareil et il faut s'adapter.
De nous deux, Maddison était définitivement la plus 'virile', mais ce n'était pas une raison pour la laisser tout faire. Alors c'était décidé, je l'inviterais. J'achèterais des fleurs même si c'est cliché, je sais qu'elle aime les gardenias, c'est une fleur qu'on offre par amour, comme les roses. Ce sera parfait.
Le soir même, je partis chez le fleuriste le plus proche pour prendre un beau bouquet, assortiment de gardenias et autres plantes.
Je me dirigeais vers notre appartement avec confiance avant de réaliser que nous étions jeudi soir, et qu'elle était sûrement au garage.
J'emballais soigneusement le bouqet pour me mettre dans mon sac sans l'abîmer et partis sur ma moto en direction de la salle de Parker.
Le soleil commençait à se coucher, il était déjà tard. Sur le chemin, des policiers m'arrêtèrent pour contrôler mes papiers et me mettre une amande car je n'avais pas de veste homologuée... Heureusement, des amis m'avait donné un faux permis et ma moto était parfaitement en règle. Je grommelais avant de repartir, j'avais envie de leur crier de s'occuper des enfants battus au lieu de faire des contrôles de routine et de faire perdre leur temps aux gens.
À ce moment là, je me rendis compte que mon agressivité s'était décuplée depuis quelques temps.
Après de longues minutes, je me garais sur le parking de la salle de boxe. J'ouvris les portes, saluais des habitués et des membres et me dirigeais vers la porte menant au sous-sol avec un naturel incroyable.
Je descendis, mon bouquet toujours emballé dans les mains. Chris et Maddison étaient là à discuter sur le canapé. En me voyant, toute timide dans mon coin, ils écourtèrent leur discussion, Chris se leva, me tapota l'épaule comme pour me souhaiter bon courage, comme s'il savait ce que je m'apprêtais à faire et combien j'étais nerveuse, et il partit.
Maddison commença à ranger les quelques bouteilles de bière vides pour les poser dans un coin de la pièce. Les portes ouvertes de garage laissaient entrer un courant d'air chaud. L'été en Californie serait bientôt là. Le ciel était d'une teinte orange se mêlant au noir de la nuit.
C'était romantique, le moment parfait, je n'avais plus qu'à me jeter à l'eau.
- Maddi... commençais-je.
Ma gorge se noua.
Elle releva la tête.
- Oui?
Parle bon sang!
- Je voulais savoir... Si...
Continue!
- Si quoi?
Elle s'approcha de moi, son regard plongé dans le mien. Je me tétanisais.
J'allais retirer le tissu autour de mon bouquet lorsqu'une voix inconnue prit la parole :
- Tiens, tiens, tiens...
Je tournais la tête vers la provenance du son. Une fille se tenait dans l'ouverture de la porte du garage. Le soleil se coucha derrière elle, lui donnant une aura puissante et menaçante. Son ombre s'étendait jusqu'à nous.
- Shell? demanda Maddidon incrédule.
- Tu la connais? demandais-je.
Elle ne me répondit pas.
"Shell" s'approcha de nous lentement. Un frisson parcouru tout mon dos, elle me faisait horriblement peur.
Elle arriva devant moi. Elle faisait quelques centimètres de plus que moi, ses cheveux étaient châtains avec des mèches plus claires, lisses, et elle avait un rouge à lèvre rouge ainsi qu'un trait d'eye-liener parfait. Elle prit un de mes mèches de cheveux dans sa main, l'inspecta et la lâcha avec dédain. Elle me tourna légèrement autour avant de se planter devant Maddison.
- Qui eu cru que tu me remplacerais par une version aussi bas-de-gamme?
- Qu'est-ce que tu fais ici Shell? demanda Maddison durement.
- Je ne fais que passer. Mais je compte rester un moment...
- Va t-en.
- On se reverra de toute manière. Bye!
Et sur ces paroles à première vue joyeuses elle tourna les talons. Je sentais une terrible menace peser sur nous. Et sur moi.
J'étais en danger, j'en étais sûre.
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Where Life Begins
Novela Juvenil" - J'avais toujours considéré ma vie comme parfaite, mais pourtant il me manquait quelque chose. Maintenant je sais ce que c'était. Le danger. Et le danger, c'est toi. Elle resta bouche bée. Je ne savais pas pourquoi, je ne la connaissais que depui...