22. Un lundi d'Enfer

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Putain. Si je m'attendais à ça.

Pour moi, Dane était juste un abruti fini, qui se moquait des gens pour s'amuser et se moquait éperdument du reste du monde. Un égoïste égocentrique.

Je me suis bien trompée.

Il finit par remonter et nous avons terminé le dossier en trois heures, non sans difficultés car Dane était constamment ailleurs.

À la fin, je poussais un profond soupir et ne m'attardais pas plus de temps chez lui, il me promit de ramener le dossier lundi et je lui fis confiance.

J'étais surtout pressée de partir pour le laisser en famille.

Au rez-de-chaussée, je vis son père dans le salon en train de fumer, mais ce n'était clairement pas une odeur de cigarette. Je décidais de ne pas y prêter attention et rentrais chez moi.

J'ai cogité toute la soirée. Dane et sa soeur. Parker qui se drogue. Maddison qui se fait arrêter par les flics.

Ça devenait trop pour mon petit coeur, je ne me sentais pas bien lorsque je me demandais comment cette situation pouvait évoluer.

Je ne voyais que deux solutions : ça s'améliore ou ça empire. Mais ça ne pouvait pas rester comme ça.

Soit la situation allait s'arranger : Parker arrête tout ce qui est illégal et devient juste un coach sportif même moi j'y crois pas, Maddison devient une simple lycéenne complètement utopique, et Dane reste dans son coin ça a pas l'air dans ses options.

Soit la situation se dégrade, et là je ne sais pas à quoi m'attendre.

Cette soirée, lorsque j'ai analysé cette situation, je n'ai même pas envisagé ce qui allait se passer lundi. Je ne pensais même pas que c'était possible.

Le week-end se passa étonnamment normalement, j'ai travaillé d'arrache-pied et je n'ai vu personne.

C'est ce que j'avais prévu, pourquoi m'en étonner ? Parce que c'est l'une des dernières choses normales de mon ancienne vie que je vécue.

Pourtant, j'étais plutôt confiante, Vik m'avait envoyé un message comme quoi il était stagiaire dans un cabinet et, de ce fait, très occupé. Je n'aurais plus à me soucier de lui.

Pourtant, ce lundi, c'était la merde.

Alors que je garais ma voiture sur le parking à ma place...

Ah oui, je vous l'ai pas dit mais j'ai aussi ma propre place de parking, juste en face de l'entrée. Est-ce car ma voiture est magnifique et que c'est plus beau ou car je suis officiellement la plus populaire? Aucune idée.

... j'aperçue Dane en train de faire les 100 pas sur les marches.

Il s'arrêta en me voyant claquer la portière. Il semblait se ronger l'ongle du pouce... Berk.

Je commençais à monter les marches et il restait là, en face de moi. Il commençait à me faire peur.

Finalement j'arrivai devant lui.

Il ouvrit la bouche et je me retîns de le frapper.

Il a perdu le dossier.

Je me sens tomber.

Vous allez me dire "Emy, on s'en branle, c'est qu'un devoir y a pire dans ta vie actuellement", sauf que non!

Je vais avoir un zéro dans mon dossier. Mes parents vont me tuer, les universités de m'accepteront pas...

- Je vais mourrir.

- Exagère pas!

- Eden, tu connais mes parents.

- Oui, mais ils vont pas t'en vouloir pour avoir eu un F à un pauv' devoir d'allemand.

- Tu te souviens pas l'an dernier lorsque j'ai eu un D en maths?

- Je t'ai pas vu pendant un mois...

On soupira toutes les deux.

Elle se dirigea vers la cafétéria, moi je n'avais pas faim alors je me dirigeais vers la bibliothèque pour déprimer en paix.

Mais alors que je passais devant l'accueil, j'entendis comme une voix familière.

Je fis un pas en arrière et me tournai lentement vers le bureau qui avait la porte ouverte.

Une fille de dos remerciait la réceptionniste.

Sa voix...

Je la détaillais. Des rangers, la peau blanche, un t-shirt court et un jean noir comme ses cheveux.

Elle se retourna, un papier à la main. Elle leva les yeux et son visage s'illumina.

Évidemment, ça ne pouvait être qu'elle.

- Emy! Te voil—

Je lui attrapais violemment le poignet et la tirais à travers tout le bâtiment jusqu'aux toilettes.

Je claquais la porte et la fixais, les bras croisés sur ma poitrine, lorsque quelqu'un sortit d'une cabine. C'était Betty Finn. Une fille très vieux-jeu qui portait des jupes longues et des vestes en laine.

- Ah... C'est toi Emy... tu m'as fait peur.

- DÉGAGE.

Elle s'enfuie de la pièce en pleurant.

Je n'ai jamais crié sur quelqu'un au lycée.

Maddison était toujours là.

- Qu'est-ce que tu putain de fous ici ?!

- J'ai déménagé de la ville voisine à ici il y a quelques jours. Je ne te l'avais pas dit et j'ai été très occupée... En faite j'ai trouvé du taff pas loin et... Je pensais que ce serait sympa de venir dans le même lycée que toi.

- Tu avais tord. Qu'est-ce que les gens ici vont penser de moi s'ils savent que... Enfin... Tu sais.

- On s'en fout d'eux, non? Je suis ta copine, pourquoi tu veux pas l'admettre?

Je fixais le sol. Elle s'approcha de moi et pris mon menton entre deux doigts pour m'embrasser. Je lui retournais son baiser et reculais.

- Je t'aime Maddi, mais dans cette école, on est juste amies... S'il te plaît.

Elle soupira et m'ébourrifa les cheveux.

- D'accord pour le moment, petite rouquine.

Elle me sourit. Je détestais que d'autres personnes m'appellent "rouquine", mais c'était différent avec elle.

- Merci.

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