11. 𝑀'𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑑𝑖𝑟𝑒, 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑚'𝑖𝑛𝑐𝑖𝑡𝑒𝑟

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En média Olivia O'brien - Empty

Cet après-midi, j'ai dû faire face aux conséquences de ma petite altercation avec mon professeur de biologie. Le proviseur est allé jusqu'à convoquer mon père pour l'informer de la situation. Seulement voilà, je ne sais pas comment il s'est débrouillé, mais lui et le principal, ont apparemment réussi à trouver un terrain d'entente, puisque je m'en sors sans aucune forme de punition. A croire que mon paternel a finalement gardé quelques restes de son passé d'espion. Ça, ou alors il a enfin appris à utiliser son argent à bon escient. Pour être honnête, je me moque un peu du pourquoi du comment, ce qui compte, c'est le résultat, et il est plus que concluant.

Je rentre donc à la maison qui est temporairement devenu la mienne, emplit d'une immense satisfaction. Ce n'est un secret pour personne, j'aime jouer avec les règles et encore plus lorsque je n'ai pas à en subir les répercussions. Je monte les escaliers à toute vitesse, voulant éviter de tomber sur Allie. Mon père est retourné au travail et il me semble que cette dernière y est aussi, mais dans le doute, mieux vaut ne pas s'attarder.

Dylan, quant à lui, à — d'après ce que j'ai cru comprendre, — eu un problème avec son avion. Il voit donc son arrivée ici repoussé, et ce, pour mon plus grand plaisir. Quelques semaines de tranquillité supplémentaires ne feront de mal à personne.

J'ouvre la porte de ma chambre pour y trouver Aiden, penché sur l'ordinateur qui semble être devenu une prolongation de son bras. Comme tout hacker qui se respecte, mon meilleur ami passe plus de temps avec les machines que les humains. Mon père n'était d'ailleurs pas très enthousiaste à l'idée qu'il vive avec nous pendant la durée de son séjour à Los Angeles. Je me suis donc permis de lui rappeler que le brun est le seul à avoir toujours été là pour moi. Contrairement à lui.

Ça, je ne lui ai pas dit tout haut, mais je suis sûre qu'il aura compris le sous-entendu... Il me faut admettre avoir pris plaisir à contempler la culpabilité qui dansait dans ses yeux. Il peut bien regretter autant qu'il veut, j'ai souffert pendant des mois par sa faute. Chacun son tour.

— J'ai eu un appel de Wyatt, me dit mon ami avec sur le visage, cet air soucieux qui le caractérise. Je dois partir demain, j'ai un avion à six heures.

Ce ton professionnel me donne envie de lever les yeux au ciel et de soupirer très fort. Aiden mon meilleur ami a laissé la place à Aiden l'agent secret et je dois avouer avoir une grosse préférence pour la première version.

— Laisse-moi deviner, la Triade a finalement besoin de toi à New York ? soupiré-je avec lassitude.

— Pas là-bas, non, au Brésil.

Je ne fatigue pas à lui demander de quoi il en retourne, puisqu'un contrat de confidentialité nous interdit de parler de nos missions à qui que ce soit. Il n'y a que moi qui me contrefiche de ce protocole et raconte chacune d'entre elles à Aiden. Après tout, il est un peu comme une extension de moi-même, et comme j'aime à le répéter : m'interdire, c'est m'inciter.

— Mais tu viens juste d'arriver ! protesté-je, déçue de le voir disparaître aussi vite.

— Je sais, je reviens dès que je peux. Promets-moi d'être prudente.

— Je le suis toujours.

Le brun éclate d'un rire sans joie, qui me fait grimacer.

— Ce n'est pas une blague, Isi, s'il t'arrivait quelque chose je ne m'en remettrais pas. Tu devrais comprendre le sentiment, attaque-t-il avec amertume.

Je m'apprête à lui hurler dessus comme je sais si bien le faire dès que le sujet est abordé, mais mes billes sombres rencontrent l'inquiétude profonde qui noie ses prunelles noisettes. Mon ami n'a peur de rien, pourtant, il est là devant moi, me suppliant presque de ne pas prendre plus de risques que nécessaire. Utiliser ma plus grande faiblesse n'est pour lui qu'un moyen de me faire comprendre à quel point il est sérieux. Je soupire et viens me blottir contre lui, rendant les armes. Il va bientôt m'être arraché et je refuse de le voir partir fâché contre moi.

— C'est promis, soufflé-je à contrecœur.

Tout le monde sait bien que je n'ai aucune parole, Aiden le premier. Je pense que se convaincre lui-même qu'il croit mes mensonges, est une technique qu'il a adopté au fil du temps, pour ne pas trop s'en faire à mon sujet.

***

Lorsque je me réveille le lendemain matin, mon ami à déjà mis les voiles, et je m'efforce de repousser le mauvais pressentiment qui m'habite. Cette drôle de sensation me suit toute la matinée jusqu'à ce que j'ouvre mon casier et qu'un message inquiétant en tombe, me faisant remettre en question l'origine de mon trouble.

« Fous le camp avant que je ne m'occupe personnellement de ton cas. »

Peut-être que ce n'est pas seulement pour le brun que je devrais m'en faire, car quelqu'un ici ne semble pas franchement ravi de ma présence. Par automatisme, je regarde autour de moi, à la recherche d'un indice. Mes yeux tombent sur le groupe de footballeuses, qui s'avance avec une mine conspiratrice. Je repère immédiatement le sourire forcé de Stella, dont les yeux crépitent de haine. Mon correspondant n'a pas signé sa déclaration, mais son identité ne fait presque aucun doute. Dans le fond, c'est une bonne nouvelle, je ne pense pas avoir grand chose à craindre de cette peste. Elle pense peut-être réussir à m'effrayer avec ce genre de menace en l'air, mais c'est peine perdue.

— Tu n'as pas oublié la fête de samedi ? me questionne Amanda en arrivant à ma hauteur. Il faut que tout soit parfait, alors tu n'as pas intérêt à me faire faux bond, compris ? D'ailleurs, puisqu'on en parle, le mieux ce serait que tu viennes trois heures en avance, en même temps que les filles. Comme ça vous pourrez m'aider à tout préparer et ça nous laissera le temps de nous maquiller ensemble.

Je lui assure que je serais là et tente d'entretenir la discussion, tout en restant sur mes gardes. Si Stella ne m'impressionne pas le moins du monde, je ne suis pas aussi catégorique concernant la rousse. Ses traits froids et son sourire vicieux, semblent attendre patiemment que je dise quelque chose lui donnant un moyen de pression sur moi.

La sonnerie résonne, alors Tia m'attrape par le bras et se met à déblatérer sur je ne sais quel sujet d'actualité, tout en me guidant vers notre salle. Elle ne la ferme donc jamais ?

Quelques heures plus tard, la pause de midi nous délivre enfin, et je rejoins rapidement le groupe de sportifs qui s'est déjà installé à une table de la cafétéria. Ryan arrive quelques minutes après moi, suivi du crétin à la chevelure de jais. Génial, il ne manquait plus que lui ! Le basketteur s'avance pour s'asseoir entre Amanda et moi, mais l'imbécile en question prend sa place, obligeant le blond à se mettre à côté de Stella, qui ne fait rien pour cacher sa joie.

Je bous intérieurement.

— Tu comptes encore m'attaquer avec ta nourriture sans raison ? Parce que tu sais, si tu es en manque, je n'y peux rien. Tu aurais sûrement plus de succès si tu étais un tout petit moins agressif, asséné-je à cette énergumène.

Il tourne son visage vers moi et je suis une nouvelle fois frappée par ses yeux vide et froid. Plus j'y pense, plus je me dis que ma théorie sur le fait qu'il soit un tueur en série est fondée. Sous la table, il m'attrape brusquement le poignet de sa main tatouée et me rapproche de lui. Je refuse de crier ou protester, sachant qu'il n'attend que ça, et soutiens son regard onyx avec mépris. Il se penche lentement à mon oreille et chuchote d'une voix aussi basse que grave :

— Ne joue pas à la plus maline avec moi, ou je te promets que tu le regretteras.

Son souffle sur mon cou, le poids de ses billes glacées, et la menace à peine contenue dans son ton font s'accélérer mon rythme cardiaque. Il finit quand même par relâcher sa poigne, et se détourne de moi. Ce mec n'est définitivement pas net. Dès que son regard croise le mien, une sorte de sonnette d'alarme se déclenche dans mon cerveau. Le problème, c'est que je suis plutôt doué pour faire tout l'inverse de ce que me conseille ma tête. Ce garçon est à la fois effrayant et intriguant. Le mystère qui l'entoure m'interpelle de plus en plus fort. Certes, Ryan est une cible plutôt amusante dans son genre, mais lui est d'un tout autre niveau. Peu importe ce qu'il cache, je ne tarderai pas à le découvrir. 

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant