10. 𝑆𝑒𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝐻𝑢𝑚𝑎𝑖𝑛𝑠

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En média Christina Perri - Human

Je me réveille avec la bouche pâteuse et les regrets qui me tordent le ventre. À la minute où j'ouvre les yeux, je me souviens des raisons pour lesquelles j'ai arrêté ce genre de soirées. Le lendemain est un enfer et les migraines sont loin d'être le pire. Non, le pire, c'est ce sentiment destructeur qui me rappelle que je n'ai pas su être à la hauteur. Ce goût d'échec qui s'échoue sur mes lèvres et toujours cette même certitude qui s'abat sur moi : j'ai été faible.

Je me fais violence pour m'asseoir sur le lit et enfouie ma tête dans mes mains. La honte m'enserre comme un étau, tandis que la culpabilité s'écoule dans mes veines tel un poison morbide. J'entends un drap qu'on tire, et la minute suivante, une présence silencieuse se fait sentir à mes côtés. Je tourne la tête, Aiden est là, comme d'habitude. Mes yeux rougis rencontrent ses prunelles pleines de doutes et je m'en veux encore plus de l'obliger à traverser cela avec moi.

— Je suis désolée, dis-je dans un murmure à peine audible.

Le brun secoue la tête avec douceur.

— Je ne me fais pas de soucis pour toi. Après tout, nous sommes seulement humains, c'est normal d'avoir affaire à des passages à vide.

L'appréhension dans sa voix dément pourtant ses paroles. Il craint que l'océan qui nous a déjà malmené de tous les côtés ces derniers mois, ne revienne nous engloutir. Et s'il y a bien une chose que je sais, c'est qu'il n'hésitera pas une seule seconde à y plonger avec moi. Je ne peux pas permettre que ça arrive. Il me faut être plus forte que ça. Plus forte que la peur, plus forte que la douleur, plus forte que le poids de mes erreurs. Cette fois, c'est à moi de prendre soin de lui. Alors, je m'en fais la promesse, je tiendrais le coup, peu importe ce que j'y laisse.

— Évidement, affirmé-je d'une voix que je veux confiante.

Nous restons un moment comme cela, chacun perdu dans les yeux de l'autre, à essayer d'apercevoir la vérité qui se dissimule derrière nos mensonges. Aiden et moi, ça a toujours été comme ça. On ne se parle vraiment qu'avec les yeux. C'est à travers eux, que l'on cherche à entendre ce que chacun de nous deux tait. Ça peut paraître tordu, et à vrai dire ça l'est sûrement, mais une chose pour laquelle nous avons toujours été doué, c'est d'envoyer la normalité se faire voir.

Sans prévenir, la porte de ma chambre s'ouvre à la volée. Mon père et sa mauvaise humeur palpable pénètrent dans la pièce tel un ouragan. La mine sévère et les bras croisés, il me jauge avec désapprobation. Son regard s'attarde sur Aiden plus longtemps que nécessaire et je n'ose même pas penser à ce qu'il est allé s'imaginer.

— Il va falloir qu'on discute.

Cette phrase n'a rien d'une déclaration faite calmement, c'est un ordre irréfutable qui fait clairement entendre à quel point il serait stupide d'y désobéir. Je sens tous mes cheveux se dresser sur ma tête.

— C'est vraiment drôle, dis-je avec condescendance, me levant du lit pour l'affronter droit dans les yeux.

Je porte un vieux T-shirt trop grand, mon maquillage a dû couler et mes yeux sont à coup sûr striés de rouge. Mon allure épouvantable lui fait esquisser un faible mouvement de recul, à moins que ce ne soit l'ampleur de ma colère muselée qui l'incite à s'éloigner. Dans tous les cas, c'est une sage décision, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver... Un rictus effrayant se dessine sur mes lèvres gercées. Je crois que même moi, j'aurais peur à sa place.

— Je ne comprends pas bien ce que tu trouves amusant, lâche tout de même mon père, qui à l'audace de paraître irrité.

Je prends le temps de contempler ce regard sombre dans lequel j'avais l'habitude de trouver du réconfort, et lâche avec brutalité :

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant