65. 𝐿'𝑒́𝑙𝑢

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En média The Score - Stay

J'attends qu'il dise quelque chose, qu'il me retienne peut-être. Il se contente de me dévisager avec peine. Je quitte alors la pièce sans un regard en arrière, en rejetant ce sentiment de solitude extrême qui m'enserre. Je viens juste de lui tendre une perche, et il n'a même pas su la voir. Après tout, c'est surement mieux comme ça.

Mais mieux pour qui ?

J'essuie les larmes qui ont coulé sur mon visage et tente de me donner consistance. Quoi que je fasse, je finis seule. Il est peut-être temps que j'arrête de me voiler la face et commence à émettre la possibilité que le problème ne vient pas des autres, mais de moi. Il me faut de l'air. J'escalade les escaliers et monte sur le balcon où une mauvaise surprise m'attend.

Je tombe sur Nash. Évidemment. Assis, le dos appuyé contre le mur, il fume une cigarette, l'air ailleurs.  Je m'apprête à faire demi-tour, mais il tourne la tête vers moi. Je dois être dans un état lamentable, pourtant, son regard onyx ne brille d'aucune lueur de pitié. Je ne sais pas si c'est ce détail qui m'y pousse, mais le fait est que je prends place à ses côtés. Il continue à tirer sur sa clope, impassible, comme à son habitude. Nous restons un moment dans le silence jusqu'à ce que je me risque à le briser.

— C'est quoi son prénom ? À ta mère, je veux dire.

Il me dévisage gravement, comme interloqué par ma question, mais sans rien en laisser paraître toute fois. Ce mec est vraiment compliqué à déchiffrer.

— Tu connais toute ma vie, maintenant, m'expliqué-je sur un ton de reproche. Tu sais ce qui est arrivé à ma sœur, tu connait mon père  et même ma belle-mère. Alors vas-y, balance.

Je veux pouvoir l'utiliser contre toi la prochaine fois que tu me mettras des battons dans les roues.

Il me jette un regard vraiment mauvais cette fois, comme une invitation silencieuse à la fermer. Puis il inhale la fumée à nouveau avant de la recracher, créant un nuage qui s'étend autour de nous.

— T'es vraiment un drôle de gars tu sais,  continué-je en avisant les grosses traces de sang qui courent sur ses avant-bras. Tu me laisse me faire assassiner par des sorcières sans hésitation, pour ensuite te faire lacérer par mes griffes, juste dans le but de me sauver.

— Tu me faisait trop de peine à te débattre comme une folle, dit-il d'une voix froide et traînante après quelques instants.

De la peine ?

Sa répartie me touche et m'énerve. Il s'en rend compte et laisse l'ombre d'un rictus moqueur se frayer un chemin sur ses lèvres. Il le fait exprès, le con !

— Fais attention, je vais finir par croire que tu fais semblant de me détester, jasé-je dans le but de le faire tiquer.

Ça ne manque pas, puisqu'il répond aussitôt d'une voix sèche :

— Je ne fais pas semblant.

—Tiens d'ailleurs, pourquoi est-ce que tu me détestes ? demandé-je.

Il ne répond rien, jugeant sûrement la conversation terminée. Je ne lâche pas l'affaire pour autant, j'ai envie de le faire chier et je vais y arriver.

— Non, mais c'est vrai quoi, la première chose que tu m'a dit c'est que j'avais un prénom de catin, lui rappelé-je avant de partir dans un éclat de rire.

Pourtant mon gloussement n'a rien de joyeux. Il est amer et nerveux. Nash me lance un regard en coin que j'intercepte pourtant. Il a compris. J'ai besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un, et il se trouve être l'élu.

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant