58. 𝑅𝑒𝑡𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑟𝑡𝑠

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En média Chord Overstreet - Hold on

PDV de Nash (suite )

La souffrance qui se dégage de son corps frêle m'hypnotise. Elle m'empêche de détourner les yeux, et m'enferme dans une contemplation éprouvante. Sa douleur je la comprends, elle a été la mienne pendant longtemps. La voir dans cet état, incapable de produire le moindre son, me ramène des années en arrière, lorsque j'ai enfin compris que le seul moyen de survivre pour moi, était de me détacher de ces émotions qui m'empoisonnent l'existence. M'éteindre. Pour de bon cette fois. Le vide de ses yeux trouve écho dans les miens. Les souvenirs affluent par centaines, douloureux, pénibles, insultants. Je n'aime pas cette fille, je la déteste même, mais personne ne mérite de vivre ce que j'ai vécu.

Personne, pas même elle.

Je sais ce que c'est, d'avancer à l'aveuglette dans l'ombre et la tempête. Serrer les dents, et attendre que ça passe, lorsque chaque journée est pire que la précédente. Sa tristesse est sans fin, tout comme l'a été la mienne. Je comprends enfin qu'Aiden n'est que la goutte d'eau insalubre qui a fait déborder le vase de sa détresse.

Je m'assoit à côté d'elle dans un mouvement maladroit. Je ne peux pas la laisser sombrer aussi. J'ai déjà commis trop d'atrocités dans ma vie pour me pardonner celle-là. Je voudrais être capable de lui dire que tout ira bien, mais je ne veux pas lui mentir non plus. Une fois qu'on part c'est pour de bon. J'en ai assez vu se faire engloutir par les vagues du désespoir pour le savoir.

L'espionnage est un monde qui ne pardonne pas l'espérance. Croire que les choses s'arrangeront un jour c'est s'enfermer dans une illusion qui éclatera forcément, entraînant notre âme avec. J'ai toujours cru Isis diamétralement opposé à moi, pourtant aujourd'hui, il me semble contempler mon reflet dans ses iris éteintes d'où les larmes s'écoulent au goutte à goutte.

J'aurai aimé que quelqu'un me tende la main à cette époque où j'en avais tant besoin. La vie est dure, mais aujourd'hui j'ai le pouvoir de la rendre un peu moins injuste qu'elle ne l'est déjà. Je jette un œil à la pierre tombale devant laquelle est assise Isis, ou du moins ce qu'il reste d'elle.

« Cassandra Loyd, » indique la stèle.

— C'était ta sœur ? m'enquiers-je dans un murmures, alors que les premiers rayons de la journée viennent nous éclairer.

Je ne reçois aucune réponse, je ne suis même pas sur qu'elle m'ai réellement entendue. Je me tais alors pendant plusieurs minutes. Le silence ne m'a jamais dérangé, il apaise mon esprit tourmenté. Un petit couinement me sors de mes pensées. Il provient d'Isis. Je me tourne vers elle. Elle ne me regarde toujours pas, pourtant une voix faible et brisée retentit dans le silence du cimetière.

— C'était ma petite sœur, lâche-t-elle avant qu'un sanglot ne vienne lui déchirer la gorge.

C'est le pire son qu'il m'ai été donner d'entendre. Lorsque la tête tente d'être courageuse mais que le cœur ne peux pas suivre. Je ne sais pas si c'est l'emprise de l'alcool qui m'y pousse, mais je passe un bras autour de ses épaules avec hésitation. Elle me surprends en se laissant aller contre mon torse et en évacuant subitement toute l'eau de son corps. Pas de simples gouttelettes s'échappant par-ci par-là, mais un véritable ras de marrés de larmes, amères et douloureuses. Ses barrières cèdent, le barrage s'effondre. Elle ouvre enfin les vannes, laissant s'échapper toute sa détresse. Je garde le silence. Dans ces moments là, il n'y a rien à dire. Il faut être présent, c'est tout.

— Je ne te laisserais pas aussi seule que je l'ai été, chuchoté-je au creux de son oreille, encouragé par une pulsion inconnue.

Cela n'a pour effet que de resserrer la prise qu'elle a sur moi. Elle se cramponne à mon cou comme à une bouée de sauvetage. Isis n'a pas de soucis à se faire, je ne permettrais pas à la mer de l'emporter. Elle m'a déjà eu moi, mon père et bien d'autres avant, c'est largement suffisant. Elle ne traversera pas l'enfer comme je l'ai fait, c'est un sort que nul ne mérite.

— Tu sais, quelqu'un m'a dit un jour qu'à trop vouloir retenir les morts, on finit par laisser une part de nous s'envoler avec eux.

Elle se redresse un peu pour planter ses yeux toujours aussi éteints dans les miens.

— Qui est-ce que tu essais de retenir, alors ? me demande-t-elle d'une voix craquelée et fragile.

J'ai l'impression que la moindre secousse de vent pourrait la faire s'effondrer. Je la serre contre moi pour échapper à son regard et inspire un grand coup.

— Ma mère, annoncé-je à contre-cœur.

Mes pensées se mettent à vagabonder librement, et je ne suis plus avec Isis et du du whisky dans l'organisme, au milieu de ce cimetière, mais des années auparavant, dans ma maison d'enfance. Quand tout allait encore bien.

Si je pouvais parler à ce Nash là je lui dirais : endurcis-toi mon p'tit gars parce que la vie est une chienne et qu'elle n'a pas l'intention de te faire de cadeau. Elle te secouera dans tous les sens pour voir si tu résistes. Elle s'amusera à te faire tourner en bourrique en te laissant croire que tu peux aller mieux. Et toi, bien trop naïf, tu la croira à chaque fois. Juste avant qu'elle ne te remette à terre.

Un jour, tu décidera d'arrêter de te relever parce que tu en aura marre de te casser la gueule. Alors tu finira par te retrouver comme un con, dans un cimetière où tu aura enterré ta mère, à moitié bourré, avec une fille que tu n'aimes même pas à la base, en te demandant ce que tu fous là.

Honnêtement, j'ai pas la réponse. Je te demande juste de ne pas me juger, on se croit tous plus fort que ce que l'on est. Donner des coups c'est facile, c'est encaisser qui est dur. Sauf que pour pouvoir en administrer, il faut en recevoir d'abord. Tu ne peux pas gagner. C'est comme ça que ça marche. Alors tu vois, n'ai pas de regret. Tu ne t'en sortira pas, mais c'était déjà perdu d'avance.

Ouais, c'est probablement ce que je lui dirais si je le pouvais. Sauf que je ne peux pas. Avec des « si » on pourrait refaire le monde, c'est vrai, mais il serait peut-être un peu moins foireux.  Isis me ramène au présent en se levant. Je fais de même et on se regarde sans trop savoir quoi dire, toute les deux honteux de notre position.

— On devrait rentrer, Dylan te cherche partout.

Pour une fois que c'est moi qui brise le silence en premier.

— Ce qui s'est passé ici, ça ne veut rien dire Nash, je te détestes, et ça ne changera pas, se sent-elle obligée de préciser.

— Pareil pour moi, ça ne changera pas, confirmé-je.

Pourtant même dans le pauvre rictus qu'elle me rends il y a moins de haine qu'avant. On peut répéter le contraire autant qu'on veux. Tout entre nous, a changer cette nuit là, et nous le savions tout les deux.

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Salut les comètes ☄️

Si vous saviez à quel point j'avais hâte de vous faire lire ce chapitre !

J'attends vos retours avec impatience ! ( et angoisseeeeee 😅)

💜 Qu'est-ce que vous avez pensé des émotions et de la façon dont elles ressortent dans ce chapitre ?

💜 Et du rapprochement de Nash et Isis ?

💜 Est-ce que vous avez l'impression qu'il sort un peu de nul part ? Parce que j'ai fais du mieux que j'ai pu pour l'amener le plus naturellement possible mais avec la complexité de Nash et d'Isis c'était pas gagné !😂

Concernant la fin de SAF que j'étais censé terminer hier mon ordinateur m'a planté ! Je pense que c'est un signe !😭😂 En plus je ne l'ai pas fait tomber ni rien mais quand j'appuie sur une des touches du clavier c'est plusieurs lettres qui apparaissent en même temps...

😣 N'hésitez pas à me partager vos expériences si vous avez déjà eu affaire à ce genre de problème et comment vous l'avez réglé ?

Merci d'avance et à demain 💖

🌙 Léna

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant