56. 𝐹𝑎𝑛𝑡𝑜̂𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑢 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒́, 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝘩𝑢𝑟𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝑟𝑖𝑠

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En media SVRCINA - Meet Me On The Battlefield

Celui qui a inventé cet endroit se payait clairement de la tête des gens, ou alors il n'a jamais perdu personne de toute sa vie. Sinon comment peut-on espérer que venir se balader devant une pierre soulagerait un tant soit peu la peine endurée ? Surtout en sachant que le corps en décomposition de la personne que nous aimons gît juste en dessous.

On appelle ça des tombes, rien que le mot est terrible. On y entend la mort et le chagrin, le deuil et la perte. Pourtant, on continue d'y aller. On continue d'y croire. On espère que cette fois là sera différente, qu'elle d'apaisera enfin les maux jamais dits.

On veut croire qu'elle nous délivrera du supplice qu'est l'existence, lorsqu'on cohabite avec la souffrance fulgurante d'avoir perdu un morceau de son âme. On vient déposer des fleurs qui dépériront à leur tout. La tradition la plus stupide et ironique jamais inventée. Un cycle infini nous rappelant que dans la vie rien n'est constant. On peut-être l'homme le plus heureux du monde, et une fraction de seconde plus tard, songer au suicide.

Les gens parlent aux stèles comme si elles pouvaient les écouter. La vérité, c'est que ce bout de cailloux n'est pas un passage vers l'au-delà. Ils le savent, je le sais, tout le monde le sait. Mais personne ne prend en considération cette sinistre vérité. C'est bien plus facile de se dire que notre message parviendra à son destinataire, d'une façon ou d'une autre. J'envie parfois ceux qui croient en Dieu. Cela doit être reposant de pouvoir compter sur l'existence d'une divinité supérieure.

J'appelle un taxi et lui donne l'adresse que m'indique mon téléphone. Elle a été enterrée ici, à Los Angeles. Elle adorait cette ville. Y revenir, c'est comme vivre avec son fantôme. Je la vois partout, et je déteste ça. C'est pire que n'importe quelle douleur jamais imposée à mon corps. Tous ces buildings et ces lieux connus, qui me rappelle à chaque instant ce que j'ai perdu. Je n'ai eu que quatre piliers dans ma vie : mon père, ma mère, elle et Aiden. Ils m'ont tous laissé tomber ici, un par un. Dans cet endroit maudit, qu'on dit habité par des anges, lorsque tout ce qui s'y cache sont nos propres démons.

Lorsque le chauffeur me dépose enfin devant cet horrible endroit, il m'adresse un regard compatissant qui me donne envie de lui arracher la vie. Je ne veux pas de pitié. Venir ici est déjà dur, pas la peine d'en remettre une couche. Je ne me suis pas rendue à son enterrement malgré les supplications de ma mère. Après son départ et celui de mon père, elle aussi était anéantie. Elle n'a pas eu l'énergie d'insister plus et j'ai passé l'heure à pleurer dans mon lit sur des chansons tristes. Je ne suis jamais allé la voir non plus. Je me fais la promesse que ce sera la seule et dernière fois, et surtout que je ne fléchirais pas. Je me dois de rester forte.

Tu m'a déjà tout arraché, tu n'auras pas mes larmes en plus.

Je déambule à travers cet immense cimetière, sur cette pelouse bien trop verte et pleine de vie, comme une insulte silencieuse à la mort qui s'est emparée des lieux. De par l'heure tardive, l'endroit est fermé. Je suis donc seule au milieu de ces tombes, ayant pour unique compagnie ces fantômes du passé, dont le vent hurle les cris.

Je mets un bout de temps à trouver la sienne. Quand je m'arrête enfin devant, mon cœur se déchire en deux. Une simple fleur d'un rose immonde est posée dessus, sûrement mise là par le personnel du cimetière.

Elle aurait détesté.

À part ça, rien de significatif qui la distinguerait de toutes ces stèles. Après tout voilà tout ce qu'elle est : une parmi tant d'autres. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je m'attendais à quelque chose de différent. À vrai dire, je ne connais même pas les raisons qui m'ont poussé à venir ici. Peut-être bien que je fais partie de ces personnes stupides tout compte fait. Celles qui viennent dans l'espoir stérile de faire taire les hurlements de leurs âmes tourmentées.

L'aube se lève enfin sur le cimetière désert et je laisse la peine qui ronge mon corps me dévorer toute entière. J'arrête de résister, de me battre, d'essayer. Tous ces efforts pour aller mieux sont vain. Wyatt me l'avait dit pourtant, le bonheur est dangereux. J'attrape mes genoux et les replis contre ma poitrine, là où se trouvent les plaies béantes qu'elle a laissé en partant.

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Salut mes comètes ! ☄️

Que des chapitre tristounet en ce moment et j'en suis désolé, 🥺 mais vous savez ce que l'ont dit, parfois, il faut toucher le fond pour pouvoir remonter à la surface.

💫 Et puis ça va peut-être paraître étrange mais j'adore écrire les chapitres tristes, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je crois que j'aime bien mettre des vocables sur des choses qu'on ne peux pas vraiment définir. D'un côté j'ai l'impression que les mots sont la plus puissante des manières de décrire ces déchirements, et de l'autre qu'ils ne le seront jamais assez pour rendre justice à l'atrocité de la chose. C'est étrange comme sentiment.

Enfin, bref, comme d'habitude je voudrais vos avis sur ce chapitre, n'hésitez pas à me dire si vous l'avez aimé ou pas et pourquoi.

Concernant la fin de Smoke and Fire je sais enfin comment elle se déroulera...Je ne peux rien vous dire maintenant mais vous serrez tout en temp voulu !

Coté lecture, je suis actuellement plongée dans The Revolution of Ivy qui est le tome 2 de The Book of Ivy. Je vous donne prochainement mon avis dans un post Instagram ! Donc si ça vous intéresse c'est Pluminyx. Le lien est dans ma bio.

Je vous retrouve demain pour la suite.

Léna

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐚𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant