50. 𝑈𝑛𝑒 𝑧𝑜𝑛𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝘩𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒́𝑒

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En média Where's My Love- SYML

Toujours coincée dans ce fichu taxi, je laisse mon doigt planer dangereusement au dessus de la touche d'appel. Je n'ai aucune envie d'entendre mon père, mais n'ayant plus de nouvelles de moi et ayant découvert que je ne suis plus chez ma mère, il est capable de faire un truc vraiment stupide. Quelque chose du style prévenir la police. Que ces dégénérés viennent se mêler une fois de plus de ce qui ne les regarde pas est bien la dernière chose dont j'ai besoin. Je soupire encore une fois. Allez, ce sera une bonne chose de faite, tenté-je de me motiver. J'appuie sur l'icône bleu. Les tonalités ne résonnent pas longtemps, au bout de la toute première, mon interlocuteur décroche.

— Isis ?

La voix qui retentit dans le combiné est inquiète. Quelque part ça me fait plaisir. Oui, il s'est fait du soucis pour moi. Ou peut-être pas. Peut-être que je dois juste apprendre à différencier la réalité et ce que j'aimerais qu'il se passe.

— Ouais, je réponds d'une voix lasse.

— Mon dieu ! Je suis tellement content que tu appelles, je...

— Ouais génial, on peut passer le moment où tu fais semblant d'en avoir quelque chose à faire de moi et passer au vif du sujet ? protesté-je avec virulence.

— Isi...

— Arrête de m'appeler comme ça.

Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil. Je reprends la conversation avant lui, histoire d'abréger cette souffrance inutile.

— Je n'ai pas écouté ton message mais je pense savoir de quoi il en retourne.

— Isis, reviens à la maison s'il-te-plaît, lâche-t-il de but en blanc.

Je ne sais pas si c'est sa supplique ou le ton avec lequel il l'a prononcé mais quelque part, au fin fond de mon cœur, une zone de chaleur oubliée irradie à nouveau.

— Pour quoi faire ? demandé-je d'une voix brisée.

Mon père doit remarquer ma douleur puisqu'il reprend sur un ton plus doux.

— Isi ? Est-ce que ça va ?

Je ne relève pas le surnom qu'il utilise et bredouille un oui bref.

— Non, reprend-t-il. Je me suis trop longtemps contenté de cette réponse, de ce mensonge. Tu ne crois pas que je mérite la vérité ? Juste pour cette fois.

Je voudrais lui hurler que non. Que la seule chose qu'il mérite c'est de mourir seul et dans des douleurs atroces, de souffrir comme j'ai souffert et comme je souffre encore de son départ. Pourtant, cette fois rien ne sort. Je suis à court de venin et le silence sur la ligne s'éternise.

— Ma puce, réponds-moi.

Il pleure. Je l'entends à sa voix. Toutes ces années n'ont pas réussi à effacer certains signes. Comme je m'enferme toujours dans mon mutisme, il continue d'une voix craquelée.

— Comment est-ce qu'on en est arrivé là, mon ange ? Avant on pouvait se comprendre en un regard. Maintenant même les mots ne suffisent plus. Je conçois que tu m'en veuilles, que tu sois en colère et blessée, mais s'il-te-plaît, parle moi. Ton silence est pire que tout. J'ai parfaitement conscience de ce que je t'ai arraché, mais Dieu sait que les démons de l'enfer sont moins nocifs que ceux qui règnent dans ma conscience.

Je n'en peux plus, je ne veux plus rien entendre. De grosses larmes roulent sur mes joues et je me refuse à les essuyer. Peut-être que si je fais semblant de ne pas les voir elles s'en iront toutes seules ? À l'autre bout du fil, mon paternel attend toujours sa réponse.

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant