𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫

7. 𝐵𝑟𝑎𝑠 𝑑𝑒 𝐹𝑒𝑟

En média Ava Max - Not Your Barbie Girl

Les trois filles restent manger à ma table, en compagnie de Ryan, pour mon plus grand plaisir. Le repas suit donc son cours au gré des conversations toutes plus futiles les unes que les autres, tandis que j'essaye d'en apprendre un maximum au sujet du grand blond. Il me facilite d'ailleurs grandement la tâche, puisqu'il est très sociable et relance facilement la conversation.

— Alors Isis, tu viens d'où ? me demande-t-il entre deux bouchées.

— De loin, répliqué-je, avec un sourire en coin.

Il émets un ricanement amusé.

— Tu fais partie de ces gens qui n'aiment pas trop parler d'eux, hein ?

— On peut dire ça. Toi, par contre, je suis persuadée que tu possèdes une vie ô combien intéressante, et que tu meurs d'envie de la raconter à une jolie fille, dans le but de l'impressionner, dis-je, avec une pointe de sarcasme dans la voix.

Je sais bien que je suis censée jouer la groupie, mais c'est plus fort que moi. Si je ne suis pas désagréable, j'ai l'impression de le laisser prendre l'ascendant. Heureusement, loin de le froisser, ma répartie semble lui plaire.

— Alors comme ça, tu te considères comme une jolie fille ? m'interroge-t-il avec facétie.

— Parfaitement.

Il esquisse un demi-sourire qui doit sûrement en faire craquer plus d'une.

— Et tu as bien raison, ajoute le basketteur, en accompagnant son commentaire d'un clin d'œil séducteur.

Au fil de notre échange taquin, j'apprends que Ryan est né et a grandi en Louisiane. Il vit seul avec son père, qui s'est vu muté à Los Angeles, d'où leur déménagement. Je ne peux m'empêcher d'être impressionnée par l'aisance et le naturel dont il fait preuve. Créer une couverture est un exercice difficile. Il ne faut en dire ni trop, ni pas assez, et sans hésiter ou avoir l'air de réciter une leçon apprise par cœur.

Il est doué cet imbécile.

Wyatt m'a longuement prévenu, Ryan pourrait s'avérer dangereux, et même si ça m'embête de l'avouer, mon crétin de patron a encore eu raison. Bien évidemment, c'est une pensée que je ne lui partagerais jamais, même sous la torture. Il est déjà assez arrogant comme ça !

Tout ceci pour dire que je vois de quoi mon boss parlait, lorsqu'il m'a ordonné de rester sur mes gardes. Le fils Lane est le genre de personne dont le sourire franc et charmeur incite à la confiance. Je crois que si je n'étais pas un agent, je n'aurais eu aucun mal à lui dévoiler tous mes secrets les plus intimes, là, maintenant.

Heureusement, lorsqu'on exerce ma profession, on nous apprend à nous méfier encore plus de ce genre de spécimen. Le blond a l'habitude qu'on lui mange dans la main, et je vois bien, même s'il s'efforce de le cacher, que le manque de détails dans mes réponses le désarçonne. Il va d'ailleurs falloir que je ruse, au risque qu'il ne commence à se douter de quelque chose. Ce Ryan est un véritable challenge, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas frottée à un tel gabarit.

Le seul moment susceptible de le trahir, est lorsqu'il me dit que son père travaille dans l'armement, en restant très évasif sur le sujet. Personnellement, il me semble que j'aurai choisis un mensonge moins parlant. Mais en même temps, cela peut être le prétexte parfait pour justifier la présence de tout un arsenal chez lui.

Ma vigilance — en service vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et sept jours sur sept — me fait vite remarquer les regards en coin que me lance la brune à côté. Cette peste essaie par tous les moyens de détourner Ryan de notre conversation.

Elle est jalouse.

Je range cette information dans un coin de ma tête, persuadée que je pourrai en tirer profit plus tard. Alors que nous bavardons gaiement, un plateau tombe lourdement sur la table. Je reconnais vite le garçon détestable de tout à l'heure. Ses yeux aciers me fusillent, et il s'assoit pile en face de moi. Le même malaise que la fois précédente m'envahit. Je l'ignore et me tourne vers Ryan pour continuer notre échange.

Brusquement, le brun pousse son plateau au centre de la table, expulsant le mien qui manque de se renverser sur mon T-shirt. Une chance que mes réflexes ne me trompent jamais. D'un geste souple et agile, je me décale sur le côté, évitant de justesse nos deux repas qui viennent s'écraser au sol dans un bruit de verre brisé.

Le silence tombe sur la table.

Certains idiots applaudissent, jusqu'à ce qu'ils remarquent la façon dont l'on se foudroie l'un l'autre du regard. La température de la pièce vient de chuter de dix degrés d'un coup. Je soutiens les prunelles incendiaire de cet énergumène, et dans un ultime effort, lui hurle :

— Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! Tu es bipolaire, c'est ça ?

Je remarque du coin de l'œil l'air paniqué de certains élèves. Ils écarquillent les yeux et l'appréhension de ce qu'il va suivre se lit dans leurs iris. L'inconnu utilise la même voix froide et cinglante que lors de notre première rencontre :

— Non, le seul problème que j'ai, c'est toi.

Je reste interdite. Mais pourquoi s'en prend-t-il à moi sans raison ? Je sais bien que je ne suis pas un ange, mais je ne lui ai encore rien fais à ce que je sache. Trop c'est trop, c'est vrai que son aura diabolique m'a déstabilisée lors de notre premier contact, mais il faut que je me ressaisisse. Cet imbécile a grandement besoin que quelqu'un le remette à sa place, et puisque personne dans ce foutu self ne semble décidé à le faire, ce quelqu'un, ce sera moi.

— Vraiment ? Et bien sache que je m'en contrefous complètement. Visiblement un de nous deux est de trop ici, et je n'ai pas l'intention de bouger. Donc si tu n'es pas content, tu prends tes cliques et tes claques et tu débarrasses le plancher ! Personne ne te retient. Comme ça tu arrêteras peut-être de polluer mon air de ton horripilante présence.

Nous nous livrons ensuite à une bataille que perdra celui qui baisse les yeux en premier. C'est un véritable bras-de-fer qui s'engage. Affronter ses prunelles incisives me coûte, mais il est hors de question que je perde la face. Contre toute attente, ce dernier qui s'était levé sous le coup de la colère, finit par se rasseoir, me montrant ostensiblement qu'il n'est pas décidé à me foutre la paix. Je l'imite et les bavardages reprennent, surement dans le but de dissiper le malaise.

Je prends le temps de savourer ma petite victoire. J'ai bien vu qu'il ne s'attendait pas à ce que j'ouvre la bouche. Il a l'habitude qu'on s'écrase devant lui, pas que l'on lui tienne tête. Mais cet abruti a très mal choisi sa cible, et j'ai le pressentiment que les problèmes ne font que commencer.

Je suis loin d'en avoir terminé avec lui.

___________________

Salut à tous ! Deuxième rencontre, deuxième dispute, ça commence fort pour nos protagonistes.

Vous commencez à en apprendre un peu plus sur Ryan, que pensez-vous de lui pour le moment ?

Ne vous en faites pas, vous aurez aussi le temps de connaitre les filles, à commencer par leur prénoms, mais chaque chose en son temps...

C'est dans les prochains chapitre que l'intrigue commencera vraiment à s'installer donc j'espère que tout ça vous plaira et que la suite sera à la hauteur de vos attentes.

Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures !

Léna ✨