9. 𝐻𝑎𝑟𝑚𝑜𝑛𝑖𝑒 𝐷𝑖𝑠𝑠𝑜𝑛𝑎𝑛𝑡𝑒

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En média OHNO - Tru Tru

Comme je m'y attendais, j'entre sans aucune difficulté dans la fraternité aux lettres grecques. Cette dernière est déjà pleine à craquer, et personne ne fait réellement attention à moi.

Tant mieux.

La musique résonne tellement fort qu'elle semble recoller une partie des morceaux de mon cœur fatigué. Je slalome entre les étudiants éméchés et me laisse entraîner par cette horde de corps suants qui s'agite dans une harmonie dissonante. La plupart portent un sourire béat sur leurs lèvres, qui attestent de leurs absences, tandis que d'autres, enivrés par les poisons de l'alcool, se déchaînent avec une énergie animale.

J'ai toujours aimé les fêtes, cette ambiance qui ensorcelle, et cette allure de fin du monde, comme si cet instant-là était le dernier que nous avions. Ces moments fugaces et éphémères qui perdurent pourtant dans nos têtes sous la forme de souvenirs troubles et effacés.

Mes yeux se perdent dans la contemplation de ces visages flous et inconnus, lorsque l'un d'eux en particulier retient mon attention.

Aiden se détache brusquement de la foule pour s'avancer vers moi, la mine sombre. Mon euphorie retombe immédiatement, et je dois cligner des yeux plusieurs fois pour vérifier que ma vision ne me joue pas des tours. Cependant, lorsque sa main se pose sur mon bras pour m'entraîner dans un coin plus calme, mon cerveau est obligé de se rendre à l'évidence ; il est bel et bien devant moi.

Mon ami est très sincèrement la dernière personne que j'ai envie de voir. Ce soir, je voulais être égoïste, je voulais me noyer dans l'alcool jusqu'à en perdre la tête et laisser les fumées vaporeuses endormir mon esprit pour quelques heures. La dernière chose que je souhaite est qu'il se fasse du souci. Je vais bien. Ou du moins, j'irais bien. D'une façon ou d'une autre.

— Mais qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je finalement.

— Je voulais te faire la surprise. J'étais déjà arrivé à l'aéroport quand tu m'as appelé, me dit mon ami d'une voix morne, sous-entendant clairement que dans le cas contraire, il ne serait pas venu.

— À ta place, je serai directement monté dans un vol retour, dis-je en souriant faiblement.

Le brun me jette un regard en coin, puis finit par me prendre dans ses bras avec tendresse. Il est toujours en colère, mais l'inquiétude prend le pas sur la rancœur.

— Qu'est-ce que tu fais, Isis ? Je pensais que tu avais tiré un trait sur tout ça...chuchote-t-il dans mes cheveux.

Je me mords violemment la lèvre, laissant sans aucun doute une légère trace qui finira par saigner un peu, et mets un terme à notre étreinte.

— J'avais besoin de me vider la tête. Comment m'as-tu trouvé ?

— J'ai piraté ton téléphone, m'avoue-t-il sans aucune gêne.

Je lève les yeux au ciel, prenant une moue faussement agacée. Aiden étant un génie de l'informatique, évidemment qu'il ne lui a fallu que quelques minutes pour me trouver ! Cela n'empêche pas qu'il est toujours vexant d'avoir quelqu'un d'aussi doué en face de soi. Nous prenons place sur un canapé à la couleur délavé et mon ami pose enfin la question qui semble lui brûler les lèvres depuis le début.

— Alors, comment ça se passe avec ton père ?

— Comme attendu, dis-je avec un haussement d'épaule qui se veut nonchalant.

Il ne fait aucun commentaire, chose dont je lui suis reconnaissante, remplit un gobelet rouge d'eau et me le tend. Je le prends juste pour lui faire plaisir et verse discrètement un peu de vodka dedans en rejoignant la piste de danse improvisée, abandonnant Aiden à ses pensées.

Je laisse la musique et les lumières prendre possession de mon corps et de mon cœur. Verre après verre, danse après danse, je vois les formes devenir floues. Je ne suis plus consciente de rien. C'est comme si le monde tournait et que je n'en faisais plus partie. J'ai l'impression de m'être réfugiée dans une brèche du temps où la douleur ne peut plus m'atteindre, et je me sens vivre à nouveau. Je suis pleinement consciente que ce soulagement aura disparu demain matin, et que ce poids reviendra me comprimer la poitrine, mais ça ne rend ce sentiment que plus grisant. J'en ai besoin.

Une dernière bouffée d'oxygène avant de retourner en apnée.

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Hey  !

Voilà une fin de chapitre un peu brumeuse, d'ailleurs je sais qu'il est assez court et je m'en excuse mais c'est le prix à payer pour que je puisse continuer à publier régulièrement. N'hésitez surtout pas à écouter les musiques en média pendant votre lecture, normalement elles vous aident à vous plonger dans l'ambiance du chapitre.

Je vous ouvre un peu plus les portes de la tête d'Isis dans cette partie, ça vous plait ? Et ça vous effraie aussi peut-être un peu...mais avec elle vous n'êtes malheureusement pas au bout de vos peines.

Qu'est-ce que vous pensez de cette réconciliation express entre Isis et Aiden ? Je ne voulais pas gardés ces deux-là fâchés trop longtemps, ils en ont vu d'autres.

Enfin voilà, pensez à voter si vous avez aimé et on se retrouve vendredi pour le prochain chapitre...et le week-end !

Léna

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant