4 | 𝐷𝑦𝑙𝑎𝑛

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En média Molly Kate Kestner - Prom Queen

Je crois que je vais finir par commettre un homicide. Ça ne fait même pas deux jours que j'ai emménagés dans cette stupide maison, et je ne peux déjà plus les supporter. J'assiste, dégoûtée, au spectacle qui se jette douloureusement à mes yeux. Allie rit à gorge déployée, tandis que mon père la dévore de ce même regard dont il couvait ma mère à l'époque. Sauf que contrairement à elle, ma belle-mère à l'air ridicule. Entre leurs jeux de regards constants et leurs baisers langoureux, je me croirais prise au piège d'une comédie romantique de mauvais goût. Si ces deux-là ne m'ont pas tenu rigueur de mon petit débordement, ils s'appliquent pourtant à transformer chaque seconde de mon existence en un véritable supplice. Le pire dans tout ça ? Ils ne le font même pas exprès. Je réprime un frisson de dégoût lorsque du bout de son index, Allie essuie le coin de la bouche de mon père. Elle entreprend ensuite de lécher son doigt, un air moqueur collé au visage.

Achevez-moi...

La force suprême qui contrôle cet univers doit finir par m'entendre, puisque mon paternel se décide enfin à remarquer ma présence.

— Isis, nous prenions justement le petit-déjeuner. Assieds-toi.

Toujours plantée à l'entrée de la cuisine, je lui lance le regard le plus assassin que j'ai en réserve. Deux choix s'offrent à moi. Je peux piquer une nouvelle crise ou ignorer l'immonde son rocailleux qui s'échappe de la bouche de mon paternel. Je parviens à la conclusion qu'extérioriser ma colère de si bon matin n'est pas la meilleure façon d'émerger. J'attrape donc une banane et quitte la cuisine sans un mot. Montant les marches quatre à quatre, j'engloutis le fruit, avant de me munir d'un mascara et d'un crayon noir.

Quelques minutes plus tard, je tourne devant la glace, satisfaite du résultat. J'ai relevé mes cheveux ébènes, parsemés de mèches roses, en une queue-de-cheval floue, et assombri le contour de mes yeux pour leur donner plus d'intensité. Après tout, la première impression est la plus importante. Je dois me rapprocher d'Oren coûte que coûte, il me faut donc mettre toutes les chances de mon côté. Échouer n'est pas une option.

Wyatt m'a bien fait comprendre que le père comme le fils pouvaient se montrer dangereux. Pour ce qui est du reste des infos, je n'ai eu droit qu'au strict minimum : je recherche un sac noir, marqué des initiales de la Triade et d'une étiquette rouge. D'après ce que j'ai compris, Melvin est un ex-membre de l'organisation. Il a été chargé de récupérer ce fameux bagage, mais cet imbécile a fini par retourner sa veste et s'est enfui avec son butin. Il ne fait nul doute que cet homme mourra à la seconde où je récupérerai ce qu'il a si sournoisement dérobé. La Triade ne pardonne pas. Mon patron pense que Melvin a laissé le précieux bien sous la surveillance de son fils, avant de prendre le large vers une contrée lointaine. C'est pour cette raison que tout repose sur moi.

— Mlle Loyd ? Vous allez finir par être en retard.

Eliott, le rouquin de l'aéroport, s'impatiente en bas. Je jette un dernier regard critique à mon reflet et frémis en croisant mon propre regard. Il est dur et calculateur. Plus comme avant. L'étincelle qui illuminait mes iris s'est éteinte et l'expressivité qui les ornait a laissé place à un mépris distant. Je me rappelle d'une époque pas si lointaine où je souriais à mon double dans le miroir. Je secoue la tête pour chasser ces pensées moroses. Aujourd'hui, une nouvelle Isis me fait face, et rien ne peut plus l'arrêter.

Je m'élance dans les escaliers, mais mon père me retient par le bras.

— Je voudrais que tu rentres tout de suite après les cours, Allie et moi voulons te présenter Dylan. Vous avez le même âge, vous devriez vous entendre. Et puis, vous êtes de la même famille, maintenant, finit-t-il, rayonnant.

Je m'empresse de calmer la colère qui hurle en moi et me consume tel un bûcher ardent. Je voudrais lui charcuter le visage pour y effacer ce sourire. Mon père ne mérite pas d'être heureux. Je me dégage violemment et monte dans la voiture sans un regard en arrière. Un demi-frère maintenant ! C'est un cauchemar. Il est de toute façon hors de question que je fasse un quelconque effort pour m'intégrer. Cette famille n'est pas la mienne et je n'ai aucune envie d'en faire partie. Je décide d'ailleurs d'ores et déjà, de planifier quelque chose ce soir.

— Juste pour l'énerver ? me demande Aiden à travers le combiné, lorsque je l'appelle quelques minutes plus tard, profitant du trajet jusqu'au lycée pour le mettre au courant de mes dernières résolutions.

— Parfaitement, j'énonce avec fierté.

— C'est puéril, Isis. Et je t'interdis de me raccrocher au nez ! ajoute-t-il en me voyant venir.

— Pourquoi te fatigues-tu à me donner des ordres lorsque tu sais pertinemment que je n'en ferai qu'à ma tête ?

Je ne lui laisse même pas le temps de répliquer et fait coulisser la petite icône rouge sur l'écran de mon cellulaire, mettant un terme à la conversation. Écouteurs dans les oreilles, je regarde défiler les villas luxueuses et les sièges de grosses entreprises. Si j'ai réussi à ne pas étrangler mon père, et que je n'ai encore tué personne, survivre au lycée devrait être un jeu d'enfant, n'est-ce pas ? Cette certitude s'envole aussi vite qu'elle est apparue, lorsque mon chauffeur me dépose devant mon nouvel établissement. Je m'extirpe de l'habitacle sans un mot et claque la portière derrière moi. La journée s'annonce interminable.

☽ ● ☾

Hi guys !

Alors je sais que ce chapitre n'est pas le plus rempli côté action, mais il pose les jalons des prochaines péripéties, et j'espère que grâce à lui, vous commencez à un petit peu mieux comprendre l'état d'esprit d'Isis.

Enfin bref, donnez-moi vos avis sur cette nouvelle partie, qu'est-ce que vous en avez pensé ?

À quoi et surtout à qui vous attendez-vous pour Dylan ?

Un allié ? Un ennemi ? Et surtout quel accueil lui réservera notre chère Isis ?

Un allié ? Un ennemi ? Et surtout quel accueil lui réservera notre chère Isis ?

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À dimanche !

Léna

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant