34. 𝐷𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒

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En média Nightcore - Infected

Je suis perplexe. En plusieurs années d'amitié, pas une seule fois Aiden n'a manifesté l'envie de connaître sa mère ou son père biologique. Le fait qu'il ne m'ai rien dit alors que ce questionnement le taraude manifestement depuis un moment, me vexe sans pour autant me surprendre. Mon meilleur ami n'a jamais été doué dans l'art des confidences.

— Tu n'es pas sérieux, là ?

— Si, réplique-t-il, gêné. Il y a un mois à peu près, je me suis lancé dans des recherches pour les retrouver. Je ne sais pas trop pourquoi, ça m'est tombé dessus d'un coup. Je n'en avais jamais ressenti le besoin avant, mais ces dernières semaines ont été...floues. J'ai l'impression que je ne sais plus qui je suis, je crois que je me suis perdu, Isis. La Triade, toi, moi, Wyatt, ça n'a pas de sens.

Sa dernière phrase me fait l'effet d'une gifle. Ces paroles sont-elles réellement les siennes ?

— Attends, mais qu'est-ce que tu racontes ? je demande, complètement déboussolée. Tu n'es pas réellement en train de me dire que tu penses à arrêter l'espionnage ? C'est l'essence même de ce que l'on est !

Je fais de mon possible pour ne pas hausser la voix, mais la fin de ma tirade sonne comme un cri, ce qui ne semble pas plaire à mon ami qui se met à me toiser avec désolation.

— Est-ce que tu t'entends parler Isis ? On ne discute pas d'un cours de cuisine, mais bel et bien de tuer, massacrer, et torturer des gens ! Tu réalises qu'on s'est habitués à ces meurtres prémédités au point de ne plus faire la différence entre ce qui est bien et mal ?

Je suis abasourdie, je n'aurais pas pensé une seule seconde qu'Aiden puisse ne serait-ce que songer à renier son appartenance à la Triade. Je prends tout ça beaucoup trop à cœur, j'en ai conscience, mais son rejet m'atteint personnellement.

— Il n'y a ni bien ni mal Aiden, les choses ne sont pas blanches ou noires ! Ce n'est qu'une question de point de vue.

— Isis, dit-il durement, j'ai besoin que tu réfléchisses très sérieusement à ça : est-ce que tu es heureuse ?

— Quoi ? bégayé-je.

Cette phrase m'électrocute plus qu'aucune matraque électrique ne le fera jamais. C'est une question qui ne m'avait même pas effleuré l'esprit auparavant. Je reste sans voix, complètement hébétée.

— Exactement, lâche-t-il devant mon silence. Wyatt nous demande de récupérer des clés USB mystérieuses, kidnapper et assassiner des personnes qu'il dit représenter une menace, mais pour qui ? Pour nous, pour lui, pour la société ? La Triade n'est pas une agence de protection, nous sommes des criminels. La vérité c'est que nous faisons ce qu'il nous demande à chaque fois, sans même y réfléchir, sans se demander si on a envie de le faire, ou se poser de questions. Nous n'avons plus aucun esprit critique lorsqu'il s'agit de lui. On se contente d'obéir aveuglément. Je...je n'avais pas conscience de tout ça jusqu'à récemment moi non plus, mais elle m'a ouvert les yeux.

— Elle ? fulminé-je tout à coup. Tu te rends compte que tu es en train de remettre en question tout ce en quoi, toi et moi, on a toujours cru ? Tout ce pour quoi on s'est battus ? m'exclamé-je. Je n'arrive pas à réaliser qu'on ait cette discussion. Évidemment qu'on obéit aux ordres de Wyatt, c'est le concept d'un patron ! Et évidemment qu'on travaille pour la Triade, parce que...parce que...c'est comme ça, c'est notre destin en quelque sorte. Tu te poses les mauvaises questions. Au lieu de te demander pourquoi rester, interroge-toi sur pourquoi partir ?

— N'avoir aucune raison de rester en est peut-être une bonne pour partir.

Je m'apprête à répliquer mais les mots se perdent dans ma tête. Comment peut-il me faire ça ?

𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant