𝐋𝐚 𝐍𝐞́𝐛𝐮𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫

64. 𝑅𝑒𝑔𝑎𝑟𝑑𝑒-𝑚𝑜𝑖

NDA importante à la fin, je sais que c'est un peu long mais elle me tient à cœur. 💖

Retour au PDV d'Isis

Je papillonne doucement des cils, pour laisser mes rétines s'habituer à la luminosité ambiante. J'ouvre enfin les yeux et soupire d'aise. Plus de vision horrifique de Cassie et de souvenirs douloureux. Je viens de me réveiller de ce qui m'a semblé être un cauchemar sans fin dans lequel je ne cessais de replonger encore et encore.  Les rayons de soleil qui perce à travers la véranda m'indique d'ailleurs que le jour vient de se lever.

— Isi ?

La voix de mon père se fait hésitante. J'écarquille les yeux, surprise, jusqu'à ce qu'un courant de douleur partant de ma nuque parcourt mon corps. J'effectue une grimace et mon paternel s'empresse de rassembler les pièces du puzzle qu'il manque à ma mémoire.

— J'ai dû retirer le dard empoisonné qu'on t'avait injecté...s'excuse-t-il presque, alors même que ce geste m'a probablement sauvé la vie.

Tout s'emboîte enfin et les souvenirs me reviennent. La sorcière blanche, Nash, moi réclamant mon père, Cassie, et Dylan impuissante. Mon paternel s'approche doucement de moi comme s'il faisait face à un animal sauvage qu'il tentait d'apprivoiser sans le brusquer. Voyant que je ne réagis pas, il s'assoit à mes côtés sur cette table opératoire improvisé, à une distance raisonnable.

— Tu n'as pas perdu la main, à ce que je vois, plaisanté-je, encore shooté par les produits avec lesquels il m'a endormi.

Je passe lentement mes doigts sur les points de suture le long de ma nuque. Ils sont propres, rien à redire. Mon père garde le silence.

Il soupire longuement, puis entame la grande discussion. Celle que nous n'avons jamais vraiment eue. Rectifications, celle que j'ai toujours refusé d'avoir. Il profite sûrement du fait que je sois sous calmants pour ne pas que je m'énerve. Rien que le fait que je lui adresse la parole sans haine dans la voix indique à quel point je n'ai pas les idées claires.

— Ecoute ma puce, je sais que tu m'en veux beaucoup pour ce qui est arrivé. Je sais aussi que je le mérite, mais je ne supporte plus de nous voir comme ça. On est une famille, on est censé se soutenir coute que coute, pas juste quand tu te trouves en danger de mort. Je suis heureux que tu sois venue, mais j'aimerais qu'il t'arrive de le faire sans que tu sois au pied du mur. Je sais que reconstruire une relation va nous prendre du temps et de l'énergie, mais je suis persuadé que ça en vaut la peine. Pourtant je pourrais le souhaiter autant que je le veux, je ne peux pas faire ça tout seul, j'ai besoin d'aide, mon ange. Si tu savais, il n'y a pas un seul jour qui passe sans que je me reproche sa mort. J'ai conscience de t'avoir arraché une sœur, mais j'ai également perdu ma petite fille. Et Cassie...elle serait horrifié de voir ce que nous sommes devenus. Ça, dit-il en désignant l'espace qui nous sépare, ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu, et tu le sais.

Je reste immobile, me refusant à laisser la colère qui hurle en moi s'extérioriser. De toute façon je n'en ai pas l'énergie. Je me redresse et lâche un long soupir.

— Tu crois vraiment que je t'en veux parce que je te tiens responsable de sa mort ? dis-je d'une petite voix que je reconnais à peine.

Le regard de mon père se trouble en face de moi. Je suis à bout de force, et lui aussi, j'en ai assez de cette guerre qui fait rage entre nous depuis si longtemps. Mais je sais qu'il n'y aura pas d'entente possible tant que je ne lui aurais pas craché tout ce que j'ai sur le cœur.

— Je t'en veut parce que tu m'as laissé tomber, énoncé-je d'une voix brisé.

Je pensais réussir à m'exprimer sans pleurer, pourtant les larmes brûlantes affluent déjà. Je suis forcé de finir ma phrase en chuchotant pour ne pas éclater en sanglots.