J'eu la confirmation que c'était une mauvaise idée, au bout de trois pas. Ce qui ne m'empêcha pas de continuer malgré tout ! Même si l'étrange voix mentale s'était tue, l'urgence que je ressentais demeurait. Était-il possible que ce soit Gabriel qui m'ait appelé sans s'en rendre compte ? Non, l'énergie n'avait pas son « odeur », me dis-je tandis que je bandais toute ma volonté pour mettre un pied devant l'autre et marcher droit. Je me sentais faible et chaque nouvelle enjambée m'envoyait des éclairs de douleurs dans tout le corps. Une sueur moite et glacée coulait dans mon dos et je devais lutter pour garder mon attention fixée sur le couloir. Dans l'état où je me trouvais, si nous étions attaqués, je ne serais plus un fardeau qu'une aide, fus-je forcée de constater avec amertume. Parvenue au bout du couloir, je dus faire une pause en m'agrippant à l'angle du mur.
Les flashs de lumière provenant des ambulances et éclairant le hall comme un soir de réveillon, faillirent m'éblouir, ravivant la migraine que je n'avais pas eu conscience d'avoir. L'endroit où je me trouvais était encore étrangement calme, mais à peine quelques mètres plus loin un chaos indescriptible régnait. Des victimes, étendues ou non sur des brancards de fortune, occupaient à présent presque entièrement l'espace vitré où Worth et moi nous tenions à peine une heure auparavant. Quelques soignants débraillés et à l'air harassés s'échinaient à tenter de leur apporter leur aide mais étaient visiblement surchargés par le nombre.
Je longeai le mur, ne voulant pas les gêner, le regard fixé sur ce chaos. Les cris et les éclats de voix provenant de l'extérieur, me parvinrent au moment où j'arrivais en vue de l'entrée des urgences presque totalement oblitérer par une foule compacte. Malgré ma faiblesse et ma douleur, j'accélérai le pas dès que j'aperçu l'éclat métallique d'une arme à feu dans la main de l'un des hommes plantés devant l'entrée des urgences. En m'approchant, je vis que plusieurs étaient armés, brandissant leurs armes en direction d'un autre groupe de personnes, dont Worth faisait partie.
Ce dernier, les mains partiellement levées, exsudait la colère, l'énervement et l'impuissance, tout comme l'un des hommes en blouse blanche se tenant à ses côtés. Ils étaient en train de parler, mais le brouhaha sonore, amplifié par la configuration du hall m'empêchait d'entendre ce qu'il disait malgré mon ouï de métamorphe.
Gabriel ne m'avait pas vu, mais la compulsion urgente à le rejoindre était toujours là. Tant bien que mal, je me faufilai entre les personnes agglutinées, comprenant de quoi il retournait dès que leurs slogans et leurs cris de haine, jusque-là étouffé par les portes en verre, parvinrent plus distinctement à mes oreilles.
— Qui nous dit que vous êtes vous-même humain, d'abord ? cria un homme au visage déformé par la peur et la colère. Ces monstres nous attaquent et nous devrions accepter de les soigner comme si de rien n'était ! Qui nous dit que ce n'est pas une ruse pour pénétrer dans les hôpitaux et continuer leur massacre ?
— Vous-même, vous en avez parlé avec un des médecins, je vous ai entendu le dire !
— Et je le pense toujours ! Mais les métamorphes qui se trouve dans cette ambulance, ont tenter de sauver des policiers...
— C'est faux ! Qu'est-ce qui nous le prouve ? Ce sont tous des monstres ! brailla un autre homme coupant la parole à Worth qui paraissait ne retenir sa frustration et sa rage qu'à grande peine.
La petite foule massée devant les portes s'avança de quelques pas en direction de l'inspecteur, des médecins et des ambulanciers se trouvant à ses côtés. Tous dans les cris et l'aura de haine et de colère qui sourdait de la foule, disait que ça allait mal tourner.
— N'avancez pas ! leur ordonna Worth d'une voix forte et froide en portant ostensiblement la main à son arme.
— Il n'y a pas que des métamorphes dans ces ambulances, il y a aussi des civils et des policiers blessés, tenta de les raisonner une jeune ambulancière en levant les mains. Vous comptez les laisser mourir sur le parking de l'hôpital ?
Son intervention fit mouche, puisque plusieurs personnes s'arrêtèrent, commençant visiblement à se demander s'ils avaient choisi le bon camp. Je profitai de cette accalmie momentanée pour m'avancer encore de quelques pas, slalomant entre les corps suintant la colère et la peur.
— Ne les laissez pas vous amadouer ! Si vous accepter de laisser entrer un seul des blessés de ces ambulances, ils en profiteront pour imposer les autres. Sans compter qu'ils peuvent nous mentir, vous savez faire la différence entre un humain blessé et l'un de ces monstres vous ?
— C'est bien la preuve qu'ils sont humain, puisqu'on ne peut pas les différencier ! balança un infirmier.
L'homme qui devait être l'instigateur de cette mini-rébellion et son chef par défaut, s'avançant vers l'homme qui venait de parler d'un pas menaçant. Tout en lui exsudait la menace et la colère.
— Ce ne sont pas des humains, ce sont des abominations qui n'hésitent plus à montrer leur vraie nature et à attaquer les nôtres sans pitié.
— Monsieur Shaft, je comprends votre douleur et votre colère, tenta de le raisonner Worth, d'un ton qui indiquait clairement que ce serait la dernière fois. Mais comme tous les hommes ne sont pas des tueurs ou des terroristes, tous les métamorphes ne le sont pas non plus et la majorité essaye de nous aider ou sont pris pour cible, comme nous.
— C'est faux ! Un ramassis de mensonge ! Vous faites partie de la brigade surnaturelle, vous êtes pratiquement des leurs ! En plus vous traînez avec cette pétasse blonde qui les représente. Vous n'êtes pas digne de confiance.
Le brouhaha s'intensifia et la petite foule, galvanisée par le discours hystérique de Shaft, recommença à avancer vers Worth, qui cette fois sortit son arme.
« Rejoins-le »
L'afflux mental me frappa comme une gifle et je dus me retenir un instant au montant de la porte que j'étais en train de franchir. Ne comprenant toujours pas d'où, ou de qui, ces instructions provenaient, je décidais malgré tout de leur faire confiance et oubliant toute prudence, m'avançait au milieu de la foule.
— C'est elle ! s'écria une voix, relayé par plusieurs autres à mesure que je remontai leurs rangs, les corps s'écartant devant moi comme un rideau.
— C'est Hannah Moore !
La surprise et la peur que je leur inspirais, laissa vite place aux sifflets et aux insultes, tandis que je continuais à avancer jusqu'à Gabriel, qui m'observait lamine inquiète et les yeux écarquillés.
— Mon dieu Hannah, mais qu'est-ce que tu fais là ? me demanda-t-il d'une voix où l'inquiétude le disputait à la colère, tandis qu'il me réceptionnait tant bien que mal dans ses bras, gêné par son arme.
— Je viens t'aider, t'avait l'air dans une impasse, lui dis-je d'une voix que j'aurais aimé plus assurée mais qui reflétait plutôt bien mon état général, c'est-à-dire merdique !
— Vous voyez ! C'est un des leurs, il...
— Maintenant ça suffit ! tonna Worth. C'est vous qui ne voyez rien du tout ! Cette jeune femme est une métamorphe, ce n'est un secret pour personne et à cet instant elle est la preuve vivante que je vous dis la vérité. Elle a été blessée en m'aidant à sauver une jeune policière et vous pouvez constater par vous-même, qu'ils ne sont pas invincibles et qu'ils ne sont pas tous contre nous. Alors, vous allez laisser les ambulanciers faire leur travail et métamorphes ou non, laisser entrer les blessés dans l'hôpital. Sinon, je vous promets que je leur dégagerai un passage moi-même et par la force s'il le faut !
Puis, l'arme braqué devant nous, il commença à avancer en soutenant presque tout mon poids, faisant signe aux ambulanciers de nous suivre.
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Nouveau chapitre qui aurait dû arriver plus tôt, mais vacances et enfants à la maison ne riment pas bien avec calme et concentration =)) Étonnant, non ?! :-) Maintenant que je suis lancée, j'espère pouvoir poster un chapitre tous les deux jours, a très vite, donc ^.^
Kisssss <3
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Elémental - Transfiguration Tome 1
ParanormalDans un monde en pleine mutation où les humains viennent d'apprendre l'existence de leurs cousins métamorphes, Hannah, jeune femme froide et indépendante à été choisie malgré elle pour représenter les siens lors de cette transition difficile et risq...