Chapitre 47-3

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Profitant de la diversion, je m'approchais de Gabriel et posai ma main sur son bras pour accentuer la liaison et encore booster notre pouvoir. Si le feu était l'élément de Worth, l'air était le mien et je compris ce qu'il voulait faire dès que l'énergie qu'il déployait se propagea en moi. Nos mains se trouvèrent et nos doigts s'entremêlèrent tandis que mon pouvoir et l'essence même d'Ivy se déversait en lui.

Ses yeux virèrent instantanément au bleu limpide d'un ciel d'été et je sus sans même les contempler que les miens étaient identiques. Puis, gorgés de puissances, nous levâmes nos mains vers le plafond et le ciel nous répondit. Là-bas, au dehors, un effroyable orage venait de se former et il répondait à notre seul appel.

« On doit tenir jusqu'à ce qu'il touche l'un des transformateurs ! », me transmit Gabriel avec effort, luttant pour garder prise sur le pouvoir qui enflait encore.

— Aaurie ! Maintenant ! criai-je, certaine qu'elle comprendrait.

Elle évita un coup vicieux de Kane en direction de sa gorge en se laissant tomber au sol où elle glissa légèrement avant de reprendre ses appuis, se redresser et dans un mouvement tournant, lui envoya son pieds en plein plexus. Il fut projeté quelques pas en arrière, à peine à un bras de distance des transformateurs.

— Il doit les toucher ! cria Worth.

Aaurie lui asséna un nouveau coup, mais il le para sans difficulté, même s'il vacilla légèrement en arrière. Je crus que nous avions rater notre chance, lorsque Monroe lui tira une balle en plein front.

— Maintenant ! nous cria-t-elle tandis qu'Aaurie en profitait pour réarmer son bras et l'envoyer enfin heurter les installations électrique dans un bruit sourd.

— Écartez-vous ! rugit Worth, alors qu'il relâchait son contrôle sur le monstre qui faisait rage au-dehors.

Un horrible craquement retentit lorsque la foudre frappa la centrale, pile à l'aplomb de Kane. Le monde paru imploser autour de nous alors qu'une odeur d'ozone emplissait l'atmosphère. Je vis l'éclair se propager à travers toute l'installation grillant Kane comme un toast trop cuit ! La surprise embrasa momentanément ses prunelles, tandis que sa peau grillait.

— Nous gagnons quand même ! parvins-je à lire sur ses lèvres encore étirées en un rictus méprisant alors que la vie le quittait enfin et que nous nous écroulions, à bout de force, l'électricité rampant encore sur notre peau, hérissant tous nos poils.

Épuisés au-delà de toute mesure, nous n'eûmes pourtant pas le loisir de souffler, le plafond commençant à s'écrouler autour de nous. Tremblants, nous parvînmes à nous mettre debout, Cherchant immédiatement des yeux, Aaurie et Monroe. Nous les repérâmes non loin de là, affalées contre un mur, visiblement à moitié évanouies.

— Vite, il faut sortir de là ! leur dis-je d'une voix éraillée alors que l'alarme incendie se déclenchait, m'explosant les tympans.

Nous dûmes les aider à marcher sur les premiers mètres, le temps qu'elles retrouvent complètements leurs esprits et qu'elles puissent nous guider jusqu'à l'escalier de service. À la vue de l'escalier métallique en colimaçon qui ne semblait pas avoir de fin, les quelques forces qu'il me restaient m'abandonnèrent et durant une seconde je cédai au découragement. Néanmoins vite poussée en avant, quelques instants plus tard, par la fumée qui commençait à s'insinuer sous la porte. L'ascension fut longue et pénible et c'est à bout de souffle que nous arrivèrent dans un couloir remplie de fumée. Courbés en deux et arrosés par les sprinklers, nous suivîmes la signalisation verte indiquant la sortie de secours la plus proche. Nous débouchâmes dans un hall immense grouillant de pompiers et de lance à incendie.

— Par ici ! nous cria un homme en faisant de grands gestes du bras. Dirigez-vous vers les ambulances, quelqu'un va vous examiner.

Trop essoufflés et éreintés pour protester, nous nous dirigeâmes dans la direction indiqué. Nous étions encore à mi-chemin des portes vitrées, lorsqu'un cri retentit.

— C'est eux ! Arrêtez-les ! Ce sont eux qui ont provoqué l'orage et l'incendie ! hurla une femme hystérique en faisant signe à plusieurs militaires armés, postés devant les portes.

Trop choqués pour réagir, nous restâmes sans bouger, tous les regards fixés sur nous.

— Ne bougez plus ! nous ordonna l'un des militaire d'une voix dure en nous mettant en joue.

— Il doit y avoir une erreur, commença Gabriel. Je suis de la po...

— Nous savons très bien qui vous êtes, nous avons tout en vidéo. Au moindre geste suspect, on tire.

Worth, lui laissant à peine le temps de finir sa phrase, nous enveloppa tous d'un halo flamboyant tout en les déséquilibrant d'une bourrasque bien placé, avant de nous entraîner derrière lui. Nous courûmes jusqu'aux portes, poursuivit par des cris affolés et des propos haineux. L'air, presque hivernal, nous prit à la gorge nous faisant presque suffoquer après la chaleur infernale régnant à l'intérieur. Puisant dans nos réserves, nous accélérâmes pour rejoindre le couvert des arbres où nous nous enfonçâmes dans les bois.

Désorientés, épuisés et paniqués, nous marchâmes autant que nous le pûmes avant de nous écrouler dans une déclivité naturelle du sol, partiellement dissimulés par un tronc d'arbre mort. Je sursautai lorsque quelque chose vibra dans ma poche, me tirant de la torpeur agité dans laquelle j'avais sombré mes fesses à peine posées sur la terre humide. Incrédule, je sorti le portable miraculeusement indemne de ma poche, mes doigts gourds manquant le lâcher. J'ouvris le sms d'une pression du doigt et ce que j'y lu, fini de me plonger dans le désespoir.

« Le gouvernement à déclaré l'état d'urgence. Nous sommes à présent considéré comme des ennemis. Le refuge est tombé. Beaucoup de morts et de prisonniers. Christina, les enfants et moi hors de danger avec quelques autres. Si vous vous en êtes sortis, faites-nous signe et nous vous indiquerons comment nous rejoindre. Jude »

Hébétée, je fis passer le portable à mes compagnons, n'ayant pas la force ni le courage de leur annoncer la nouvelle de vive voix.

— Ce n'était qu'une question de temps, commenta Aaurie d'une voix résignée. Si c'est la guerre qu'ils veulent, ils vont l'avoir.

— Il est vraiment mort ? demanda Monroe quelques minutes plus tard.

— Oui, lui répondis-je simplement, blottie contre Gabriel dont la proximité ne parvenait même pas à me réchauffer.

— C'est bien alors. Nous aurons au moins réussi cela. Il n'a pas gagné.

Oh que si, pensai-je amèrement lorsque nous reprîmes notre route quelques heures plus tard. Ils avaient obtenu exactement ce qu'ils voulaient et c'était nous qui le leur avions apporter sur un plateau d'argent. 

Elémental - Transfiguration Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant