Chapitre 4

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Je suis devant une glace, observant mon reflet avec l'envie de pleurer.

_ Bah alors ! Mon petit choux ne fait pas cette tête, tu es magnifique ! S'exclame Lilia à côté de moi de sa voix aigrelette.

Mon beau père m'a emmenée dans les coulisses d'un club de strip-tease, me laissant avec la mère maquerelle en chef. Pour sa vente aux enchères, il a à priori privatisé la salle de "spectacle" de cette dernière afin de ne pas avoir de visiteur inopportun.

Je ne sais pas trop ce qui m'horrifie le plus: le monde dans la salle de l'autre côté des loges, près à participer à ce cirque, les autres filles à priori contente de leur sort, où mon propre accoutrement. Dégoûtée, je regarde l'ensemble de lingerie fine en dentelle rouge, avec un porte jarretelle assorti que je peux voir sur mon reflet. Je pense avoir touchée le fond du sordide... En même temps une fois vendue, je ne sais pas ce qu'il m'attend.

Lilia la maquerelle, me tourne la tête sans égard pour mon désarroi intérieur, afin de pouvoir maquiller mes yeux, tout en me complimentant.

_ Quel couleur magnifique, on dirait deux émeraudes ! Me dit-elle avec enthousiasme.

Je ne sais pas trop ce que je ressens envers elle. Cette femme prépare les participantes comme on prépare les animaux pour une exposition de beauté. Elle m'a brossée les cheveux avec soin les faisant cascader sur mon dos avec élégance, elle m'a ensuite habillée et maintenant elle me maquille. Durant tout ce temps, elle n'a pas fait la moindre remarque ni sur mes mains et pieds attachés ni sur le bâillon qui m'empêche toujours de lui cracher à la figure. Regrettant juste de ne pas pouvoir me mettre du rouge à lèvre. Elle se plaint régulièrement de ne pas avoir la possibilité de faire son travail parfaitement aux hommes de mon beau père, qui eux semblent n'en avoir rien à faire.

Ces derniers, assis derrière moi dans la loge, habitué à mon naturel bagarreur, sont surtout occupés à lorgner chacun de mes mouvements, m'empêchant de tenter de m'enfuir pendant cette mascarade.

Lilia, imperturbable, se contente de me regarder comme si tout était normal, ajustant quelques mèches. Cela marche, remarqué, j'ai arrêté de lutter inutilement depuis un moment déjà.

Mon beau père fini par rentrer dans mon champs de vision, ses yeux noirs et froid me transperçant dans le reflet du miroir. Se glissant derrière moi tel un serpent, il pose sa main sur mon épaule, serrant tellement fort que je me demande si ma clavicule va cassée.

_ Ça va être ton tour ! Dit-il, froid comme la glace. Ne me déçois pas, sinon tu sais ce qu'il va t'arriver ! Tu as la piste de Pole dance pour toi toute seule, sort leur le grand jeu!

Il me détache ensuite les mains et les pieds, sûr que je ne ferai rien de stupide, avant que je ne retire moi même mon bâillon. Sous son regard triomphal, j'enfile les talons aiguilles que me tend Lilia, sans hésitation, comme si j'avais perdu toute envie de me battre.

À vrai dire, durant cette improbable séance de relooking façon film interdit au moins de 18 ans, j'ai bien réfléchi. Pour le moment je dois jouer le jeu de Carlos, jusqu'à ce que je trouve le moment propice pour agir. Je ne pourrai rien faire s'il continue à me surveiller comme le lait sur le feux, et il le fera tant qu'il ne sera pas sûr de mon obéissance. Ma seule solution est d'aller danser sur cette fichue barre, pour faire diversion.

Je me redresse avec le peu de dignité qu'il me reste afin de me diriger vers la scène. La fille qui est avant moi est plutôt douée, mais elle manque de souplesse dans certains mouvements, alors que dans certains autres c'est la technique qui lui fait défaut.

Je ricane devant mon œil critique qui revient à un moment vraiment inopportun. C'est comme si j'avais quitté le pole dance hier, alors que cela fait des années que je n'en ai pas fait.

Apprivoise Moi, Si Tu Peux !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant