Chapitre 71

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Point de vue de Ryley

Je cours dans le couloir, en reniflant la trace de la louve courant devant moi. Avec horreur, je constate qu'elle est déjà dans la cage d'escalier. Je dépasse sans mal les membres de la prime meute, excités par la chasse. Je suis l'alpha, je dois être devant car notre gibier pourrait être dangereux.

Quand j'atteins la hauteur de Veroni mes babines se retroussent, je pourrais facilement lui arracher la tête sans même avoir à ralentir. Après tout, il m'a déjà échappé plusieurs fois, et je tiens enfin l'occasion d'en finir avec lui, je ne devrais pas le laisser partir à nouveau. Ce suceur de sang convoite ma femelle, pourtant la voix de ma raison m'en empêche. J'ai une autre mission plus urgente que régler mes comptes avec lui.

Me concentrant sur l'odeur de ma véritable proie, je prend une bonne longueur d'avance d'un coup de reins, laissant mon rival sur place. En quelques secondes, j'arrive à l'étage du dessus, apercevant le pelage gris et blanc un peu plus loin. La bête désespérée donne tout ce qu'elle a pour atteindre le repaire de sa progéniture. Je bondis une nouvelle fois couvrant rapidement la distance qui me sépare d'elle.

Sentant ma présence à ses trousses, cette dernière hurle en défonçant la porte. Je me crispe, car c'est ce que je devais éviter à tout prix. Fou de rage, je me précipite à mon tour dans la chambre. La voyant patiner sur le carrelage, peinant à courir, je la propulse d'un coup de patte contre le mur. Elle s'écrase, s'enfonçant dedans en reprenant forme humaine, à moitié assommée.

J'ai attrapé la proie, toutefois, je sais que j'ai échoué. Mon côté humain est aussi furieux que moi. Il me faut un exutoire pour ma haine et ma colère. Tournant la tête vers l'intérieur de la chambre, je grogne contre l'oméga qui tentait de s'éloigner de moi à quatre pattes contre le mur opposé. L'homme se plaque contre la cloison en voyant mon regard posé sur lui, les yeux exorbités par la peur.

Je le renifle un instant... Clignant des yeux car mon nez ne le détecte pas. Je reste un peu perplexe, avant que ma raison ne me pousse à chercher mes véritables ennemis.

La pièce est chargée de leurs parfums.

Je rentre plus en avant dans la suite, toutes dents dehors, passant à côté de Mélanie qui bouge mollement. En face de moi, ma mère et Lydie demeure bouche bée à moitié relever autour d'une table où reposent leurs tasses de thé, tandis que la buveuse de sang m'observe avec un air amusée sur le visage. Elle est tranquillement assise dans un fauteuil, un verre de whisky à la main, absolument pas surprise de notre irruption dans sa chambre d'hôte. Ses yeux d'obsidiennes me scrutent simplement, comme s'ils pouvaient regarder dans mon âme.

__ Ry... Ryley ! Bégaye Marika d'une voix affolée en s'approchant.

Elle, elle ne s'attendait pas à me voir, je le sais car son cœur bat la chamade et ses pupilles sont dilatés. Je réfléchis un moment en la regardant, mes instincts bouillonnant dans mes veines. Il fut un temps où je devais la protéger, où elle était ce qui comptais le plus pour moi. Toutefois elle m'a trahis, s'en prenant à ma meute, elle va devoir payer. Je la toise, les oreilles couchées en arrière, le poils dressé, et les crocs sorties. Mes mâchoires claquent prêtes à mordre la chair, mais ma conscience me retient une nouvelle fois, alors que la louve se fige à bonne distance, hébété par mon attitude.

Je secoue la tête, pour chasser ma part humaine, je refuse de laisser ma place avant de les avoir déchiqueté. Pourtant, ma raison lutte avec moi, m'empêchant de donner libre court à ma fureur. Des deux mains, j'attrape mon crâne comme pour l'en faire sortir de force, ne comprenant pas pourquoi je devrais les épargner ne serait-ce qu'un temps alors qu'elles ont failli tuer mon âme sœur !

Apprivoise Moi, Si Tu Peux !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant