Chapitre 10

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Jessica est repartie depuis longtemps, me laissant seule, toutefois le loup n'est pas revenu me voir. Indécise, je reste assise dans le lit à retourner ma situation dans tout les sens. Cependant, j'ai beau me ronger les sangs, je suis incapable de trouver une solution à mes problèmes pour l'instant, car mon estomac gronde. J'ai tellement faim que je ne parviens plus à réfléchir clairement.

Me décidant à me prendre en main, je me lève en titubant, ma migraine me perforant encore l'arrière du crâne. La couverture retombe sur le lit, tandis que je regarde mes pieds pour ne pas trébucher. D'un œil distrait, je remarque que je porte toujours ses vêtements. Au moins, je ne suis pas nue, je suppose que je n'ai pas à me plaindre.

Mon ventre se remettant à s'agiter, je reprends mon chemin vers la porte bien décidée à affronter le loup garou qui hante cet appartement. La situation est ce qu'elle est... Je ne peux plus fuir maintenant que je suis liée à lui. Il va donc falloir que je trouve une façon de vivre avec... Et en premier, il faut que je me nourrisse.

Je franchi le seuil de la porte avec précaution, sans savoir à quoi m'attendre. Après tout, vu comment le loup est sorti de la chambre, je ne suis pas sûr de le retrouver de bonne humeur. Jetant un œil dans le salon, je ne vois pourtant personne, ce qui ne me rassure pas. Tendue, j'avance sur mes gardes.

Les dimensions de la pièce sont vraiment énormes par rapport à mon studio. Il me faut faire au moins quarante pas pour m'approcher de la baie vitrée qui m'attire. Penchant la tête avec nostalgie, j'observe la vie qui continue de s'écouler tranquillement en contre bas à travers la fenêtre, avec l'impression que se sera bientôt ma seul façon d'avoir un contact avec l'extérieur.

_Ne penses pas à t'enfuir par là, retentit tristement la voix de Ryley sur ma gauche. Tu n'es pas un oiseau !

Je me tourne, le cœur battant, un peu surprise, le trouvant assis à même le sol, les jambes tendues devant lui, adossé à l'îlot central de la cuisine. Il n'a pas l'air en grande forme. Sa voix est rauque alors qu'il a le teint d'une pâleur effrayante. Mon regard s'attarde sur ses yeux bleus aciers qui me transpercent l'âme, tandis que je sens qu'il tente de deviner mes intentions.

N'ayant plus peur de me faire hypnotiser, j'en profite pour mieux le détailler, observant sa barbe et sa moustache coupées court sur son visage aux mâchoires carrés. Je m'attarde un instant sur sa coupe de cheveux ainsi que sur les signes tribaux rasés sur les flancs de son crâne, en me demandant s'ils ont une quelconque signification...

Jessica a raison, si mon cœur bat à tout rompre, mon cerveau, lui, fonctionne normalement. Je peux à nouveau réfléchir posément même si je le regarde dans les yeux. En fait, je me rends compte que ma migraine c'est envolée. A priori un contact visuel me suffit pour me sentir mieux, c'est plutôt rassurant.

_ Alors quoi ? Me demande-t-il, entre énervement et désespoir, n'entendant pas mon soupire de soulagement. Pas de pique cinglante ? Tu ne me craches pas au visage ?

Je me mords la lèvre en rougissant, un peu honteuse. Je ne suis pas la seule à souffrir de cette situation. Maintenant que je sais qu'il ne m'a pas touchée, je ne panique plus autant qu'avant et je me rends bien compte que je lui dois beaucoup. Il m'a plus d'une fois sorti de mauvais pas, aussi je me sens un peu coupable de l'avoir mis dans cet état.

_Merci ! Lui dis-je en me raclant la gorge, gênée.

Il me regarde avec de grands yeux ronds comme si une corne venait de me pousser au milieu du front. Puisqu'il ne m'a pas fait de mal, ça me paraît normal d'être plus poli et moins agressive avec lui. Sans compter que si je veux savoir quel marge de manœuvre j'ai avec la reconnaissance, je dois faire en sorte de pouvoir discuter avec lui sans que l'on soit à couteau tiré.

Apprivoise Moi, Si Tu Peux !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant