Apprivoise Moi, Si Tu Peux !

Chapitre 15

J'ouvre les yeux sur un brouillard blanc et opaque. Il me faut un petit moment pour comprendre qu'il s'agit de la fumée des airbags, alors que je suis toujours dans l'habitacle. L'angle de vue ne m'aide pas à me repérer dans l'espace puisque je suis la tête en bas aux pieds du siège passager.

Je tente de me redresser tant bien que mal m'accrochant au reste du tableau de bord. Une fois à l'endroit, je me retrouve face au conducteur couché sur le volant, du sang lui coulant par les oreilles. Je regarde autour de moi avec les yeux un peu hagards, me rendant compte que l'on a tapé le terre plein central en béton avec violence. La voiture s'est même littéralement encastrée dedans.

Il n'y a même plus de pare-brise, les morceaux de verre répandu partout, glissant encore sur le sol avec un petit tintement. J'observe ce qu'il en reste quand je vois soudain la silhouette de Stéphane allongé à une trentaine de mètres sur la voie d'en face. Il a dû être expulsé lors du choc. Je ricane en me décidant enfin à ouvrir la portière tout en me disant qu'il aurait dû mettre sa ceinture.

Je sors péniblement de la limousine en miette, en ayant mal partout, mais surtout au niveau de mon mollet déchiqueté par Marika. Faisant le tour rapide de mes blessures, je constate que je saigne encore également abondamment au niveau du cou.

Pleine d'adrénaline, je parviens à me remettre debout, sur une seule jambe en mettant une main sur la morsure pour tenter d'endiguer l'hémorragie, tout en essayant de repousser la douleur pour m'enfuir.

Je sautille afin de m'éloigner de la carlingue fumante, quand, du coin de l'œil, je vois que Stéphane est en train de se relever. Je me fige, l'observant bouche bée s'épousseter comme s'il avait seulement reçu un peu de sable sur ses vêtements. Il se tourne ensuite vers moi, plantant ses yeux marron sombre, dans les miens.

Il y a un quart d'heure à peine on aurait dit un cadavre abandonné dans une cave, là, il revient comme un mannequin à la peau hâlée et aux muscles saillants alors qu'il vient de faire un vol plané de plusieurs mètres sur le bitume.

Si c'est mon sang qui lui a rendu la santé, il ne me laissera pas partir facilement, pire il risque bien de me vider entièrement de mon liquide vitale. Je me mords la lèvre en le regardant s'avancer vers moi de sa démarche de prédateur. Déglutissant difficilement, je me secoue mentalement pour ne pas rester bêtement a l'attendre. Je me retourne, sautillant le plus vite que je peux en traînant ma jambe abîmé par Marika.

Je sais que je n'ai aucune chance de lui échapper comme ça, mais j'entends des hurlements de loups se rapprocher, il faut donc que je gagne du temps. Je dois mettre le plus de distance possible entre lui et moi, jusqu'à ce qu'ils arrivent.

Je contourne le coffre de la voiture, sortant enfin de la fumée.

Toutefois je me fige une nouvelle fois, alors que mon cœur rate un battement. Autour de moi, une cinquantaine d'hommes en costumes, armés de grands sabres argentés ainsi que de pistolets rutilants se déplacent de manière à m'encercler pour ne me laisser aucune chance de fuite. Derrière eux, il y a au moins une dizaine de SUV noirs garés en tas au milieu de la route, bloquant la circulation des deux côtés de la voie. D'autres gardes, au milieu des véhicules, s'occupent de disperser les automobilistes qui sortent de leurs véhicules en se demandant ce qu'il se passe. Malgré le nombre déjà impressionnant d'hommes, j'en vois encore commencer à s'installer pour accueillir la meute, fusil à la main.

__ Ce n'est vraiment pas malin ! S'exclame le vampire, agacé, derrière moi. Tu aurais pu te faire très mal ! Tu n'as jamais vue les publicités de la sécurité routière ? Il ne faut jamais détourner l'attention du conducteur de la route.

Je déglutis difficilement en me retournant vers lui, absolument pas amusée par sa réplique stupide.

Il est face à moi, sa chemise est déchirée, il y a même du sang dessus. Toutefois je pense que ce doit être le mien parce qu'il n'a pas la moindre égratignure.