Apprivoise Moi, Si Tu Peux !

Chapitre 26

Dans un stupide réflexe, je ferme les yeux en entendant les déflagrations. En m'écrasant au sol, poussée par plusieurs mains caleuses, je ressens une grande douleur à la tête ainsi qu'au dos probablement à cause de l'impact sur le trottoir. Au bout d'un moment, sans que rien d'autre ne se passe, je finis par ouvrir les yeux, contemplant le ciel grisâtre de New York. Je suis simplement allongée sur le parvis de l'immeuble d'Ericsson Corp. avec l'impression que mon cerveau fonctionne au ralentis. J'ai la vague impression que quelques choses ne vas pas, sans savoir quoi malgré les cris de panique autour de moi.

En ayant toujours la sensation que je suis comme anesthésiée, je me relève en baissant la tête pour constater les dégâts, toutefois je semble totalement indemne, bien que Valeria me visait sciemment. Hébétée, je regarde autour de moi en clignant des yeux, ne voyant que les jambes serrées des journalistes autour de moi, qui m'aveuglent de leurs flashs.

En colère contre ces rapaces, j'en repousse un qui trébuche sur quelque chose et tombe en arrière.

Mon cœur loupe un battement quand je réalise que ce qui a fait glisser le reporter est le corps de Wiatt. Horrifiée, je le regarde se replier sur lui même pour contenir la souffrance alors qu'il est couvert du sang s'écoulant de la plaie faite par la balle qu'il a probablement prise pour moi. Repoussant, ceux qui s'interposent pour prendre des photos, je pose immédiatement mes mains sur sa blessure alors qu'il se tord de douleur, espérant contenir l'hémorragie en me demandant pourquoi son corps n'a pas déjà guerri. En tant que Loup garou, il devrait déjà être en train de se relever !

__ Appelez un médecin ! M'écriai-je, paniquée à la foule, qui semble plus intéressé par un éventuel Scoop que par la vie du bêta.
_La plaie ne se referme pas, n'est ce pas étrange ? Demande une voix de femme parmi le brouhaha qu'ils font en mitraillant la scène avec leur appareil photo.
_Que se passe-t-il ? Demande un autre en approchant son micro que j'envoie balader d'un revers de la main.
_Comme si je le savais ! Grondais-je, le cœur battant à tout rompre en voyant la peau de Wiatt devenir de plus en plus pâle au fur et à mesure que le sang s'échappe de son corps malgré la pression que j'exerce sur la plaie.
_ Balle en argent, Me souffle ce dernier, crachant du sang en s'accrochant à mes bras. Sous forme humaine... Elles sont mortels... Je n'ai plus beaucoup de temps... Ne restez pas là Luna, mettez vous à l'abri...

Le forçant à se recoucher, je retiens mes larmes comme je peux, m'apprêtant à invectiver la foule pour obtenir de l'aide de gré ou de force. Cependant je n'ai pas ouvert la bouche que mes oreilles captent un cri déchirant qui couvre le bruit que font les journalistes.

Relevant la tête d'un coup dans la direction de l'émetteur du hurlements, j'écarquille les yeux en repérant Ryley au sol, deux mètres de nous, le torse transpercé par une balle. Nora est à ses côtés, les mains sur la plaie pour endiguer l'hémorragie, comme je le fais pour Wiatt.

C'est à cet instant que je comprends enfin d'où vient la sensation d'être coupée de mes sens. Je sens qu'il me tient volontairement à l'écart de notre lien pour ne pas me faire partager sa douleur. La seule bonne nouvelle, c'est que cela implique qu'il est vivant.

Complètement choquée, je regarde le visage de la bêta qui le soutient couvert de larmes, elle semble totalement paniquée, mais le reste de la meute ne vaux pas mieux. Chris, lui, sous sa forme de loup hurle à la mort en broyant dans ses mâchoires les hommes de Valeria, pendant que Reed la soulève du sol à main nue la secouant comme une brute, alors que cela fait bien longtemps qu'elle a perdu connaissance.

Ayant beaucoup de mal à appréhender cette réalité, je me décale jusqu'à mon Alpha, lâchant Wiatt à contre coeur. Je pose mes doigts tremblants sur le front de Ryley étrangement gelé, observant désespérée ses yeux acier entrain de s'éteindre. Sa peau blanchi à vu d'œil, sa poitrine ne semble plus se relever pour respirer que très rarement.