Chapitre 30

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Je traverse les taudis depuis un bon moment, sans trop savoir où aller. J'ai l'impression d'être perdu au milieu d'une décharge insalubre, où quelques loups garou m'observent à la dérober sans oser me parler. Je ne les crains pas, car au milieu de ce lieux de perdition je ne pense pas trouver un soldat de Valeria, mais en même temps je ne me vois pas les aborder la première alors qu'ils doivent avoir bien d'autres choses à s'occuper.

D'ailleurs, en réfléchissant un peu, je ne sens plus la présence de Wiatt, mais a vrai dire j'espère qu'il a perdu ma trace dans le bidonville puant.

Ils étaient tous en colère contre moi ? Maintenant, c'est moi qui suis furieuse contre eux.

Je suis tellement entrain de bouillir, que j'oublie tout ce qu'il se passe autour de moi. Du coup, je suis totalement surprise quand on me tire sur le bras, m'étalant au sol en grognant. Je tourne les yeux vers cette nouvelle menace toutefois je ne vois qu'un enfant de treize ou quatorze ans recroquevillé sur lui même, s'attendant probablement à prendre une correction pour m'avoir fait tomber. Soupirant, je m'assois à même le sol pour le réconforter. Mes vêtements sont déjà couverts de boue, alors un peu plus un peu moins.

__N'aie pas peur, lui dis-je, épuisée, en lui tapotant le dos. Je ne vais pas te frapper ! Qu'est-ce que tu me voulais ?

Il redresse timidement la tête, ses yeux gris papillonnant, ne croisant mon regard qu'une seconde ou deux. Il est mort de trouille, pourtant je le vois prendre une grande inspiration pour tenter de me parler.

__C'est.... C'est mon grand père... Il est blessé... Je pensais que... Peut-être... Bégaye-t-il en triturant ses doigts nerveusement.

Il parle tellement bas que je ne comprends qu'une partie de ces phrases.

__Bon... On va aller voir ton grand père, comme ça je verrais ce qu'il se passe, me decidai-je au bout d'un moment.

Un sourire fugace passe sur ses lèvres alors qu'il se relève habilement. Il est pieds nus, tout comme moi, portant un jeans et un pull dans le même état que les miens. Je pourrais m'installer dans le coin, je passerai totalement inaperçu.

Me redressant avec précaution à cause de ma jambe, j'avance derrière lui à une allure plus modérée que la sienne. Un peu trop pressé, il doit faire plusieurs allés et retours parce qu'il avance trop vite pour moi. Au bout d'un moment, voyant que je ne tente pas de lui fausser compagnie, il fini par m'attendre devant un taudis, en passant une main sur son crâne rasé.

Je rentre à l'intérieur, découvrant un homme d'une soixantaine d'années sur un lit de camp. Sa peau est pâle... Presque verdâtre, il règne ici une odeur pire que dehors... Ça me fait penser au cadavre du loup fondu. Déglutissant difficilement, je m'approche néanmoins du vieil homme. C'est là, que je vois l'affreuse balafre sur son bras.

Je fais la grimace en passant mes doigts sur les boursouflures aussi rouges que brûlantes que sont devenu les bords de la plaie. Au milieu je vois un filet de matières gluante noir et argent peu ragoûtante.

__ Il y a eu un accident, le collègue de papy est mort... M'explique le gamin tristement. Mais lui, depuis hier, il souffre... Vous pouvez faire quelque chose ?

Je me gratte la gorge... Ce truc n'a peut être pas encore fini de ronger le bras de ce pauvre homme, mais il continue d'essayer... La pourriture ambiante est entrain de ronger le reste du corps, son système immunitaire de loup ne parvenant même plus à contenir l'infection. Le produit agit comme une sorte de poison atrocement lent, propageant une fièvre qui est entrain de l' affaiblir.

__ Quelqu'un a essayé de nettoyer la plaie ? Demandais-je sans savoir quoi faire, à vrai dire Nora serait probablement plus qualifié que moi.

Apprivoise Moi, Si Tu Peux !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant