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Je suis réveillé par la sonnerie. Certains élèves quittent la salle en vitesse mais une grande partie se dirige vers moi et commence à me poser des questions. Je me lève, attrape mon sac et fend la masse de terminales se tenant devant moi sans répondre à la moindre de leurs interrogations. En sortant, je me retrouve face à un couloir empli de lycéens, certains me fixent en chuchotant. Une pimbêche marche jusqu'à moi et et se plante en me dévisageant.

« – C'est toi qui a engueulé Jules ? »

Le visage du concerné s'interposa dans mon esprit.

« – Ouais ça t'pose un problème ? »

– Ben ouais parce que tu l'insulte, t'es mort, c'est clair ? »

Je me plie en deux, prit d'un fou rire incontrôlable. Hilare, je me redresse et lance :

« – Attend, c'est ton mec?! »

La jeune femme fait volte face et part, en faisant claquer ses talons au sol. Je souris intérieurement et me dirige vers la sortie du lycée. Il me reste encore deux heures de cours avant midi mais l'envie n'y est pas. En descendant les escaliers, je croise Jules. Il ne me lance même pas un regard et me bouscule intentionnellement. Je m'arrête et me retourne. Je ne peux que voir son dos. Il grimpe quatre à quatre les marches. Je hausse les épaules et continue ma descente. Personne n'est présent dans le hall, mes pas me guident jusque dans la cour. Peu d'élèves sortent à cette heure-ci alors je sors en courant. J'entends derrière moi le concierge crier mais je n'y prête pas attention et cours. Après quelques dizaines de mètres je m'arrête et me met à marcher. Inconsciemment, je vais jusque dans le parc, où j'ai l'habitude d'aller.

Le parc jouxte la forêt mais peu de gens ou plutôt personne n'y va. Les familles qui sont les plus nombreuses à venir ici ne s'aventurent pas dans les bois. Alors je sais que je peux y être tranquille. Je marche quelques instants avant d'arriver devant une maison abandonnée. La porte est tombée il y a plusieurs années déjà, rongée par les mites et l'humidité. J'entre prudemment et observant l'intérieur. Je le connais pourtant par cœur : un tas de bois que j'avais poussé pour faire de la place obstrue un côté, le reste de la pièce est recouvert par des couvertures et quelques coussins colorés ici et là que j'avais apportés. L'endroit ainsi aménagé est, à mon goût, accueillant. Je m'installe contre un mur et allume mon téléphone. Je sors de mon sac mon casque de musique et le met sur ma tête. Mon portable se connecte automatiquement à l'objet et je lance ma musique.

Le morceau en question est une mélodie jouée au piano. J'aime tellement le piano que je ne peux me passer de ces musiques, aussi étrange que cela puisse paraître. Bien sûr, je cache l'existence de cette playlist, même à ma mère, par peur de la réaction des gens.

Je sors de ma poche une petite boite de médicaments, et en attrape une plaquette. C'est avec envie que j'avale le comprimé d'antidouleur. Bientôt, j'ai cette impression de flotter, de sortir de mon corps ; la drogue fait effet. Je ferme les yeux et savoure ces instants de bien-être.

Soudain, mon téléphone sonne et me ramène brusquement à la réalité. Il s'est passé une demi-heure depuis que j'ai lancé la musique et cette dernière est coupée par un appel de ma mère. Je l'ignore et met mon portable en silencieux. J'arrache de ma tête le casque et le jette au sol. Je serre la mâchoire jusqu'à me faire mal. Je range la boite de médicament et récupère mes affaires.

Ma mère à appris que j'avais séché le premier jour ; je vais avoir de sérieux problèmes. C'est avec mon sac sur le dos que je quitte ma cachette et je m'enfonce plus profondément dans les bois.

Ce soir je dormirai dehors...

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant