~XXXI~

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« – Bon Aaron, vous ne croyez pas que vous dépassez les bornes, là ? »

Je ne réponds rien. Le principal se redresse dans sa chaise, s'avance un peu et pose ses mains en les croisant sur la table.

« – D'abord vous séchez des cours, vous manquez de respect à vos professeur, votre moyenne est misérable ! Et... et maintenant vous vous permettez de... de montez sur une table pour crier ! Mais vous vous croyez où ?! »

Je me penche vers l'homme et m'écrie à mon tour :

« – Bon écoutez, c'est sûr'ment pas d'ma faute si vos élèves sont homophobes... »

En face de moi, il soupire.

« – Ne croyez-vous pas que c'est aussi de votre faute ?, demande-t-il avec un petit rictus.

– Qu... Quoi ?! »

Je me lève brutalement et la chaise manque de tomber.

« – Rasseyez vous jeune homme. »

Je m'exécute à contre cœur.

« – Bien. Votre comportement, sachez-le, est inadmissible ! Vous aurez, comme punition, une semaine d'exclusion. »

Pendant un instant, un silence gênant plane dans la pièce.

« – Et..., ajoute le principal, si vous pouviez ne pas fréquenter Jules... »

Cette fois-ci c'en est trop.

« – Z'êtes pas mon père, si ?! Jusqu'à preuve du contraire, j'peux fréquenter qui j'veux merci ! »

Le principal soupire bruyamment.

« – Écoutez Aaron, Jules est un bon élève, sérieux et appliqué. Je n'ai pas envie que ça change à cause d'un... d'un individu comme vous... »

Je reste bouche bée. C'est vrai, je n'y avais jamais pensé. Et si je tirai Jules vers le bas ? S'il devenait un boulet comme moi ?

« – Je... euh... très bien... »

Et après cette réponse lamentable, je me lève fébrilement et pars du bureau du directeur. Je traverse ensuite le couloir et sors de l'établissement. Lorsque j'allume mon téléphone, je vois un message de ma mère.

« Aaron, je suis vraiment désolée pour ma réaction inappropriée. Pourrions nous prendre un verre quelque part pour discuter ? »

Je souris et lui réponds que j'arrive tout de suite à son café préféré. Je range mon portable dans ma poche et me mets à marcher rapidement avec toujours un sourire au lèvres. Quand j'arrive, je vois ma mère déjà installée sur une terrasse. Je m'y dirige et m'assois. Elle a déjà commandé, ce qui ne me dérange pas spécialement.

« – Maman, dis-je, j'suis désolé si...

– Tais-toi et écoute moi. »

Je sursaute.

« – Aaron, j'ai été surprise et je n'aurai pas du réagir comme ça. Tu es mon fils et je t'aime quelque soient les choix que tu fais. »

Incapable de dire quoi que ce soit, je la laisse continuer.

« – Je sais que... que je n'ai jamais vraiment été là pour toi et j'en sui très sincèrement désolée. Je n'ai jamais réussi à te comprendre et... je n'ai pas vraiment essayé à vrai dire. Colin était plus... studieux alors ça m'allais. Mais quand il est mort... (Elle s'arrête de parler et je prends conscience que c'est la première fois qu'elle le dit.) Je... Je ne savais plus quoi faire. J'étais effondrée et puis j'ai remarqué qu'il me restait toi. Mais je t'avais abandonné alors je... »

Des larmes roulent sur ses joues. J'attrape sa main par dessus la table et lui souris en la regardant dans les yeux. Je prends la parole.

« – Maman... J'sais que ç'a pas été facile pour toi de vivre tout ça et moi j't'ai pas aidé alors... j'm'excuse... J'ai jamais voulu t'faire d'la peine... »

Nous nous taisons pendant quelques minutes.

« – Maman ? (Elle relève la tête.) Je... J'ai trouvé c'que j'voulais faire plus tard... »

Elle m'incite à parler.

« – Je veux être... pianiste, dis-je finalement l'estomac noué. »

Et un grand sourire prend place sur le visage de ma mère.

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant