{Flashback}

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« – Mais qui m'a donné un idiot pareil ! Hurle papa en lançant son bras dans l'air. »

Ma tête part sur le côté tant la claque est violente. Je perds l'équilibre et me retrouve au sol. Des larmes perlent aux coins de mes yeux. Dans le salon, je vois ma mère assise dans le canapé, un mouchoir humide dans les mains. J'appelle au secours mais elle ne me répond pas. Elle ne me regarde pas, elle fixe ses cuisses sur lesquelles est allongé Colin. Il a les yeux fermés. Papa me met un coup de pied dans le ventre. Je le supplie d'arrêter en lui criant que ça fait mal mais il vocifère et ne m'entend pas. Les forces m'abandonnent comme maman et Colin m'ont abandonné. Et j'ai l'impression de tomber...

« – AAAH ! »

Je me redresse en hurlant, trempé de sueur. Mes oreillers sont par terre et je suis en nage dans mes draps. Ma mère, alertée par le bruit, se précipite vers ma chambre et je vois ma porte s'ouvrir à la volée. Je suis assis sur mon lit, les cheveux en bataille, mes vêtement mouillés collant à ma peau, ma respiration saccadée. Maman s'avance lentement vers moi, l'air méfiante. Elle s'assoit sur mon lit et me regarde. Soudainement, je m'effondre sur elle, ne pouvant retenir plus longtemps mes larmes. Je m'accroche aussi fort que je ne le peux à sa chemise et elle me caresse doucement les cheveux. Mes sanglots déchirent le silence pesant régnant dans ma chambre. Après quelques minutes, je m'endors sur les genoux de ma mère, fatigué d'avoir pleuré.

Lorsque je me réveille, je suis de nouveau allongé dans mon lit, ma mère n'est plus là, mes draps sont en place et un ventilateur diffuse un air frais dans la pièce. Cette fois-ci, je me lève lentement et enfile quelque chose par dessus mon caleçon. Après avoir mis un t-shirt et un jogging, je vais dans le salon. Ma mère y lit un roman en buvant du thé. Elle lève la tête vers moi et me souris.

« – Je sors, dis-je d'un ton neutre. »

Ma génitrice acquiesce. Je met rapidement des baskets et une veste, sans oublier l'Oxy. Je marche lentement dans les rues que je connais. Mais la compagnie de Gary me manque. Depuis que je l'ai rencontré, je ne pense qu'à lui en permanence. A lui et à son sourire. Aux conneries que l'on fait ensemble. Que l'on faisait ensemble. Il me redonnait le sourire et c'était lui qui me remontait le moral quand ça n'allait pas. Mais je savais bien qu'un jour ou l'autre il allait se tuer. Il faisait un peu n'importe quoi, comme moi. Il connaissait des gars qui fournissait des drogues dures et il les payait pour en avoir. Je l'avais plusieurs fois mis en garde contre ces gens mais ces conversations se terminaient toujours en cris.

Perdu dans mes pensées, je ne regarde plus vraiment ou je vais et percute une autre personne. Je recule instantanément et relève la tête. Un adolescent de mon âge se tient face à moi. Ses yeux verts m'envoûtent. Mais une petite fille qui tient la main du garçon me ramène à la réalité.

« – Ju', c'est qui lui ?

– Personne Sarah, je ne le connais pas. »

Il me dépasse en s'excusant et en souriant à la petite fille, sûrement sa sœur.

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant