« – Euh... J-je... Je sais pas...bégayai-je. »
Jules me regarde et je plonge mon regard dans le sien. Il détourne rapidement la tête en... en rougissant ? J'essuie de mon revers de manche les larmes qui coulent et renifle. J'ai un peu honte de pleurer devant lui mais après tout, il ne s'est pas moqué. Pendant un moment aucun de nous deux ne dit quoi que ce soit puis je me jette à l'eau :
« – J'suis désolé pour hier matin.
– Laisse je t'en veux pas. Ma réaction était trop bête. De te bousculer dans l'escalier c'est hyper immature... »
Je le fixe, ma bouche étant légèrement ouverte. Il baisse la tête et rit un peu. Tout à coup, le visage de la pimbêche s'interpose dans mon esprit.
« – T'as une meuf ? »
Jules relève la tête, surpris.
« – Ouaip ! Comment tu sais ?
– Elle m'a gueulé dessus lorsqu'elle a appris que je t'avais « insulté », dis-je en mimant les guillemets ».
Jules lève les yeux aux ciel et se claque le front, à moitié désespéré, à moitié amusé.
« – Mais pourquoi j'ai pas largué cette conne ? Dit-il. »
J'explose de rire et Jules, après un instant, fait de même. Nous restons ainsi, riant à gorge déployée, pendant quelques minutes. Puis nous reprenons notre souffle et notre sérieux.
« – Et qu'est-ce que tu vas foutre à une heure pareille, en pédalant la vitesse de la lumière sans regarder devant toi ?
– Ah ouais, j'suis désolé... Putain je me suis même pas excusé, désolé. J'tai fait mal ?
– Nan, t'inquiètes, c'est bon... Mais t'as pas répondu à ma question. Tu vas rejoindre ta meuf que t'es si pressé ?
– Non, répliquai-je, amusé. Je vais... je vais... »
Je ne peux pas lui dire où, il rirait. Enfin peut-être pas mais je n'ai jamais dit à personne que je faisais du piano, même pas à ma mère, alors je ne peux pas lui dire à lui, je ne le connais pas.
« – Tu vas ?...
– Quelque part c'est pas tes affaires. Occupe-toi de ton cul et lâche moi. »
C'est sorti tout seul. Et c'est en lui lançant un regard noir que je repars sur mon vélo.
~Jules~
Je ne comprends pas ce mec. Un coup il est sympa et après il va presque jusqu'à me manquer de respect. Il aurait pu me dire où il allait ; je pensais qu'on commençait à devenir amis mais apparemment ce n'est pas le cas. Après tout, il fait ce qu'il veut, quand il veut, où il veut et avec qui il veut c'est pas mon problème. Je rejoins la station de métro et rentre chez moi. Mais Aaron ne me sort pas de la tête et je pense à lui en sortant du train, en montant les marches de la station, en marchant jusqu'à mon petit immeuble, en prenant l'ascenseur, en saluant ma voisine de palier, en entrant dans l'appartement, en discutant avec mes colocataires, en déposant mon sac avec toutes mes affaires sur mon lit, en allant prendre ma douche et en me couchant sans manger. Aaron, Aaron, Aaron, Aaron, Aaron...
Mais malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à m'endormir et le visage d'Aaron reste encré dans mon esprit.

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Seul
Novela JuvenilSeul. Il déteste se sentir seul. Mais il n'en montre rien. Si sa vie part en couille c'est peut-être de sa faute. Mais lorsqu'il rencontre Jules.... Lorsqu'il rencontre Jules... Un nouveau monde semble s'ouvrir à lui. Un monde où il n'est plus tout...