~VII~

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Je reste sans voix pendant un instant ou deux puis me reprends.

« – Co... Comment t'as mon numéro ?

– Si je t'explique, me répond-il, tu me promet de rentrer chez toi là, tout de suite et venir pendant toute une semaine en cours sans sécher ? »

Je ne réponds pas. Je soupire et lève la tête vers le ciel.

« – Okay, s'tu veux... »

Il se passe une seconde ou deux sans que personne ne dise rien puis je repose la question :

« – Comment t'as eu mon num ?

– Je... Ta mère t'a appelé, enfin c'est c'qu'elle m'a dit, et tu répondais pas alors elle est venue ici, au lycée j'veux dire, pour aller voir je cite « un certain Jules » et puis quand elle a su que j'avais pas ton numéro elle me l'a donnée en me disant qu'avec moi ça pourrait peut être marcher... »

Je reste bouche bée une seconde fois. Le premier mot qui me vient à l'esprit est folle. Ma mère est folle. Elle veut tellement m'enfermer et m'avoir que pour elle de peur de me perdre comme papa et Colin qu'elle est prête à aller demander à un élève de mon lycée. Je serre les poings et ma mâchoire se crispe. Mais Jules me fait sortir de mes pensées.

« – Alors comme ça, tu lui a parlé de moi ? »

Je sens le rouge me monter aux joues.

« – Euh... Oui... Enfin c'est elle qui m'a demandé, hein... »

J'entends qu'il rit légèrement et je souris à mon tour, mais peu sûr de moi.

« – C'est, demandé-je, un problème ?

– Oh non pas du tout, c'est juste que je ne savais pas que je faisais parti de ta vie... »

Je ravale en silence un comprimé. Je me sens bien. Plus personne ne dit rien pendant environ une minute et le silence commence à être gênant.

« – Bon, dit-il, je vais devoir retourner en cours, tu rentres chez toi, d'accord ? Ta mère va s'inquiéter sinon et...

– Et ?

– Et moi aussi, fini-t-il par achever. »

Mon cœur fait un petit bond dans ma poitrine. Il raccroche et je prends la direction d'abord du lycée où ma mère me retrouve à la fois énervée et inquiète. On rentre chez moi pour passer la soirée tranquillement.


2 semaines plus tard

Je suis en cours de français, cours que je ne partage pas avec Jules, ce qui m'ennuie fortement. Jules et moi nous sommes beaucoup rapprochés. Enfin, nous nous sommes excusés l'un envers l'autre et je mange parfois avec lui et ses amis au self. Ça va mieux qu'avant mais c'est toujours très difficile et nous ne pouvons nous supporter plus d'une heure.

Je suis si fatigué par ce cours ennuyeux que je manque de m'endormir. Mais la prof ne s'en rend pas compte et continue de déblatérer sur les auteurs du vingtième siècle qui sont immanquables d'après elle. Je sors discrètement de ma poche la boite de médicament et en avale un. Je ferme les yeux pour savourer l'effet de l'antidouleur. Mon esprit flotte et je suis déconnecté de la réalité pendant quelques dizaines de minutes.

La professeure, qui sait que je ne suis pas un élève attentif, ne me reprend pas une fois mais je sais pertinemment qu'elle a remarqué que je ne suis rien du tout de son cours.

Soudain, la sonnerie retenti et je suis sorti de mes pensée brutalement. Je me redresse et range mes affaires, imitant tous les autres étudiants. Je me lève ensuite et pousse ma chaise sous le bureau.

« – Aaron, m'interpelle la prof alors que je m'apprête à sortir de la salle, tu peux venir me voir s'il-te-plait ? »

Je m'arrête et me retourne, quelque peu exaspéré, bien que je ne le montre pas.

« – Oui ?

– J'ai vu que tu ne suivais pas mon cours. Que dirais-tu de quelques cours de soutien ? »

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant