~VI~

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Je me réveille en sursaut, trempé de sueur. En vain, je tente de calmer ma respiration saccadée. Je soulève la couette et balance mes pieds qui touchent le sol. Je me lève difficilement au moment où s'ouvre ma porte. Ma mère apparaît dans l'encadrement de la porte et me sourit. Je reste de marbre.

« – Tu viens mon chéri, on va manger. »

J'acquiesce en silence et, une fois qu'elle est partie de ma chambre, je change de haut et de bas. Avec un bâillement, je me rends dans la cuisine. Ma génitrice est déjà attablée, prête à me servir ; le couvert est mis et une odeur aussi douce que délicieuse s'échappe du plat. Je m'assois sans un mot et elle me sert. Nous mangeons tranquillement, sans commencer une discussion. Ma mère est mal-à-l'aise alors elle se décide à parler :

« – Tu vas aller en cours cet après-midi ?

– J'en sais rien, répliqué-je. »

Elle enfourne une fourchetée dans sa bouche alors ça me laisse un moment de répit. Finalement elle reprend encore une fois la parole.

« – Tu t'intègres bien dans ton nouveau lycée ?

– D'puis quand ça t'intéresse ? »

Elle hausse les épaules et regarde dans le vague.

« – J'ai le droit de m'intéresser à mon fils non ?

– Mouais si tu veux... »

Je la regarde et ris doucement. Elle sourit.

« – Ben...'Y a un mec qui s'appelle Jules... et... on s'est parlé un p'tit peu... Il est sympa...

– Bah tu vois, tu commences à te faire de nouveaux amis. Et s'il-te-plait, ne fréquente pas des mauvaises personnes... Comme... Gary, dit-elle finalement, après un instant d'hésitation. »

Je laisse ma fourchette tomber dans mon assiette. Je me lève brutalement et la fusille du regard. Elle fronce un peu les sourcils et je crache d'un voix sombre :

« – Ne parle plus jamais de lui comme ça. »

Je fais ensuite volte face et quitte la cuisine. J'entends derrière moi ma mère se lever et m'appeler mais je ne l'écoute pas. Je vais prendre mon téléphone dans ma chambre ainsi que mon casque et l'Oxy, puis enfilant prestement mes chaussures, je sors de la maison en prenant bien soin de faire claquer la porte très fort.

Sans réfléchir, je vais vers le parc. Je le traverse si rapidement avec le visage si déformé par la colère que quelques personnes me regardent bizarrement. Dans la forêt, je me mets à courir. Si vite que je suis vite essoufflé. Je m'arrête en plein milieu de nul part et marche lentement. Ma musique bat dans mes oreilles, tout comme mon cœur. Mais je me sens mal ; je suis fatigué et un mal de tête commence à arriver. Sans réfléchir, je sors ma boite d'antidouleurs et en avale deux comprimés d'un coup. Quelques dizaines de minutes plus tard, je me sens bien. Je continue de marcher, un léger sourire flottant sur mes lèvres. Mais mon portable vibre dans ma poche et me ramène à la réalité. Je soupire et le sors. Ma mère. J'ignore l'appel et remets mon téléphone dans ma poche.

Mais quelques minutes plus tard, ma mère me rappelle. J'ignore une fois encore le coup de téléphone puis range à nouveau mon mobile. Après ça, elle ne m'appelle plus pendant quelques dizaines de minutes ; je me dis alors que je suis tranquille.

Cependant, la sonnerie de mon appareil retenti. Je l'extrait de ma poche, la colère commençant à monter en moi. Lorsque je vois que c'est un numéro inconnu qui m'appelle, mon mécontentement se calme. Je décroche, méfiant.

« – Allô, dit une voix masculine à l'autre bout, c'est Jules. T'es où ? »

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant