Seul

~XXIV~

Jules baisse les yeux et je me mords la lèvre inférieure. Mon cerveau fait pause pendant un moment puis je sens une sorte de colère mêlée de tristesse s'emparer de moi. Je repousse le garçon et m'écrie :

« – Et tu viens m'voir juste pour ça ?! Pour chialer comme un gosse dans mes bras ?! »

Non... Ce n'est pas ce que je voulais dire... Je... Je ne sais pas...

Je vois sur le visage de Jules la surprise se peindre. Il recule et descend une marche. Sa respiration se fait plus rapide et il se remet à sangloter.

« – Je... je..., tente-t-il d'articuler. »

Il s'assoit sur l'une des marches, dos à moi et essaie de reprendre son souffle. Quant à moi, je passe ma main dans mes cheveux et soupire. Je descends les marches et me poste en face de Jules, le regardant de haut. Je m'accroupis et le regarde. Il semble être en pleine crise de panique et je ne sais pas vraiment quoi faire. Je prends ses mains et nous entrelaçons nos doigts. Il me regarde et je souris faiblement.

« – J'suis désolé, j'sais pas c'qui m'a pris. »

Je le reprends dans mes bras et il paraît se calmer un peu. Je l'invite ensuite à entrer et nous allons directement dans ma chambre. Je m'assois sur mon lit et me cale contre le mur. J'incite Jules à venir, ce qu'il fait timidement. Il s'assoit encore une fois en me tournant le dos mais cette fois-ci, il se colle à moi. Je passe mes mains autour de sa taille et pose ma tête sur son épaule gauche.

L'adolescent semble plus calme qu'il y a quelques minutes.

« – Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, je demande doucement. »

Je sens qu'il inspire lentement et souffle.

« – J'ai rien vu... »

Je serre les dents et me redresse un peu.

« – Elle... était... »

Je resserre un peu mon étreinte autour de sa taille et le dépose un petit baiser dans le cou. Il sursaute et se retourne un peu. Je baisse les yeux.

« – Désol...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que des lèvres se posent sur les miennes. Lorsque nous nous séparons, Jules est rouge pivoine. Je souris.

« – T'es pas obligé de m'dire maint'nant. »

Il hausse les épaules et déclare d'une seule traite :

« – Elle était harcelée, elle se mutilait et elle a voulu en finir... »

Sa voix se casse à la fin de la phrase.

« – Chuuuut, je suis là, ça va aller. »

Jules se redresse et se tourne.

« – Non ça va pas putain ! Elle était super mal et moi j'ai rien vu ! Ça va pas... ça...va...pas... »

Je ne sais plus quoi faire. Le jeune homme retombe sur ma poitrine et sa tête se pose sur mon torse. Je caresse son dos et je sens son cœur qui bat la chamade se calmer peu à peu. Je regarde mon plafond.

Après quelques minutes je reporte mon regard au garçon et je remarque qu'il dort. Son dos se soulève régulièrement et il s'est serré contre moi. Je souris. C'est incroyable ce que j'aime ce garçon.