{Flashback}

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Lorsque maman m'ouvre la porte, je fonce vers ma chambre et claque la porte. Ma mère m'appelle mais, comme d'habitude, je ne réponds pas. Je m'affale sur mon lit et regarde le plafond. J'en ai assez. Assez de cette vie où ma mère a pitié de moi. Assez de cette vie où je fugue souvent. Assez de cette vie où je terrorise les plus jeunes, où je fume, où je me drogue. Assez de cette vie où je ne me sens pas à ma place.

Les mauvais souvenirs me submergent, mon père, les insomnies, le mal-être de mon frère. Les larmes coulent d'elles-mêmes. Je suis conscient que j'ai l'ai parfaitement ridicule, couché dans mon lit, les bras étendue, pleurant, et frissonnant encore de ma nuit passée dehors. Mais je m'en fout, je suis seul dans ma chambre.

Et c'est justement cet instant que choisi ma mère pour entrer, sans frapper. Je me relève d'un coup et lui tourne le dos en m'essuyant rapidement les yeux. Je prie intérieurement pour qu'elle n'est pas vu mes larmes.

« – Tu pleures mon chéri ? »

Merde. Je serre la mâchoire et réplique d'un ton glacial :

« – Non, je pleure pas. »

J'entends des pas, elle s'avance vers moi et répète :

« – Mais si tu pleure. Enfin chéri, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu sais, que tu es dormi dehors, je ne t'en veux pas, c'est pardo-

– Nan, tais-toi, j'm'en fous, okay ? »

Je relève la tête vers elle, mon regard empli de rage. Ma mère s'avance encore un petit peu et prend mon visage dans ses mains afin d'essuyer mes larmes. Je la repousse en hurlant.

« – Mais lâche-moi ! Putain mais fous moi la paix ! Casse-toi je veux plus t'voir !

– Aaron, tu me parles autrement s'il-te-

– Nan, j'en ai rien à foutre, c'est clair ?! Casse-toi c'est ma chambre ! »

Elle me gifle et s'en va, faisant claquer ses talons au sol. Je me rassois sur mon lit et soupire. Ma joue est encore cuisante et je la touche du bout des doigts. Puis je m'en vais fermer ma porte. D'un geste rapide et précis, j'allume mon enceinte et lance de la musique à fond. Le morceau de rap que j'écoute est assez fort, je peux laisser libre cours à ma colère.

Je me dirige d'abord vers mon bureau, encombré de mes cahiers que je n'ai pas ouverts depuis bien longtemps. Je balaye à l'aide de mon bras tout ce qui se trouve sur la surface de bois et l'ensemble s'écrase au sol avec fracas, noyé dans la musique. Je continue dans ma lancée et retourne toute ma chambre.

Les larmes qui ne se sont pas arrêtées font comme des perles aux coins de mes yeux. Elles dévalent mes joues en y laissant des marques rouges. J'ai un mal de tête insupportable à force de pleurer et je manque de tomber de fatigue. Ma chambre est maintenant sens dessus dessous et je m'effondre sur mon lit, seul endroit encore un peu en ordre.

Je m'endors comme une masse.

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant