~IV~

126 14 2
                                    

~Aaron~

Je monte dans le bus et m'installe vers le fond, seul. Après avoir mis mon casque sur mes oreilles, je tourne la tête vers la fenêtre. Quelques élèves montent et le véhicule redémarre. Je suis légèrement secoué pendant le trajet jusqu'à ce que le bus stoppe de nouveau. Les notes de piano retentissent toujours dans mon casque. Une fois encore, plusieurs étudiants prennent place dans le car.

Soudain, je sens que quelqu'un s'assoit à côté de moi. Je tourne brusquement la tête et découvre une jeune femme qui me sourit. Je coupe ma musique et fait tomber mon casque sur mon cou. L'adolescente tend la main vers moi et s'exclame :

« – Lucie ! »

Je serre sa main doucement et nous nous regardons pendant plusieurs secondes.

« – Et toi, c'est quoi, dit-elle en riant.

– Aaron. »

Elle hoche la tête et me sourit encore une fois. Je soupire et me tourne encore une fois vers la fenêtre. Lucie parle, et... et elle ne fait que ça. Elle me raconte des trucs comme si sa vie en dépendait et je ne l'écoute pas. Elle parle dans le vide et ne s'en rend même pas compte. Pour un lundi matin, elle est énergique.

Lorsque que le car arrive devant le lycée, je souffle de soulagement. Ma voisine se lève et je fais de même. Nous descendons du bus et j'entre dans l'établissement. Je marche lentement, peu pressé d'aller en cours quand tout à coup, je vois Jules, qui me fixe. Il détourne la tête voyant que je l'ai cramé et je m'avance vers lui. Alors que je ne suis qu'à quelques mètres, il se décolle du mur sur lequel il s'était adossé et commence à partir. Je me précipite vers lui et attrape sa manche. Il se retourne et me lance un regard noir. Il se dégage et recule.

« – Steuplé Jules, écoute moi... »

Je le regarde d'un air suppliant et il finit par craquer. Je reprends mon sérieux et plonge mon regard dans ses yeux vert sapin.

« – Désolé pour samedi c'est juste que... que...

– Que quoi ?, crache-t-il. J'pensais qu'on était devenu potes mais apparemment tu préfères me gueuler d'ssus. »

Mon cœur se serre légèrement.

« – Et puis au pire t'sais quoi ?, continue le jeune homme, je préfère qu'on soit pas amis. C'est vrai quoi, ça fait trois jours qu'on se connaît. On a pas besoin d'être potes. »

Je le regarde, stupéfait.

« – Mais je... »

La sonnerie qui résonne me coupe.

« – Salut, lâche-t-il seulement. »

Et il part en direction de la porte.

Je le suis et entre à mon tour dans le couloir. Beaucoup d'élèves sont présents dans le corridor alors je ne m'y attarde pas. Quatre à quatre, je grimpe les escalier et entre précipitamment en classe. Lorsque je pénètre dans la salle, je remarque que quelques étudiants sont déjà installés mais il en manque une bonne partie. La professeure de sciences et vie de la terre me salue et je fais de même. Mes pas me guide vers le fond de la salle et je m'assois sur une chaise libre, à côté d'une fenêtre. Je tourne la tête vers cette dernière et commence à détailler dans mon esprit le paysage qui s'offre à moi. La voix de la prof me ramène à la réalité.

« – Bon nous allons commencer le cours, taisez-vous s'il-vous-plait. »

Un court brouhaha s'ensuit après les paroles de l'instit puis le calme revient.

« – Donc aujourd'hui nous allons... »

La porte s'ouvre soudainement et Jules entre dans la salle. Je détourne les yeux avant que nos regards se croisent et baisse la tête vers mon cahier – ouvert pour une fois.

« – Jules, ce n'est pas dans vos habitudes d'être en retard.

– Excusez moi madame.

– Bien, cette fois c'est pardonné, mais vous ne me refaites pas coup pareil. »

La professeure se tourne vers la classe et scrute à la recherche d'une place libre.

« – Bon, allez vous asseoir à côté de... Aaron ? C'est bien ça ? »

Je la regarde, un peu paniqué et hoche lentement la tête.

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant