Seul

~XXVIII~

~Jules~

Je suis allongé dans les bras d'Aaron et, pour rien au monde, je ne bougerai. Enfin si. Je me sens petit. Et c'est un peu énervant.

« – Aaron ?, je demande timidement

– Oui ? »

J'hésite un instant.

« – On peut échanger nos places ? »

Il semble étonné puis amusé. Il accepte et je me redresse. Il pose sa tête sur mon torse et je caresse ses cheveux.

« – Tu te sentais petit ?, questionne-t-il en riant doucement. »

Je fais semblant de bouder et Aaron se prend à mon jeu en faisant une tête triste. Je ris. Il m'embrasse. Puis descend dans mon cou, sur le haut de mon torse, au milieu de ce dernier et juste au dessus de mon caleçon ; toujours en faisant de petits bisous. Je suis un peu chatouilleux alors je me tortille. Aaron, qui est arrivé au dessus de mon caleçon me regarde.

Soudain la porte s'ouvre. Nous sursautons une nouvelle fois à l'unisson et je commence à me dire qu'on ne sera jamais tranquilles. Je soupire. Max est dans l'encadrement, le visage rouge jusqu'aux oreilles et il annonce rapidement :

« – Désolé, le repas est prêt, mais j'vous laisse finir. »

Aaron se redresse et répond :

« – C'est bon, on arrive. »

Il enfile des affaires à lui. Je fais de même quelques minutes après puis rejoins les deux garçons dans la salle à manger. Max a préparé des pâtes avec de la sauce tomate. Je m'assois et il me sert.

« – Aaron, tu rentres chez toi aujourd'hui ?, interroge Max en le servant. »

L'intéressé relève la tête et répond négativement.

« – Tient d'ailleurs tu ne m'as jamais parlé de ta famille, Aaron, j'enchaîne avec curiosité.

– Y'a rien à savoir. »

Aïe. J'ai touché un point sensible là. Mais ma fichue curiosité l'emporte.

« – Tu ne m'as jamais rien dit. Qui c'était sur la photo que j'ai vue dans ta chambre ? Je ne connais rien de ce que t'as vécu avant. »

Aaron serre la mâchoire. Mon cœur bat de plus en plus vite. L'adolescent se lève d'un coup en faisant tomber sa chaise par terre et commence à crier :

« – Quand j'étais p'tit, j'étais con, okay ? Mon père me frappait. Ma mère a fini par porter plainte et il a perdu le procès. Mon meilleur pote est mort en s'shootant à la coke et mon frère dans un accident de voiture. Moi j'suis qu'un boulet qui sert qu'à déc'voir sa mère. »

Et il part précipitamment dans ma chambre. Je regarde Max, désemparé.

« – Vas le voir idiot !, me dit-il. »

Je me lève et me dirige vers la chambre. Lorsque j'entre, je vois Aaron, recroquevillé, le visage dans ses mains. Je m'approche de lui, m'allonge à ses côtés et entoure sa taille de mes bras, me collant à lui.

« – Aaron, je suis là, tu peux me parler tu sais...

– Nan, lâche moi, j'ai pas b'soin toi. »

Je sursaute en entendant ses paroles. Je le lâche et commence à me relever lorsqu'il se retourne brusquement et me retient. Des larmes dévalent se joues et il murmure.

« – Non, j'suis désolé, pars pas... s'il te plaît, ne m'abandonne pas... »

Je me remets en place et le prends dans mes bras. Il éclate en sanglots. Je passe mes bras dans son dos et il s'accroche lui aussi à moi. Je sens ses larmes et sa morve couler sur mon épaule. Son corps tout entier est secoué de spasmes. Il paraît si fragile ainsi que je ne peux empêcher mon cœur de se serrer.

« – J'suis qu'un boulet..., balbutie le jeune homme. »

Je le serre un peu plus fort et lui chuchote à l'oreille.

« – Non, t'es pas un boulet Aaron, je t'assure. »

Nous ne disons rien pendant une minute puis je déclare.

« – Tu n'es plus seul, Aaron. »