Seul

~XXVI~

~Jules~

« Je t'aime... »

Je laisse tomber la tasse que je tiens sur la table et tout son contenu s'y répand. Je me lève brusquement et attrape un torchon qu'Aaron a oublié de ranger.

« – Je suis désolé, dis-je précipitamment, je suis pas très doué des fois et...

– Hé... Jules..., coupe Aaron, lève la tête... »

Je m'exécute et, sans prévenir, Aaron m'embrasse délicatement. Je recule et m'essuie les lèvres. Puis me dirige vers l'évier et y attrape une éponge. Je nettoie le café sur la table. Soudain, le garçon se lève et, lentement, il me prend l'éponge des mains. Il m'attrape ensuite par la taille et me rapproche de lui. Je tremble légèrement. Il me chuchote à l'oreille.

« – Je t'aime Jules. »

Je sursaute. Lorsqu'il me regarde de nouveau dans les yeux, je suis incapable de décrocher le moindre mot. Il me dit qu'il m'aime. Il est amoureux de moi. Mon cœur bat plus vite à cette idée. Et moi ? Est-ce que je l'aime ? Il est vrai que j'aime le voir et lui parler. Être dans ses bras est complètement génial et je suis au paradis dès qu'il m'embrasse. Alors oui, je suis amoureux de lui, même si ça me terrifie d'aimer un autre garçon.

Aaron m'embrasse encore une fois et cette fois-ci je réponds à son baiser. Mes bras, qui étaient restés pendants le long de mon corps, viennent s'enrouler autour de son cou. Il me serre encore plus fort contre lui et je fais de même.

Soudain, nous entendons un grand bruit et nous sursautons à l'unissons. Je tourne la tête et vois la mère d'Aaron, dans l'entrée de la cuisine, bouche bée. Au sol étalées les courses qu'elle vient de lâcher par surprise. Je me sépare d'Aaron. Il est face à sa mère, la surprise se lit sur son visage. Je tente de dire quelque chose mais rien ne me vient à l'esprit. Finalement c'est la femme qui brise le silence gênant.

« – Aaron, déclare-t-elle froidement, tu as quelque chose à me dire n'est-ce pas ? »

L'intéressé est mal à l'aise.

« – Maman je... je sors avec Jules...

– Tu sors ?...

– C'est... mon p'tit ami s'tu préfères. »

Je suis paralysé, abasourdi. Le petit ami d'Aaron... Je suis le petit ami d'Aaron.

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir bien longtemps que la mère s'écrie :

« – Sors d'ici !

– Qu... Quoi ?!, s'étouffe le garçon.

– Tu prends tes affaires et tu pars de ma maison ! »

Aaron s'exécute et part dans sa chambre. Il revient une dizaine de minutes plus tard avec un sac à la main. Il me prend le poignet et m'entraîne vers l'entrée. Nous mettons rapidement nos chaussures et sortons.

« – Putain mais j'vais aller où moi ?

– Bah t'as qu'à venir à la coloc avec moi..., je lâche. »

Il se retourne, stupéfait.

« – Vraiment ? Je peux ? »

J'acquiesce et nous prenons donc le chemin de mon appartement.