Seul

~X~

Il est dix heures, et c'est justement l'heure de la pause. Je range mes affaires prestement et sors de la salle. Je marche tranquillement dans les couloirs avant de sortir m'aérer un peu. Un mal de tête naissant me tracasse et je compte bien me détendre pour me sentir mieux. Lorsque je passe le seuil de la porte principal, j'entends quelqu'un courir et m'appeler.

« – Aarooooooooon ! »

Je me retourne et me recule juste à temps pour éviter Lucie qui se rattrape in extremis à une rambarde. Elle se tourne vers moi et me sourit. Je soupire en levant les yeux au ciel. Derrière nous, les gens se taisent pendant un tout petit instant puis se remettent à discuter comme si de rien n'était. Je continue de marcher, Lucie à mes côtés. Pendant une minute, personne ne dit rien. Puis Lucie prend la parole.

« – Ça va ?, me questionne Lucie. Tu ne dis rien... La dernière fois dans le bus...

– Stop, je l'arrête. Tais-toi. J'en ai rien à foutre de tes histoires à la con. Fout moi la paix. »

Et je repars sans même lui adresser un regard.

A la fin de la journée, je rentre chez moi à pieds étant donné que ma mère a oublier de venir me récupérer. Sur le chemin, je réfléchis à ce que j'ai dit tout à l'heure à Lucie. Est-ce que j'ai bien fait ? Non, sûrement pas... Mais après tout, qu'est-ce que j'en ai à foutre d'elle ?

Il se met soudainement à pleuvoir. Ne portant qu'un simple sweat-shirt, je sens mes membres frissonner jusqu'à l'os. Je commence à courir. Une fois arrivé devant la porte de ma maison, je l'ouvre précipitamment et entre. J'enlève mes chaussures et me débarrasse de mon sac à dos. Tout à coup, j'éternue.

« – Et merde, murmurai-je. »

~Jules~

Je marche en direction de la maison d'Aaron, absent aujourd'hui. Nous devons faire un cours de soutien. Pourquoi me suis-je proposé pour faire ça ? Je n'aurai pas dû mais ç'a été plus fort que moi. Pourquoi est-ce que je suis autant attiré vers lui ? Pourquoi je le trouve si mignon lorsqu'il s'énerve, si beau lorsqu'il rit ? Oui, il est beau.

« – Non mais qu'est-ce que je raconte moi... »

J'arrive alors devant une grande maison et frappe à la porte. J'attends quelques instants avec qu'une femme vienne m'ouvrir. Elle me sourit et s'exclame :

« – Ah Jules, pour quelle raison t'ai-je à ma porte ?

Je rougis légèrement.

« – Je suis venu apporter les devoirs d'Aaron et puis je dois l'aider...

– Oh très bien ! Entre. »

Je la remercie et franchit le seuil de la porte. Je me déchausse et la mère d'Aaron m'indique la chambre de son garçon. Je m'y dirige et lorsque j'ouvre la porte, Aaron est couché sur son lit, il dort, tranquillement ; des traces rouges sur ses joues m'indiquent qu'il a pleuré.