Seul

~XXXV~

~Jules~

Aaron s'est mit à m'éviter au lycée et je n'ai aucune idée de pourquoi. Aujourd'hui, vendredi, il est absent et ça m'inquiète. Je ne comprends pas. Ça fait presque une semaine depuis qu'il a joué pour moi. Il ne me parle plus, lorsque je tente de discuter il s'enfuit en inventant une excuse bidon. Je suis complètement perdu. Et je me sens seul. Très seul. A cause de la photo, les élèves, bien qu'ils ne se moquent plus de moi, ne m'adresse pas beaucoup la parole et mes amis passent le moins de temps possible avec moi. C'est insupportable. Lucie est venue me voir une fois pour me demander ce qu'il se passait. Elle m'a dit qu'Aaron paraissait déprimé. Je lui ai répondu que je n'en savais rien et elle est repartie. De loin, je les ai observés parler et il se sont disputés. J'ai cru entendre Aaron dire « c'est pas tes affaires », « va te faire foutre » et « j'fais c'que j'veux ». Depuis, ils ne traînent plus vraiment ensemble. Le bac approche dangereusement. Personne n'est vraiment enthousiaste.

Je me dirige vers chez Aaron, les cours viennent de finir. Je monte les marches du perron et sonne. Le jeune homme m'ouvre mais ne me laisse pas entrer.

« – Tu veux quoi ?, demande-t-il sèchement en croisant les bras sur sa poitrine.

– Juste te parler.

– Bah parle. »

Je soupire.

« – Écoute Aaron, je sais pas ce que tu as mais j'aimerai savoir parce que c'est pénible et que j'en peux plus. Pourquoi tu m'ignores ? Ça fait une semaine que tu veux pas m'parler ? Qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête ? »

C'est au tour d'Aaron de soupirer.

« – Rien j'ai rien, laisse moi...

– Non je te laisse pas ! Dis moi ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Tu... Tu m'aimes plus ? »

J'ai le gorge serré et j'ai peur. Peur de ce qu'il va dire. Il lève les yeux au ciel et décroise les bras.

« – Je..., commence-t-il, c'est le dirlo...

– Quoi le dirlo ?

– Il... Il m'a dit que... que je te tirai vers le bas... que c'était de ma faute si les élèves se moquaient de toi... Alors... J'ai pensé que... »

Je ne le laisse pas terminer sa phrase et le gifle.

« – Mais t'es complètement con ou quoi ?, m'écrie-je. Putain mais Aaron ce sera jamais de ta faute. Je t'aime ! Tu entends ça ?! Je t'aime !! »

Je fais volte-face, la vue brouillée par les larmes et marche rapidement. Je commence à traverser la route quand j'entends un cri. J'ai à peine le temps de voir la voiture que je valse à deux mètres du sol avant de m'écraser plus loin.