~XIX~

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J'allume mon téléphone et regarde l'heure. Une heure moins le quart. Je me lève rapidement et indique à Lucie que je reprends les cours à une heure. Elle se mets debout à son tour et attrape son sac. Nous traversons la forêt ensemble en parlant de nos différents profs qui sont plus ou moins étranges, passionnés ou sévères. Nous rigolons bien et le trajet me paraît plutôt court. Lucie est assez drôle et nous nous entendons très bien. Lorsque nous arrivons devant l'établissement, le portail est ouvert et nous entrons calmement. Je marche un peu, Lucie à mes côtés, et je remarque Jules entouré de son groupe d'amis. J'hésite à aller lui parler mais me résigne ; ce n'est pas franchement le moment. Mon amie va retrouver les siennes et je me retrouve seul au milieu de la cour. Je vais dans un coin à l'abri des regard et avale un comprimé d'Oxy. Mon mal de tête passera peut-être avec.

Lorsque la sonnerie retenti je me rends compte que je ne sais absolument pas en quel cours je dois aller. Je cherche mes camarades. J'en arrête un et lui demande :

« – Mec on a quoi comme cours là ? »

Il réfléchit un instant.

« – Euh... Un cours de ce matin qui a été déplacé...

– Et c'est quoi ?, je m'impatiente.

– Sciences et vie de la terre. »

Il se dégage de mon emprise alors que je reste bloqué sur place. Si je me souviens bien, l'idiote de prof nous a placé côte à côte Jules et moi. Je serre les dents et suis les élèves dans les couloirs. J'entre dans la classe et remarque que Jules n'est pas encore arrivé. Je vais m'asseoir et commence à sortir mes affaires. L'instit arrive et le silence se fait progressivement. Elle commence son cours. Mais mon voisin n'est toujours pas là.

« – Oh et puis qu'est-c'qui j'en ai à foutre de lui... murmuré-je. »

Bien qu'un peu ennuyeux, le cours se passe sans encombres. Tout comme le reste de l'après-midi. Lorsque sonne la fin de la leçon, je suis soulagé et suis le premier à sortir de la salle. Près de l'entrée du lycée, je repère Jules qui marche lentement. Je cours et le rattrape. Je lui attrape la manche et le retourne vers moi.

« – T'as séché c't'aprèm ?

– Et ? »

Je le lâche et il se remet à marcher.

« – Attend Jules steuplé ! »

Je le tourne une nouvelle fois vers moi mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit il lâche :

« – J'suis désolé, j'peux pas. »

Et il me plante une nouvelle fois. Je sens la colère monter en moi et frappe de mon poing un pilier du préau devant le bâtiment. Certains lycéens me regardent bizarrement mais je m'en contrefiche. Je recule ensuite jusqu'à m'adosser au mur. Je soupire et me laisse glisser jusqu'au sol. Mon sac tombe à côté de moi. Je suis seul. Effroyablement seul. Je me mets à pleurer.

Je déteste être seul comme ça.

« – Gary... putain pourquoi t'es pas là ?, chuchoté-je. »

SeulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant