Seul

~XXI~

Je sors de l'établissement après une journée de cours comme toutes les autres et me dirige directement vers le parc. Je commence à marcher rapidement mais quelqu'un m'arrête en m'attrapant le bras. Je fais volte-face et me retrouve nez à nez encore une fois avec Lucie.

« – Dis donc t'es amoureuse de moi pour me suivre partout ?

– Ahah, réplique-t-elle, c'est pas près d'arriver. »

Elle m'entraîne un peu plus loin et nous nous retrouvons sous le préau devant le bahut. L'adolescente me regarde dans les yeux avec un air un peu étrange.

« – Euh... Lucie ? »

L'intéressée se recule un peu et croise les bras sur sa poitrine.

« – T'as réfléchi à ce que j't'ai dis hier ?

– Hein ? »

Mon amie prend un air blasé et lève les yeux au ciel.

« – Ta drogue... »

Je comprends beaucoup mieux.

« – Oui, je... j'ai tout j'té...

– Et t'as mal quelque part ?

– Je pense pas qu'c'était une vraie dépendance. J'en prenais pas assez pour que je puisse pas m'en détacher... Enfin j'crois. »

Lucie semble dubitative. Elle paraît me sonder avec ses yeux ce qui me rend un peu mal à l'aise.

« – T'as une autre drogue !, dit-elle soudainement. »

J'éclate de rire. Oui j'en ai une et c'est le piano. Mais personne ne doit être au courant.

« – Non j'te rassure il y a rien...

– Mouais bon si tu l'dis. Sinon qu'es-c't'allais foutre, ta maison elle est pas d'l'autre côté ? »

Les bras m'en tombent.

« – Mais t'es d'la police dis moi... »

Lucie prend une pose sérieuse et répond :

« – Oui jeune homme, vous avez affaire au lieutenant Lucie. »

Je ris un peu.

« – Non j'ai un rendez-vous avec Jules. (Lucie reprend son sérieux) Je dois y aller. Bye ! »

Et avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, je prends la direction du parc.

Lorsque j'entre dans le petit bois, mon cœur tambourine dans ma poitrine. J'arrive presque en courant à la cabane mais ne vois personne. Lorsque j'entre, Jules est recroquevillé dans un coin. Il lève les yeux vers moi et me fait un maigre sourire. Je m'assois en face de lui.

« – Alors ? Tu voulais m'dire quoi ?, demandé-je en prenant un air confiant. »

Jules se racle la gorge et déclare d'un ton impassible :

« – Oublie tout. Tout ce qui s'est passé entre nous depuis le début. »

Il se lève et sort de la cabane me laissant encore une fois seul.

Très seul.