Seul

{Flashback}

Le téléphone sonne et me réveille. Je me lève en grommelant et me dirige vers le salon où j'attrape le combiné.

« – Allô ? Êtes-vous Aaron ?

– Euh... oui c'est bien moi... Vous êtes qui ? »

Un court silence suit mes paroles.

« – Je suis médecin. Pourriez-vous vous déplacer à l'hôpital près de la gare ?

– A... à l'hôpital ? Pou... pourquoi ? »

Ma voix tremble beaucoup trop. Je sens des frissons parcourir mon dos. Pourquoi est-ce que j'ai peur ?

« – Votre frère et votre mère ont eu un accident. »

Je lâche le téléphone qui s'écrase sur le carrelage avec fracas. Je cours ensuite dans ma chambre et attrape un sweat-shirt. Je vais dans l'entrée et enfile rapidement mes chaussures. Je sors en prenant soin de verrouiller la porte mais mes mains tremblent. Je descends quatre à quatre les marches du perron et me mets à courir. Je bouscule les passants sur le trottoirs qui se retournent et jurent. Je m'excuse hâtivement et continue ma course. Je ne sais pas où est exactement l'hosto. Lorsque j'arrive à la gare, j'arrête une femme et lui demande si elle sait où se trouve ce fichu hôpital.

« – Oui, c'est un peu plus loin sur la droite mais...

– Merci, crie-je en me mettant de nouveau à courir. »

Je fonce là où la jeune femme m'a indiqué et effectivement, je trouve l'établissement. Je m'arrête et souffle un peu avant de rentrer précipitamment à l'intérieur.

Je suis tout d'abord un peu déstabilisé par tout le monde qu'il y a. Puis un homme se dirige vers moi et m'explique qu'il est médecin. Il me demande si j'ai besoin d'aide en fronçant légèrement les sourcils.

« – J'm'appelle Aaron. Un méd'cin m'a appelé et m'a dit de venir.

– C'est moi, dit-il alors. Suivez-moi. »

Je hoche la tête. Il part vers l'un des couloirs et je le suis sans broncher. Des tas d'infirmiers et d'infirmières vont et viennent dans tous les sens en portant des oreillers, des fioles ou en poussant des chariots. Une vieille dame marche sur le côté en poussant un bidule que je ne connais pas qui ressemble à un porte-manteau auquel est suspendu une poche de liquide transparent. Des patients qui ont du mal à marcher sont aidés.

Soudain, le médecin s'arrête devant une porte et m'invite à entrer. Ma mère est allongée, elle semble dormir.

« – Elle s'est évanouie mais n'a rien de grave. »

Je m'approche du lit et prend la main de ma mère.

« – Il s'est passé quoi ?, demandé-je en me tournant vers l'homme.

– Je ne sais pas, votre maman le saura sûrement quand elle se réveillera et pourra nous le dire.

– Et si elle s'en souviens plus ? Et où est mon frère ? Et si elle m'a oublié ? Et... »

Je sens bien que je panique. Où est Colin ? On ne m'en a pas parlé. Il est dans une autre chambre ? Oui c'est sûrement ça. Ils l'ont mis dans une autre chambre. Mais alors pourquoi le médecin ne n'emmène-t-il pas le voir ?

« – Je veux voir mon frère, lâché-je en coupant le praticien dans son explication. »

Il me regarde puis fixe le sol et déclare d'un voix grave :

« – Votre frère n'a pas survécu. »