Les quatre éléments

Chapitre 1 Partie 1

Je suis assise par terre, lisant dans la forêt qui se trouve à côté du lycée. Il se trouve que j'ai préféré me plonger dans ce livre passionnant, plutôt que de rester en compagnie de gens que je ne fréquente jamais, en faisant de faux sourire. Non pas que je sois insociable. Mais malheureusement pour moi mes amis sont inscrits à des cours de soutien en maths en raison de leurs niveau qui, on va bien se l'avouer, est déplorable, alors je me retrouve obligée d'attendre la fin de leur cours.

Savourant ma lecture sur mon banc, je me perds dans mon imaginaire. J'ai toujours aimé la forêt à côté du lycée, elle est calme. Peu de gens de mon âge vont s'installer là bas en raison du nombre inexistant d'installations et d'aménagements. Aucun banc ni route et encore moins d'air de jeux. Juste la nature et la paix. Les seuls bruits que l'on peut entendre sont les chants des oiseaux et les bourdonnements lointains des voitures. Personne ne vient jamais me déranger quand je suis là bas, sauf mes amis. Je viens souvent (si ce n'est pas tout le temps) m'évader ici pour lire. Je peux me retrouver plongée dans ma lecture, sans aucune notion du temps et des évènements autour de moi. J'ai d'ailleurs souvent failli être en retard en cours à cause de ça. Je ne vous dis pas les excuses que j'ai dû trouver auprès des profs après...

Aujourd'hui ne fait pas exception à la règle, je suis également perdue dans ma lecture, totalement aveugle aux sons et décor qui m'entoure. Alors je ne me rends compte de la silhouette qui se trouve à côté de moi et lit par dessus mon épaule que lorsque celle-ci m'effleure accidentellement. Surprise et apeurée par cette apparition soudaine que je sais ne pas être celle de mes amis, je fais quelque chose de vraiment mais alors vraiment étrange. C'est comme si c'était un réflexe de survie que je suis incapable d'empêcher. En un instant, je plaque la personne au sol sur le ventre, moi assise sur son dos lui tenant ses poignets et maintenant avec ses jambes les miennes.

Mais qu'est ce que je viens de faire !? Depuis quand je sais faire ce genre de prises digne d'un film d'action ?! Et surtout pourquoi est ce que j'ai la désagréable impression d'être menacée comme si on voulait ma mort ? C'est vrai, c'est pas normal de réagir comme ça quand on te surprend. Sans oublier que ces temps-ci j'ai tendance à regarder constamment autour de moi, comme si un fou furieux allait débarquer à tout instant pour me trancher la gorge. Peut être que je suis en train de devenir folle ? Un genre de paranoïa qui me-

Mais je suis stoppée dans ma panique mentale par la personne immobilisée en dessous de moi, qui implore terrifiée tout en gigotant inutilement :

-S-s'il te plaît ! Gaïa je-je t'en supplie la-lâche moi !

Mon sentiment de danger s'atténue immédiatement à la vue du jeune homme apeuré sur lequel je n'avais pas encore posé les yeux. Il s'agit de Ben, un garçon de ma classe et l'archétype de l'intello renfermé. Petit et maigrichon, réservé, d'excellentes notes. Et pour couronner le tout il a tendance à bégayer, surtout en période de stress. Déjà moqué depuis le début d'année, quand ses détracteurs ont appris qu'il avait un faible pour moi, ils ont redoublé leurs moqueries, annonçant la nouvelle à tout le lycée. Je n'en ai bien sûr jamais parlé au pauvre garçon, ne voulant pas le gêner encore plus, et ne pouvant nullement répondre positivement à ses sentiments. Je lui parle néanmoins en cours, étant quelques fois à côtés au vu de nos noms proches dans les listes d'appel.
En ce moment, le malheureux est terrifié et à deux doigts de suffoquer comme le prouve son visage rouge tomate. De toutes les personnes habitants ou travaillant dans cette ville, il a fallu que ça tombe sur ce pauvre Ben qui ne ferait pas de mal à une mouche. Je reprends néanmoins en parti mes esprits, m'enlève de sur son dos puis l'aide à se relever, toujours troublée par mes actes.

-Désolé Ben, j'ai été... Surprise et du coup... J'ai... Disons que c'était un réflexe ! Je tente maladroitement. Tu sais les histoires de jeune fille seules dans une forêt qui finissent six pieds sous terre ou violées me font un peu flipper.