partie 6 : la vente

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Les jours passaient. Hermione et Ginny étaient toujours enfermées. La peur d'être vendues s'en était presque allée. Elles ne vivaient plus; survivaient tout juste. Leurs membres étaient meurtris; elles avaient tellement faim, tellement soif. Elles avaient l'impression que jamais plus elles ne se tiendraient debout, que jamais plus elles ne verraient la lumière.

Les gardiens, ayant soudainement pris conscience que les prisonniers pourraient échanger des informations ou entrer en résistance, avaient fini par empêcher toute forme de communication entre les cages à l'aide d'un sortilège.

La pire torture pour les deux jeunes filles avait alors été l'ennui, qui leur laissait tout le temps de penser.

Elles étaient laissées seules face à leurs souvenirs, leurs douleurs, et ce sentiment de confrontation totale avec elles-mêmes les étouffait.

Elles auraient tout donné pour avoir un livre, une plume, une occupation, n'importe quoi qui leur permette d'échapper à l'enfer de leurs pensées qui leur répétaient jusqu'à les rendre folle : Harry est mort, tout est fini. Ron et les autres ne vivront pas longtemps avant d'être capturés, ou tués.

Chacune entendait sa petite voix intérieure lui répéter : Le monde que tu as connu n'existe plus. Bientôt, tu vas mourir. Et tu ne sais ni comment, ni dans combien de temps. Peut-être que cela arrivera après une journée de trop dans cette cage.

Le sommeil d'Hermione était entrecoupé de sanglots. C'était toujours le même cauchemar qui venait la tourmenter. Elle se voyait devenir folle, aussi folle que Bellatrix Lestrange. Elle portait un M d'or, et elle riait en tuant Harry, puis Ron. Ensuite, le M se teintait de rouge, avant de se transformer en un T.

" T " pour traître...
« Mais je suis une sang de bourbe ! », criait-elle. Alors, les fantômes d'Harry et de Ron se dressaient devant ses yeux.

« Non. Tu es une traîtresse, Hermione Granger. Tu n'as rien fait. Tu ne fais rien. »

Et puis elle se réveillait, en proie aux larmes et à la panique. Alors Ginny lui lançait un regard compatissant, un regard qui voulait dire : « Ne t'en fais pas, Hermione. Tu n'y es pour rien. »

Un jour, alors que Ginny, revivant une fois encore la mort de Fred en songe, gémissait dans son sommeil, et qu'Hermione la regardait impuissante, un rayon de lumière vint troubler la pénombre. La porte du cachot s'ouvrit sur un gardien.

Il leur cria :

« Allez les sangs de bourbe, c'est l'heure ! »

Les cages s'ouvrirent une à une, et de nouvelles chaînes vinrent lier les poignets et les jambes des détenus.

Les prisonniers avançaient en file. Leur démarche était mécanique ; seul le sort qu'on leur avait lancé leur permettait de tenir debout.

Nombreux furent ceux qui ne purent contenir un gémissement lorsque la lumière vint les éblouir.

Une fois arrivés devant deux portes blanches, les gardiens commencèrent à s'activer. Ils séparèrent les femmes des hommes.

Habitués pendant si longtemps à l'obscurité de leurs cages, les yeux d'Hermione et de Ginny n'avaient pas encore retrouvé toutes leurs facultés. Aussi, elles ne commencèrent à distinguer ce qui les entouraient que lorsqu'un jet d'eau glacial vint les projeter violemment contre un mur. Elles se trouvaient dans une grande salle blanche. De nombreuses femmes se trouvaient contre le mur, les bras pliés devant le visage afin de se protéger de la lumière et des jets d'eau. Ce n'est qu'en constatant que les gardiens tentaient de les laver qu'elles prirent conscience qu'elles étaient nues.

Elles n'étaient pas belles à voir pour autant. Toutes étaient maigres et marquées. Elles ne parvenaient même pas à ressentir de la honte face à ces hommes qui les malmenaient. Leurs regards, vides et dénués de sentiments, les en empêchaient. Elles auraient pu aussi bien faire face à des machines.

Tu m'appartiens [En cours d'écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant