Chapitre 25.

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J'ai déposé Isa chez elle et je suis rentré directement chez moi. Ce n'est vraiment pas le moment de se faire repérer par mon père. Mon dos commence à peine à cicatriser !

— Mattys, viens ici ! m'appelle-t-il et même si je n'ai rien à me reprocher, je tends le dos.

— J'arrive.

— Il paraît que tu as une copine, c'est vrai ? demande-t-il de façon abrupte.

— Qui dit cela ? m'informé-je.

— Qu'importe ! Je t'ai posé une question, s'impatiente-t-il.

— Oui, c'est vrai. J'ai une copine, avoué-je.

— C'est chez elle que tu étais l'autre soir ? insiste-t-il.

— Oui.

— Tu ne pouvais pas le dire, espèce d'idiot ? Je la connais ? C'est quoi son nom ?

— Ça n'aurait rien changé... J'étais en retard. Elle est au lycée avec moi, mais pas dans ma classe, éludé-je en espérant que cela suffise.

— C'est un bon coup ?

— Je sais pas... C'est gênant comme question...

— Je ne vois pas en quoi. Tu l'as baisée oui ou non ?

— Non,  pas encore. J'aimerai la voir ce week-end, si tu es d'accord, osé-je.

— Je m'en fous. De toute façon, si tu l'as pas déjà baisée, c'est que tu n'es pas bien doué. Tes frères sont des chauds lapins. Les filles, tu les baises. Au pire, elles te sucent. Toi, tu as l'air d'être un sentimental, conclut-il , et dans sa bouche cela ressemble à une insulte !

— Et c'est gênant ?

— Tu ne te feras jamais respecter, c'est tout, explique-t-il. Une femme a besoin de fermeté, de savoir qui est le chef.
Tu entends Mattys ?

Espèce de connard. Mon mec ne sera jamais traité comme ça. Mais ça je ne te le dirais jamais.

— Oui, papa.

— Alors, file !

Je vais dans ma chambre, je dois m'isoler et surtout m'éloigner de lui. Je n'arrive plus à supporter sa façon de penser, de parler et d'être. Toute cette conversation me prouve une chose, quelqu'un lui parle de moi : Je ne suis avec Isa qu'au bahut.

Est-ce Joe ?

Je ne sais pas, mais je vais me renseigner. Je suis sûr que mon père ne va pas apprécier Isa. Oliv n'est pas très bien vu dans le coin car il est différent. Et aussi parce qu'il s'en fout royalement de ce que les autres pensent.

M :  Mon père est au courant que je suis avec Isa. J'aime pas trop. Tu en penses quoi ?

O :  Te tracasse pas de cela. Il la touche, il l'humilie, je l'éclate.

M : Avec plaisir. Isa t'a parlé de ce week-end ?

O : Brièvement. Je t'écoute.

M : Nathan aimerait la rencontrer. Il propose une soirée tranquille.

O : Isa est grande et si elle est avec toi, je ne suis pas inquiet.

M : Merci de ta confiance.

O : Pas de problème. Je viendrais la récupérer, pour vous laisser tranquille. Et rentre à l'heure.

M : J'en ai parlé à Nathan. Il ne sait pas pourquoi mais il a compris que je devais être à l'heure.

O : Tu vas lui en parler ?

M : Pas encore, je ne le connais pas suffisamment. Mon dos est presque cicatrisé.

O : Qu'est-ce que t'a dit ton père ?

M : Il m' a demandé si c'était vrai que j'avais une nana ? Si je l'avais baisé ? Quand je lui ai dit pas encore, il m'a dit que je n'étais pas doué et qu' il me fallait lui montrer qui était le chef. Un ramassis de saloperies.

O : Tu as une idée de comment il l'a su ?

M : Pas vraiment. Ou quelqu'un nous a vu et s'est empressé de le dire à mon père, ou c'est Joe.
J'ai une préférence pour Joe, je vais mettre cela au clair demain.

O : Tu me tiens au courant. Si c'est lui, je vais peut être intervenir.

M : Je veux surtout savoir pourquoi il aurait fait cela. Après, il faudra peut être lui faire une petite démonstration. J'y vais, le paternel m'appelle. Bye.

O : Bye.

***
(Oliv)

J'ai beau faire tout pour ne pas l'inquiéter, je ne suis pas tranquille. Le père de Mattys et ses deux fils aînés sont des sacrés salopards. Ils se comportent très mal avec les femmes. Tout ce que je déteste. Lourds, vicelards. Mattys a intérêt de faire très attention. Si quelqu'un espionne ses mouvements pour renseigner son père, il va lui falloir être discret. Il doit en toucher un mot à son pote. Rapidement.
Par rapport à Isa, je sais que ni lui ni ses fils ne la toucheront. Il a dû prendre des renseignements, et découvrir qu'elle est ma demi soeur. Il ne tentera rien. Il a compris la leçon.

— Tu as fini, Oliv ? me demande Isa. Le repas sera prêt dans dix minutes.

— J'arrive.

— Tu as l'air inquiet.

— Je viens d'avoir Mattys, il m'a parlé de ce week-end. Tu as envie d' y aller, pas vrai ?

— Nathan a l'air d'être un mec sympa. Et Mattys semble tellement heureux. Tu pourrais venir me récupérer ? C'est compliqué pour Mattys, son père n'est pas une bonne personne...

— Pourquoi tu dis ça, ma puce ? Il t'a dit des trucs ?

— Non. Mais tout le monde le sait. C'est une des raisons qui me faisait éviter Mattys au lycée. Ses frères ont une très sale réputation. Lui se contentait de se  cacher derrière cette image-là pour être tranquille. Sauf qu'il n' y arrivait pas vraiment. C'est quelqu'un de sensible, pas comme eux.

— Tu as raison. Je voudrais juste que tu sois vigilante. Son père a appris pour vous deux. Il lui en a parlé.

— Je suis sûre que c'est Joe. Je l'ai vu discuter avec un des frères de Mattys. Il ne m'aime pas.

— On va s' occuper de ça, d'accord !

— Ce qui m'inquiète, c'est ce qui se passerait s'il découvre le secret de son fils.

— Mattys va devoir être très prudent, il le sait.

— Oliv, je crois que, des fois, dit-elle, hésitante, Mattys se fait battre par son père.

— Pourquoi tu dis ça, Isa ?

— Parfois, il semble tellement malheureux, et régulièrement, Mattys est dispensé de sport. Comme en ce moment.

— Tu lui es très attachée, hein ? Pour voir tout cela...

— Il est si gentil. Il mérite d'être avec quelqu'un qui l'aime.

— Je suis du même avis. En attendant, nous serons là pour l'aider et le secourir.

— Et pour les coups ?

— Isa, s'il ne t'en parle pas, laisse-le faire.

— Ça veut dire que c'est vrai, m'interroge-t-elle. Il t'en a parlé, à toi ?

— Je l'ai compris. Il sait maintenant que je suis là. Il ne t'exclue pas.

— Il ne veut pas de ma pitié. J'attendrais.

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