(Oliv)
De mon bureau, j'entends le bruit régulier de ses poings contre le sac, il a pris le rythme. Matt va mieux. Trois nuits que ses pleurs n'ont pas interrompu mon sommeil.
Il ne sort toujours pas, refuse de se joindre à nous quand des potes viennent.
Mais ce soir, je ne céderai pas. On va y aller graduellement, il a besoin d'une voiture et je lui en ai trouvé une. Elle est chez Marc.— Tu es prêt ? lui demandé-je en pénétrant dans sa chambre.
— Non, je te fais confiance, Oliv. Tu t'y connais, pas moi.
— Pas cette fois, petit. Je ne céderai pas, mais je serai là....Tu sais que tu dois le faire, Matt.
— Ce n'est pas Mattys, cette fois ? me provoque-t-il.
— C'est toi qui vois. Le prénom ne m'importe pas... tu dois avancer. Tu as cinq minutes, après je ne réponds plus de rien.
— Tu me menaces ?
— Magne-toi, répliqué-je.
Il a mis un peu plus de cinq minutes, mais il est dans la voiture. Et, pour la première fois depuis qu'il est arrivé, il est rasé de près et coiffé. Discrètement, je souris.
— Je peux savoir la raison de ce sourire ? demande-t-il.
— Je croyais avoir été discret. Espères-tu faire une rencontre ? ironisé-je.
— Quoi ?
— Tu es rasé, et coiffé. Même si pour toi, cela veut juste dire ébourriffer tes cheveux. A moins que tu ne t'en sois même pas aperçu !
— C'est tout à fait cela. J'ai fait ce geste sans réfléchir...avoue-t-il, surpris.
— Est-ce que tu réalises la portée de ce geste ?
— Peut être...
***
(Marc)Oliv m'a appelé pour que je lui trouve une voiture. Il m'a expliqué qu'elle était pour le mec que je lui ai amené l'autre soir. J'ai eu envie de le revoir, il m'avait intrigué par sa force. Et le regard inquiet d'Oliv était suffisant pour vouloir en savoir plus.
Ce mec est un individu complet. Il a fait beaucoup de conneries, comme moi. Mais depuis qu'il a pris en charge sa demi-soeur, il est devenu un autre homme.
Nous connaissons plein de types avec un passé peu glorieux. Nous les aidons juste à se remettre en selle, à se sentir de nouveau vivant.
La voiture entre dans la cour, Oliv est un des seuls à avoir le boîtier d'ouverture automatique.
— Marc, je te présente Matt, me dit-il.
— Salut. Entrez. On va boire un verre avant d'aller voir cette caisse.
— Je ne me trompe pas, n'est-ce pas ? C'est vous qui m'avez emmené chez Oliv, me demande le jeune mec.
— Oh ! Tu as reconnu ma voix ? En effet, Oliv possède le lieu et les relations pour ce genre de situations.
Je ne donnais pas trop cher de ta peau, vu ton état... à croire que je me suis trompé...— En effet, Oliv m'a beaucoup stimulé. C'est à lui que revient tout le mérite.
— Erreur grave, Matt, si je peux me permettre. Oliv est doué, je l'admets mais il n'a pas pu te sauver sans ton aide.
— Je ne lui ai rien soufflé promis, rigole Oliv à la grimace de Matt.
— On va la voir cette voiture ? suggéré-je pour sortir de cette discussion.
— Du moment qu'elle m'emmène où j'ai envie, réplique Matt.
— Elle fera cela, n' en doute pas. Tu dois avancer, décider de mettre fin à cette histoire, réagit Oliv immédiatement.
— Comment y arrive- t-on ? lui demande Matt, affolé.
— Moi, je l'ai marqué sur ma peau, réagis-je alors qu'il ne s'adresse pas à moi. A chaque fois, que je le vois, je me rappelle ce que j'ai vécu et pourquoi j'ai décidé d'avancer.
— Je peux voir ?
— Avec plaisir, dis-je en enlevant son tee-shirt. J'ai fait tatouer ce revolver et cette tâche de sang à la mort de mon frère. C'est à sa mort, que j'ai compris, que le déclic a eu lieu.
— Et c'est dans ce salon de tatouage que je l'ai rencontré, complète Oliv.
— Pour quel tatouage ? ironise Matt. Ton corps en est couvert.
— Ils ont tous une raison d'y être, petit. Celui de ce jour- là, signifiait la fin de ma vie avant Isa.
— Et c'est lequel ? demande Matt, soudain intéressé. Je peux essayer de le reconnaître ?
— Vas- y, lui dit mon pote.
Et avec sensiblement le même mouvement que moi, il ôte son tee-shirt.
Des signes tribaux, des dessins, des dates. Matt désigne un nuage, avec un soleil éclatant de lumière . Oliv sourit.
— Tu as reconnu Isa, c'est bien.
—Elle sait que c'est elle ?
— Sûrement. Réfléchis à ce que tu veux voir tous les jours, Mattys !
— Matt, corrige-t-il et son visage se referme. Mattys est mort.
— Le crois-tu vraiment ?
— On se calme tous les deux ! Matt ou Mattys, aucune importance, quand tu es décidé, mec, fais-moi signe, lui dis-je. Je t'emmènerai au salon. Voilà ta voiture.
(Matt)
Après avoir discuté tranquillement, nous sommes rentrés. J'étais plutôt satisfait, pas de crise de panique.
Le lendemain, Oliv me proposa de sortir. Il proposait un bar sympa, sans trop de connards en général. De la bonne musique. De quoi passer une soirée sympa. Oliv espérait ne pas finir la nuit tout seul.
— Si tu veux, tu peux essayer le sourire, Matt ! C'est une approche intéressante pour attirer les regards, m'explique Oliv goguenard.
— Tu penses me gonfler toute la soirée, râlé-je. Estime- toi heureux que je sois là !
— Je le suis, petit. J'ai un ticket à droite, me signale-t-il. Et toi aussi.
— Pas intéressé, riposté-je immédiatement après un bref regard. Je n'aime pas les filles.
— La fille est pour moi, idiot. Par contre le blondinet te regarde, toi.
— Où ça ? Ah oui...en effet. Tu crois que...je n'ai jamais fait ça.
— Mattys n'a jamais fait cela. Mais Matt peut essayer, non ?
— Pourquoi pas, dis-je. As-tu...
— J'ai anticipé, poche intérieure. Bonne soirée, dit-il en se levant de table.
Je n'ai jamais fait cela. Ma première et unique expérience, c'est Nathan.
Mais je suis un autre homme, maintenant.
Il est plutôt alléchant, le blondinet. Je vais vers lui, sans hâte, mon regard planté dans le sien.
Mattys était plutôt timide, Matt sera conquérant !— Salut ! Je te paye un verre ? lui proposé-je sans préambule.
— Je croyais que tu ne viendrais jamais...
— C'était fait exprès. Pour être tout à fait clair, j'ai envie d'aller direct à l'essentiel. Tu en penses quoi ?
— Pareil. Hôtel ?
— Hôtel.
La nuit a été intéressante. Très longue et très courte à la fois. Il avait faim de mon corps et j'étais affamé. Quand il a vu mon dos, il a juste fait une grimace et il est passé à autre chose. Au petit matin, quand je suis parti, il dormait.
Le lendemain, je contactais Marc, pour le tatouage. Il était temps de reprendre les rênes.
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Différents et Alors
RomanceDeux adolescents, presque adultes. Deux lycées différents. Deux villes différentes. Leur point commun : ils découvrent tous les deux leur attirance indéniable pour les garçons. Des vies, des familles différentes, des éducations différentes. Et pour...