(Mattys)
Étendu sur mon lit, je savais que le sommeil allait tarder à venir, voire ne pas venir du tout.
J'avais envie d'entendre Nathan à défaut de le voir.M : Je peux t'appeler ?
Mon portable sonna quasiment immédiatement.
— Pourquoi tu fais cela ? Je t'ai dit que tu pouvais appeler tout le temps, râle-t-il.
— Tu pouvais être avec des potes.
— Ce n'est pas le cas. Je suis chez moi, seul. Je ne bosse pas ce soir. Tu as une voix bizarre ? s'inquiète-t-il.
— J'ai envie de te voir, me contenté-je de dire.
— Moi aussi. Tu as vu pour ce week-end ?
— Oui. C'est ok. Mon paternel est d'accord. Et pour Isa aussi. Son frère viendra la récupérer.
— Génial. Il est où le problème ?
— Mon père. Je n'arrive plus à le supporter.
— Mattys. Garde ton objectif en vue. La fin de l'année scolaire est dans moins de six mois. Évite- le.
— Je sais faire cela. L'éviter. C'est lui qui vient me chercher. Il sait pour Isa. Et je n'aime pas ça !
— On va faire très attention, je te le promets.
— Il connaît tellement de monde...qui pourrait lui dire.
— Tu préfères ne plus me voir ? s'informe-t-il.
— Quoi ? Sûrement pas. Il n' y a que toi qui me donne la force d'attendre.
— C'est agréable à entendre. On ne prendra pas de risques, je te le promets.
— Oui. A demain. je t'appelle.
La fin de la semaine se passa sans problème majeur. A part l'absence de Joe. On était vendredi, j'espérais qu'il soit là ce matin.
Isa m'attendait au bord de la route.— Salut, princesse. Je suis en retard ?
— Non. Salut, dit-elle sèchement.
— D'accord. Il se passe quoi ?
— Il me fait chier ! Ça te va comme réponse ! crie-t-elle.
— Tu t'es pris de gueule avec ton frère ?
-— Demi-frère, précise-t-elle comme à chaque fois qu'elle est en colère contre Oliv.
— Raconte.
— Non, grince-t-elle. Tu vas prendre sa défense. Je crois que tu es plus pote avec lui qu'avec moi !
— Sérieux ! Tu as fini tes bêtises ?
Raconte ou je stoppe la bagnole et on va être en retard. Magne- toi, Isa !— Il ne veut plus que je vienne demain, grognasse-t-elle. Il veut m'emmener, m'attendre et rentrer après.
— C'est de ma faute, pas la sienne, expliqué-je. Mon père sait pour nous. Je lui ai dit. Et donc Oliv s'inquiète pour toi, rien de plus normal.
— Ton père ne me fera rien. Pourquoi tu l'as dit à Oliv, Mattys ?
— C'est ton frère. Il est responsable de toi. Et il connaît très bien mon père.
— Je suis en danger ?
— Je ne crois pas, non. Mais mon vieux est un sale type, il est très méfiant.
— Tu me dirais s'il te faisait mal, hein ? me demande-t-elle et ses yeux scrutent mes réactions.
— Oui, mens-je . Et pour demain, accepte ce qu'Oliv te propose. J'aimerai que tu rencontres Nathan. C'est important pour moi.
— D'acc. Roule. Tu as cours à neuf heures?
— Non, à dix heures mais je veux voir Joe. S'il est là.
Je dépose Isa devant le lycée, puis j'attends. Joe arrive en général à cette heure-là. Et justement, il arrive, sa clope au bec.
— Salut Joe. Tu es guéri ?
— Oh Mattys ! Je n'étais pas malade, j'avais juste des trucs à faire.
— Comme aller bavarder avec mon père ? interrogé-je.
Joe a un air affolé. Les joues rouges. Fumier.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Joe... Arrête, tu ne sais pas mentir. Pourquoi ?
— Mattys, ton père est quelqu'un de très persuasif...
— Avec quoi a-t-il fait pression, Joe ?
— Je me suis fait chopper en train de vendre du cannabis.
— Et si le lycée le sait tu es viré ! Raconte, menacé-je. Tout de suite.
— Il m'a proposé de me déposer. Je ne pouvais pas refuser, tu sais bien. Il m'a demandé comment ça allait au lycée. Je lui ai dit " tranquille" . Il m'a regardé d'un air pas aimable. Il fait flipper ton père, Mattys ! Il m'a dit" il a une nana, il paraît ? " je lui ai dit que non .
— Et il t'a parlé de ton petit souci. Et t'a conseillé de t'absenter quelques jours.
— Non, ça c'est moi. Ton père est flippant mais toi, tu l'es encore plus, mec. J'ai pas dit de mal sur Isa, je te jure Mattys. Qu'elle était ta copine. Qu'avec toi, ça ne durait jamais longtemps ! C'est tout, pleurniche-t-il presque.
— D'accord. File-moi une clope, exigé-je. Il t'a demandé de m'espionner, Joe ?
— Ton père demande pas, il ordonne. Je dois lui parler toutes les semaines. Il t'en a causé ?
— Il m'a demandé si c'était vrai que j'avais une nana. J'ai supposé que tu lui avais dit.
— Tu as cru que j'avais cafté sans raison ? C'est cela ?
— J'y ai pensé, oui. Tu n'aimes pas franchement Isa.
— J'ai rien contre elle, à part que tu es... différent.
— Comment ça ?
— Tu es plus pareil, tu es devenu sympa, s'aventure-t-il.
— Oh merde ! Ça te fais chier ?
- Un peu. Plus personne n'a peur de toi. Et du coup, de moi non plus. Et je sais pas faire autrement.
— Tu vas apprendre. Tu verras, c'est facile et demande moins de boulot. C'est usant de se faire respecter tout le temps.
— Peut-être. Isa, elle m'aime pas trop, non ?
— Tu ne te demandes pas pourquoi ? Sérieux ?
— Je fais des efforts. Et puis, faut reconnaître, elle est plutôt sympa. Et pas rancunière. On lui a pourri la vie, quand même !
— Ouais. Des vrais connards. Joe, je l'aime vraiment, avoué-je tout à coup serieux. J'ai pas envie que mon paternel s'en mêle.
— Tu sais que je ne peux rien faire. Mais je peux raconter des histoires. Si tu m'aides !
— Il le saura, tu sais pas mentir. Allons en cours.
En cours de Physique, j'en profite pour envoyer un sms à Oliv.
M : C'était bien Joe. Mon père le tient pour un truc de drogue.
O : Fais chier. Tu dois être très prudent.
M : Et toi, ne pas jouer au con avec Isa !
O : Elle t'a parlé ? On est pareil elle et moi, on s'enerve vite.
M : J'ai vu ça ! Sur le fond, je suis d'accord avec toi. Avec mon père à l'affût, ça me rassure. Je crois qu'elle a compris ce qui se passe avec lui. Mais je ne suis pas capable de lui en parler.
O : Elle n'est pas idiote. Je lui ai dit de te laisser du temps.
M : Merci, mec.
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Différents et Alors
RomansaDeux adolescents, presque adultes. Deux lycées différents. Deux villes différentes. Leur point commun : ils découvrent tous les deux leur attirance indéniable pour les garçons. Des vies, des familles différentes, des éducations différentes. Et pour...