Chapitre 32

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( Tom)

C'est quoi ce bruit ? Où suis- je ?
Ah oui ! Je me souviens. Chez Steve. J'ouvre les yeux.

— Salut. Tu as bien dormi ? me demande Steve déjà debout.

— Bonjour. J'ai très bien dormi. Il est quelle heure ? dis-je en m'étirant.

— Sept heures. Tu dormais tellement bien que j'ai attendu le dernier moment pour te réveiller. Tu veux quoi pour le petit déjeuner ?

— Ce que tu as, réponds-je en me levant.

— Café. Jus de fruits. Brioche, énumère-t-il.

— Café. Je ne mange pas le matin.
Il faut partir à quelle heure ?

— Je dois être en cours pour dix heures. Avant il faut déjeuner, te déposer chez toi. A quelle heure ton premier cours ?

— Neuf. Mais je peux être en retard, voire ne pas y aller.

— Toi, sècher les cours ? Ce n'est pas l'image que j'avais de toi. Tu ne ressembles pas du tout à un mauvais garçon.

— Ça n'a rien à voir, en effet. J'ai juste validé toutes mes options. Donc la motivation s'estompe. Je passe plus de temps à me préparer pour le concours de gardien de la paix que pour le bac. Je dois juste ne pas avoir zéro.

— Tu es une grosse tête, alors !

— Même pas. J'ai une très bonne mémoire. Et jusqu'à maintenant peu de distraction, précisé-je.

— La distraction s'excuse, ricane-t-il en faisant une petite courbette.

— Je n'ai pas dit que cela me déplaisait. C'est juste que mon objectif est clair.

— Liam a raison. Tu ne choisis pas une voie facile. Les flics ne sont pas forcément réputés pour leur tolérance envers les gays.

— Raison de plus pour essayer de changer ces comportements de l'intérieur, non ?

— Bon courage ! Au fait, tu l'as annoncé à tes parents ?

— Non. Mon frère est persuadé que ça se passera bien. Je n'en suis pas aussi sûr. Au fait Andy aimerait te connaître.

— Ah ! Voir le copain de son frère ? Pour en parler avec ses potes après ? me fait-il remarquer.

— Nous avons une relation très fusionnelle, tu sais. Il est inquiet. Il a besoin de se rassurer. Si tu ne le sens pas, ce n'est pas un problème, je ne t'en voudrais pas.

— Tom... C'est important pour toi. Andy est ton frère. Juste que je ne suis pas un animal de zoo, et je lui dirai le cas échéant.

— Ah Ah ! Andy peut être un connard mais je le remettrais moi même à sa place s'il se comportait comme ça !

— On y va ? Il faut que j'achète des clopes. J'en ai plus.

— Merde ! J'espérais que tu avais arrêté !

— Tu voudrais que je le fasse ?

— T'empêcher de fumer ? Sûrement pas. Tu es un adulte. A toi de faire tes choix, mec.

— Je crois que je vais arrêter de toute façon. Ou essayer en tout cas.

— J'y crois pas trop, me moqué-je.

Une demi-heure après, la moto de Steve se gare devant chez les parents.
Je descends. J'ai envie de l'embrasser. Sans me cacher.
Ses yeux me fixent, malicieux. Je lui détache son casque, et comme pour le défier, je l'embrasse.

— Là, sérieusement, tu m'impressionnes ! Devant chez toi ? Tu es sûr ?

— Oui. Je suis sûr de qui je suis et de ce que je ressens.

— Tu as décidé de le dire à tes parents ?

— Pourquoi attendre !

— Tu es un drôle de garçon ! Tom, je ne te promets pas fidélité, tu l'as compris, hein ?

— Oui, Steve. Tu es avec moi jusqu'à ce que tu rencontres un autre mec. Qui te dit que je ne vais pas faire pareil.

— Tu ne cesses de me surprendre !
On se voit quand ?

— Je sais pas. Liam parlait de venir ce week-end. Il t'en a parlé ?

— Non. Il t'intéresse ?

— Pas de cette façon, non ! Mais je l'aime bien.

— Pourquoi pas ? On pourrait passer un bon week-end. Tu assumerais d'être avec moi devant lui ?

— Bien sûr sauf si cela pose un problème. C'est le cas ?

— Non. Je dois y aller maintenant. Je t'appelle.

— J' y compte bien.

J'entre dans la maison. Je dois prendre une douche.
Mon père est assis. Silencieux.

— Salut P'pa ! Tu en es silencieux !

— Bonjour Tom. Tu n'as pas fait rentrer ton ami ?

— Non. Il allait au boulot.

— Tu sais Tom, j'aimerais que tu prennes l'habitude de nous signaler à ta mère ou à moi quand tu ne dors pas à la maison. Andy n'est pas ton père.

— C'est la première fois ! J'avoue que ce n'était pas très malin. Excuse-moi.

— C'est avec ce garçon que tu es sorti le week-end dernier ?

— Oui. Il s'appelle Steve. Papa, je dois me préparer pour le lycée. Est-ce que je pourrais vous en parler avec maman et toi ce soir ?

— D' accord.

Toute la journée j'étais en stress. Je ne reviendrais pas sur ma décision. Je suis sûr de moi. J'espère juste que mes parents ne me rejetteront pas. Je suis plutôt optimiste. Il est 17 heures. Je prends un truc à grignoter, et je vais vers la chambre d'Andy.

— Ça va ? Tu viens d'arriver ?

— Non. Steve m'a déposé ce matin. Merci pour la voiture, au fait !

— Pas de soucis. Papa n'a pas apprécié que tu découches sans les prévenir.

— Je me suis excusé ce matin. Tu es là ce soir ?

— Ouais. Pourquoi ?

— Je vais leur dire. Que je suis homo.

— C'est Steve qui veut ?

— Non. C'est moi. Je ne veux pas me cacher. Je suis en stress. Tu crois que je fais une connerie ?

— Je pense pas. Je trouve que tu es plutôt courageux.

— Sans vouloir n'afficher, je veux pouvoir embrasser Steve.

— Oh ! Ça y est, vous êtes ensemble ?

— Oui. Tu te situes où ? Avec ou contre moi ?

— Tom ! Je te l'ai déjà dit. Je te soutiens. Tu as le droit d'aimer les mecs. Arrête de te prendre la tête !

— Et s'ils me foutaient dehors ?

— Je te suivrais. Es-tu heureux, Tom ?

— Oui. Je me sens moi même. Enfin.

J'ai entendu mes parents rentrer du travail. Discuter. Rire. Andy était en bas. Flore est chez une copine. Je prends une grande respiration et je descends.

— Salut M' man !

— Bonjour Tom. Ça va ?

— Pas trop, non. J'ai un truc à vous dire. A tous.

— Tu me fais peur. Allons dans la salle. Il y a Papa et Andy.

Différents et Alors  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant